LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 24

THE SQUARE


THE SQUARE – Nash Edgerton avec David Roberts, Claire van der Boom, Joel Edgerton, Anthony Hayes, Australie, 2008, 1h45

Ray, directeur de chantier, la quarantaine bien tassée, trompe l’ennui de sa vie conjugale avec une voisine plus jeune que lui, la troublante Carla. Un jour, celle-ci découvre dans le plafond de son appartement un sac rempli de billets, résultat du dernier délit de son mari, petit voyou sans envergure. Leur plan, pourtant simple au départ, pour garder l'argent ne se passe malheureusement pas comme prévu. Le couple illégitime s'enfonce alors dans la spirale infernale du mensonge...

Premier film de l’Australien Nash Edgerton, THE SQUARE développe une situation archétypale de film noir. Nous sommes en présence d’un couple illégitime, comprenant une femme fatale, d’un gros magot et du désir partagé des deux amants de faire main basse sur cette somme d’argent providentielle avant de prendre le large. Rien que de très banal, pense-t-on. Sauf que le film ne déroule pas le programme escompté par le pitch. De cavale et de road-movie, il n’y aura point. Ancien cascadeur, le cinéaste ne verse pas dans la pyrotechnie et les grands effets. Sa mise en scène sobre et précise scrute au contraire les personnages à hauteur d’homme, en plans moyens le plus souvent. La narration ne cesse de se circonscrire. En cercles concentriques, l’étau des compromissions se resserre autour des deux protagonistes principaux, tel un boa constrictor. Le mensonge nourrit la paranoïa, et celle-ci s’avère bien mauvaise conseillère...

«Parfois, je pense que le film ne devrait pas s’appeler THE SQUARE, mais La loi de Murphy», dit David Roberts, qui interprète magnifiquement Ray. Si le titre pressenti par l’acteur est déjà pris par une bourrinade 80’s de Charles Bronson, THE SQUARE offre en effet une illustration convaincante de ce principe empirique selon lequel toute catastrophe susceptible d’arriver se produira. Jusqu’à la fin, que je vous laisse le soin de deviner... D’une main ferme, avec une grande empathie pour ses personnages, Edgerton inscrit les codes du genre dans le cadre d’une Australie suburbaine rarement montrée, et donne une vigueur nouvelle au film noir "de proximité", tel que défriché à la fin du siècle dernier par les frères Coen (FARGO) et Sam Raimi (UN PLAN SIMPLE). Une réussite ! Stelvio

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