LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO
123
SIX
CLASSIQUES AMÉRICAINS
Les CINQ SURVIVANTS aka FIVE - Arch Oboler avec William Phipps, Susan Douglas Rubes, James Anderson, Charles Lampkin, Earl Lee, 1951, États Unis, 87m Une femme enceinte, seule, déambule dans un décor dévasté, après que les bombes atomiques aient détruit l'humanité. Dans une montagne, elle découvre un survivant, puis deux hommes en voiture les rejoignent, suivis d'un dernier homme. Ces gens de milieux et de pensée différentes vont avoir beaucoup de difficulté à cohabiter. La femme traumatisée espère retrouver son mari, le jeune professeur essaie maladroitement de la séduire, un homme de couleur est détesté par le néo-nazi débarqué à la dernière minute et un banquier malade, on est loin de la cellule familiale ou coopérative d'entraide. Les derniers survivants vont-ils s'entretuer pour terminer la folle histoire de l'auto-destruction anticipée de l'humanité ? Un petit budget noir et blanc tourné dans la maison du producteur, réalisateur et scénariste, des visages inconnus, tout concours à mettre en place un drame post-apocalyptique, annonciateur d'une vague de films dans ce genre rapidement codifié. Le personnage de Susan Douglas Rubens n'est d'ailleurs pas sans rappeler la future Barbara dans La Nuit des Morts Vivants, presque catatonique, incapable de s'adapter à son sort certes traumatisant. James Anderson est parfait en salaud qui refuse de collaborer aux efforts d'agriculture du groupe, se contentant de piller, tuer et de convoiter la femme. Le scénario avance de drame en drame, le nihilisme parcourant le récit de manière implacable. Le film fut défendu à l'époque par nul autre que François Truffaut dans les Cahiers du cinéma, pour son côté nouvelle vague, tourné loin des studios d'Hollywood. Arch Oboler, plus prolifique écrivain que réalisateur, a entre autres réalisé en 1953 Twonky, un comédie de science fiction sur un homme qui se rend compte que son téléviseur est possédé par une entité du futur, qui m'intrigue pas mal. Une pièce intéressante pour tout amateur de post apocalyptique. Offert en version originale anglais avec sous-titres français en option sur le dvd de la compagnie Artus Films.
Le CARNAVAL DES AMES aka Carnival of Souls - Herk Harvey avec Candace Hilligoss, Frances Feist, Sidney Berger, 1962, États Unis, 78m Mary Henry est dans une voiture qui participe, sans qu'on lui demander son avis, à une course qui va mal finir quand ils vont plonger dans une rivière. Elle seule sort de l'eau, beaucoup plus tard, à la surprise de tous. Dès le lendemain elle doit partir pour commencer son nouvel emploi d'organiste dans une église. En route, elle croit voir un homme mystérieux et est étrangement fascinée par une bâtisse abandonnée, un ancien carnaval. Elle y retournera à plusieurs reprises, tout en étant harcelé par cet homme qu'elle seule semble voir. Elle aura aussi des épisodes ou tout le monde autour d'elle ne semble plus la voir ni l'entendre. Si vous ne voulez pas en savoir plus, ou si vous n'avez pas deviné ce qui se passe, épargnez vous la suite de ce texte. J'avais vu ce petit classique, réputé avoir influencé George Romero ou David Lynch, il y a des années en vhs. Le synopsis est classique, le personnage principal est mort mais ne s'en pas compte aussi vite que le spectateur. Pourtant les indices sont nombreux et encore plus visibles à la deuxième écoute. Malgré tout, la réalisation laisse planer le doute, étrangement, Mary semble se promener du monde des vivants au monde des morts. Les personnages secondaires discutent de son cas, un médecin de généraliste tente de l'aider, un prêtre lui annonce qu'il ne suffit pas d'avoir une bonne technique pour jouer de l'orgue à vent, il faut aussi une âme. Mary, superbement jouée par Canda Hilligoss, est une personnalité étrange, coupée du monde, bipolaire dans sa relation avec son voisin de palier, mélangeant le chaud et le froid. Elle n'attire aucunement la sympathie. Les séquences finales dans le carnaval virent au surréalisme, vision d'un monde surnaturel ou délire de purgatoire, la grille d'analyse catholique n'offre pas une solution simple. À noter que c'est le réalisateur en personne qui a le rôle de la ghoule qui poursuit inlassablement Mary. Présenté en programme double avec The Devil's Messenger à sa sortie, il ne connu pas vraiment le succès, mais se bâtit une bonne réputation et devint culte au fil des années. Un film éponyme est tourné en 1998 mais il s'éloigne énormément de la version originale. La version offerte par Artus Films est en version originale avec option de sous-titres français et offre une belle copie, nettement plus belle que les sorties vhs de l'époque.
