LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 28
par Jean-François Berreville
Même s'il a toujours existé plusieurs écoles d'effets spéciaux, avec notamment le clivage entre les effets spéciaux mécaniques réalisés en temps réel, comme les Dinosaures de Stan WINSTON pour la série JURASSIC PARK, et l'animation image après image de figurines intégrées ensuite à l'écran, technique développée par Willis O'BRIEN ( la première version du MONDE PERDU ainsi que de KING KONG ) et dont Ray HARRYHAUSEN ( JASON ET LES ARGONAUTES ) devint le maître incontesté, la substitution de l'imagerie créée par ordinateur à ces genres de trucages, qui avaient au moins en commun d'utiliser des modèles concrets, n'en finit pas de provoquer des ravages parmi tous ceux qui avaient porté leur discipline au plus haut niveau. A la fin des années 1990, après avoir notamment apporté sa collaboration au film LA MUTANTE, Richard EDLUND avait dû déposer le bilan de sa société Boss film. Cet ancien collaborateur de George LUCAS avait fondé sa propre compagnie, une des plus importantes de l'époque, laquelle proposait une gamme très complète d'effets spéciaux; il avait notamment contribué au film POLTERGEIST 2, après avoir uvré, alors au sein de Lucasfilm, sur le premier volet produit par SPIELBERG, de même qu' aux AVENTURES DE JACK BURTON. Convaincu que les images de synthèse s'imposeraient de plus en plus, il avait investi dans des ordinateurs toujours plus puissants pour affronter la concurrence, jusqu'à faire faillite devant cette folle surenchère. Richard EDLUND ne fut que le premier d'une longue série de grands noms des effets spécia ux victimes de la dématérialisation des trucages au profit de la création par ordinateur, celle-ci étant pourtant bien moins convaincante.
Richard EDLUND aux temps glorieux. EDLUND supervisa les effets spéciaux de POLTERGEIST au temps où il faisait partie de l'I.L.M. de Georges LUCAS ( scène avec la Bête, sculptée par Craig REARDON ). Plutôt que de demeurer dans la gamme très complète d'effets spéciaux dans laquelle son équipe excellait, y compris dans la fabrication de monstres comme l'extravagante "Tête aux yeux" des AVENTURES DE JACK BURTON de John CARPENTER, Richard EDLUND a lancé sa société Boss Film dans la compétition bien onéreuse de l'imagerie par ordinateur, précipitant sa faillite. Accompli dans le maniement du sabre, Richard EDLUND avait menacé d'un bien mauvais quart d'heure celui qui avait dérobé cette extraordinaire création sur le plateau, s'il venait à l'identifier - il aurait peut-être dû menacer également les promoteurs des "images de synthèse" au cinéma, qui ont ruiné les carrières des plus grands noms des concepteurs de créatures fantastiques d'Hollywood. Certains, bien qu'extrêmement réticents au départ, ont fini par accepter les nouvelles normes, voire par se convaincre d'y adhérer, comme le maquilleur Greg CANNOM ( DRACULA de COPPOLA, LES MAITRES DU MONDE ), ou même Stan WINSTON vers la fin de sa carrière, au point, comme l'animateur Phil TIPPETT ( LE DRAGON DU LAC DE FEU, L'EMPIRE CONTRE-ATTAQUE ) de se résoudre à ce que leurs créations ne soient que de simples modèles destinés à être scannés, et à fonder leur propre société d'imagerie virtuelle pour avoir l'impression que cette numérisation est encore un peu le prolongement de leur travail - Phil TIPPETT étant pourtant si réticent aux images de synthèse et redoutait tant de ne plus avoir d'engagement que, profondément désabusé au début des années 1990, il envisageait de partir dans les pays de l'est pour y travailler sur des films d'animation traditionnels, comme ceux renommés de la République tchèque. Le fils aîné de Jim HENSON, créateur des Muppets qui avait fondé sa compagnie d 'effets spéciaux, a quant à lui, après la disparition de son père, orienté résolument le Henson creature shop vers l'imagerie numérique; certes, Jim HENSON aussi bien que la quasi-totalité des créateurs d'effets spéciaux ont toujours su intégrer les innovations techniques pour parfaire l'étendue de leur palette de talents, mais les images créées par ordinateur n'ont plus grand chose à voir avec la marionnetterie, aussi sophistiquée soit-elle, à laquelle le génial créateur était attaché en raison du lien existant entre la créature