Le FILS DU PENDU aka MOONRISE - Frank Borzage avec Dane Clark, Gail Russell, Ethel Barrymore, Rex Ingram, Lloyd Bridges, 1948, États Unis, 86m Dans un petit village américain, près des marais, le jeune Danny est le souffre douleur de ses camarades de classe car ils savent que son père est mort pendu après avoir tué un homme. On avance dans le temps et Danny, adulte est toujours harcelé et un certain Jerry n'hésite pas à se battre et à lui lancer une pierre, qu'il ramasse et lui retire, causant sa mort. Il dispose du corps et en profite pour essayer de séduire la belle Gilly, fiancée avec Jerry. Il y arrive un peu rapidement, à notre grande surprise, mais le sheriff et un détective arrivé sur place, cherchent le meurtrier et l'étau se resserre. Soyons honnête, c'est un peu de reculons que j'ai débuté ce drame, cette fable morale qui s'annonçait un mélodrame prévisible et nihiliste. Je n'aurai pas vu venir le voyage psychologique du personnage principal, ni l'amour sorti de nulle part. La galerie de personnages secondaires est très sympathique. De Billy, simple déprit qui est probablement ami de Danny depuis son jeune âge, en passant par Mose, un homme reclus qui s'occupe de ses chiens et qui a une bonne tète, en passant par le sheriff qui n'est pas stéréotypé comme on pourrait s'y attendre. Gail Russell est magnifique en professeur d'école qui se laisse séduire. On devine que Jerry (Lloyd Bridges) ne devait pas être un prospect idéal. Le réalisateur Franz Borzage avait déjà une longue feuille de route derrière lui et il est efficace. On notera une séquence dans une grande roue pendant un carnaval ou la caméra suit habilement les amants nerveux. Une belle découverte. En supplément sur le dvd d'Artus, les bandes-annonces de la collection Les Classiques. Offert en version originale anglaise avec, sous titres français en option.
AU-DELÀ DE DEMAIN aka BEYOND TOMORROW - A. Sutherland avec Harry Carey, C. Aubrey Smith, Charles Winninger, Alex Melesh, 1940, États Unis, 75m Un soir de réveillon, trois hommes d'affaires fortunés mais sans famille décident de lancer une invitation particulière, jetant par la fenêtre trois portefeuilles avec un billet de banque et leur carte d'affaires. Deux jeunes gens, James et Jean, sonnent à la porte pour redonner l'argent aux messieurs qui les invitent sur le champ pour réveillonner. Les jeunes tombent amoureux et continuent de fréquenter les trois mécènes. Appelés sur un chantier, leur avion s'écrase, créant la consternation. Le trio se réveille, transparents, et doivent admettre qu'ils sont maintenant de simple fantômes. Ils auront le temps et le devoir de réunir à nouveau le jeune couple, qui s'est séparé depuis leur départ. La deuxième guerre mondiale est débutée et le monde est sur le point de basculer. Heureusement il y a des gens qui ont encore le sens de la fête. Cette bonhommie contagieuse est virale et il est réconfortant de voir cette histoire sombrer dans le drame pour continuer sur des rebonds inattendus. Je retiens surtout une conception de l'au-delà ou les morts semblent jouir de leur vie de fantôme juste le temps qu'il faut pour que parent et amis de l'autre côté les appellent à les rejoindre. Le bon Dieu, comme on l'appelle à l'époque aura faire des exceptions à ses règles strictes selon le bon vouloir d'une mère qui veut voir son fils et le bon vouloir des scénariste, évidemment. Le jeu des acteurs est enjoué et dramatique, la descente rapide aux enfers terrestres de James étonne, mais ola met sur le dos d'une jolie blonde et de sa naïveté de campagnard. Alors, oui, il y a une dose de clichés bon enfant symptomatique d'une époque lointaine. N'empêche qu'il fait bon de voir les domestiques bien traités, spécialement l'actrice Maria Ouspenskaya, qui jouer l'inoubliable Maleva, un an plus tard, dans le classique Wolfman. Un plaisir non coupable. Le dvd D'Artus Films offre la version anglaise et les sous-titres français.
L'ÉTRANGE MR SLADE aka MAN IN THE ATTIC - Hugo Fredonnes avec Jack Palanque, Constance Smith, Byron Palmer, Frances Bavière, 1953, États Unis, 78m Londres 1888. Celui que l'on surnomme déjà Jack L'Étrangleur a deux victimes à son compote. Mr Slade, pathologiste, arrive très tard dans la demeure des Harley pour louer une chambre et un espace de grenier pour travailler en solitaire sur des expériences. Mme Harley le soupçonne rapidement d'être le tueur recherché, pendant que sa nièce Lilly est attirée par l'homme. Les victimes de Jack s'accumulent pendant que Lilly continue à apprivoiser Slade et commence à le craindre, au moment ou un de ses prétendants, inspecteur de Scotland Yard, veut le coincer coûte que coûte. Déjà adapté à plusieurs reprises, entre autres par Alfred Hitchcok sous le titre du roman original du roman original de Marie Belloc Lowndes: The Lodger. Cette version reprend les décors, des séquence et la musique de la version de 1944. Le spectateur, comme la mère Harley, se doute dès le début de l'identité de Slade, là n'est pas l'enjeu. Outre la fascination pour le jeu de Jack Palance, c'est bien de savoir quand Mr Harley va ouvrir les yeux et surtout quand la séduisante Miss Lilly va se réveiller. C'est que le personnage, artiste affriolante de cabaret, que l'on peut considérer comme femme volage, ou très indépendante et forte pour son époque, est hautement intriguée par un homme complexe, visiblement tiraillé par son passé. On essuiera pas une larme sur la crapule, mais on tente de le peinturer comme un grand malade mental, torturé psychologiquement pas sa mère, dont il voit un reflet rédempteur chez Lilly. La vedette incontestée du film, dans un casting d'ensemble superbe, est évidemment Jack Palance, parfait, qui sera piégé par son physique et cantonné dans des rôles de vilains. Il est triste de lire une courte biographie de Constance Smith pour mesurer le destin tragique de cette écossaise qui avait tout pour connaître une brillante carrière. Toujours est-il qu'elle est elle aussi parfaite dans son rôle. Un film à découvrir. Le dvd d'Artus films offre la version originale anglaise et des sous-titres français.
SCANDALE À PARIS aka A SCANDAL IN PARIS - Douglas Sirk avec George Sanders, Signe Hasso, Carole Landis, Akim Tamiroff, 1946, États Unis, 95m D'après les mémoires du célèbre Vidocq. De sa naissance en prison à sa longue carrière de gentleman cambrioleur, jusqu'à emprunter le nom de François Vidocq, aperçu sur une pierre tombale. Avec son comparse Vernet, il se fais inviter dans la maison de la Marquise De Pierremont. Il est désemparé d'apprendre que le beau fils de Madame est commissaire de police, mais enchanté de rencontre sa petite fille, la charmante Thérèse. Vidocq réussit à se faire engager comme chef de police, ce qui lui permettra de faire travailler toute la famille de Vernet à la banque de Paris dans le but de la cambrioler. Mais voilà qu'une ancienne conquête réapparait, devine qui il est et le fait chanter. Que voilà une version toute joyeuse, pleines de péripéties, de quiproquos, de charme, de jolies femmes, de naïveté exploitée mais aussi de drames mortels. George Sanders est parfait dans ce rôle qui lui va comme un gant. Son cabotinage et ses réparties savoureuses le rendent sympathique dès l'introduction. Tout le casting est idéal, on notera les femmes, de Carole Landis en jeune femme amoureuse d'une peinture vivante, toute en retenue, ou de Jo Ann Marlowe qui interprète sa jeune soeur Mimi, qui semble tout connaitre et dont les répliques sont parfaites. La poussée dramatique dans le dernier tiers est aussi prenante et on ne sera pas surprit d'apprendre que le réalisateur sera surtout connu pour ses mélodrames. Il excellait pourtant dans cette comédie frivole. Le dvd d'Artus Films offre la version originale anglaise avec sous=titres français en option. Mario Giguère
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