et l'animateur, à laquelle ce dernier conférait sa personnalité et donnait des mouvements organiques. Patrick TATOPOULOS, sans doute celui des créateurs de monstres qui s'était imposé le plus récemment, vient de faire savoir que, comme ses illustres devanciers, il mettait un terme à sa contribution aux effets spéciaux physiques. Né à Paris d'une mère française et d'un père grec, le jeune homme avait commencé à travailler dans la publicité avant d'être embauché à Hollywood sur simple présentation de son impressionnant pressing book. Il s'est fait connaître des amateurs de cinéma par son travail sur les films SUPERMARIO et STARGATE, pour lequel il avait créé des costumes extraterrestres d'inspiration égyptienne, dans un style rappelant les bandes dessinées d'Edgar Pierre JACOBS, ainsi que les vaisseaux spatiaux, la structure antique en forme d'anneau assurant le passage entre les dimensions ou encore le costume permettant à des chevaux de passer pour des animaux trapus d'une espèce inconnue. On lui devait aussi les fameux extraterrestres d'INDEPENDANCE DAY; faute de pouvoir choisir entre deux versions, il avait été décidé d'intégrer les deux concepts, le petit humanoïde à grosse tête réminiscent de RENCONTRES DU TROISIEME TYPE et d'ABYSS étant logé dans le corps d'une plus grosse créature, d'allure bio-mécanique comme le monstre d'ALIEN, dont le précédent se servait comme d'une armature - il n'était toutefois pas précisé par quel procédé l'occupant faisait mouvoir les tentacules de son "exosquelette". La première confrontation physique avec les humains, dans le sous-sol de la célèbre base de Roswell en compagnie d'un savant interprété par Brent SPINER ( l'androïde Data de la nouvelle mouture de STAR TREK ), est en tout point saisissante, l'animation paraissant très réaliste. TATOPOULOS avait encore conçu une tête mécanique géante pour le remake de GODZILLA, ainsi que la progéniture du monstre, oeuvrant une nouvelle fois sous la direction du cinéaste d'origine allemande, Roland EMMERICH, auteur de STARGATE et INDEPENDANCE DAY. Malheureusement, les trucages mécaniques se trouvent généralement éclipsés dans le montage final des films, supplantés par des créations informatiques, et ce fut notamment le cas pour ses extraterrestres grandeur nature conçus pour PITCHBLACK. Si Patrick TATOPOULOS met fin à sa carrière de maquilleur et de créateur d'effets spéciaux, ce n'est pas uniquement pour se consacrer à la réalisation de films, comme avait tenté de le faire le Français Benoît LESTANG avant de mettre fin à ses jours ( carrière évoquée dans un article précédent ), car s'il envisage de revenir ultérieurement aux effets spéciaux, il annonce qu'il se tournera dorénavant vers l'imagerie virtuelle, prenant acte à son tour de la préférence écrasante conférée à présent aux facilités de l'imagerie numérique. Cette mutation est sans retour pour le brillant franco-grec, puisque son site affiche dès à présent un écran noir comportant simplement son adresse de messagerie ainsi que la mention "printemps 2009" (triste printemps !), les archives ayant déjà été supprimées; on ne peut imaginer moyen plus explicite de faire comprendre que la page est tournée.
Le créateur d'effets spéciaux Patrick TATOPOULOS et un démon du film LE PEUPLE DES TENEBRES ( THEY ) ainsi qu'un dessin conceptuel. Le grand extraterrestre tentaculé d'INDEPENDANCE DAY, vu en plongée, en fait une enveloppe manuvrée de l'intérieur par une autre créature - photo tirée, comme le dessin précédent, du site officiel du créateur, supprimé récemment : l'une des raisons d'être du site Créatures et imagination est aussi de permettre aux lecteurs d'apprécier des photos rares préservées après leur disparition d'internet.
La créature tentaculée d'INDEPENDANCE DAY se révèle n'être qu'une armature abritant un petit humanoïde. Le bébé Tyrannosaure très réaliste animé par toute une batterie de servo-moteurs dans le film SUPER MARIO ( sans rapport avec un autre "super Mario", notre ami le créateur du Club des monstres )
Le remake de GODZILLA a donné à Patrick TATOPOULOS l'opportunité de créer un autre Reptile, d'un taille bien plus conséquente - encore que le film a l'air de présenter davantage l'animal comme une Salamandre géante ( sa crête dorsale conduirait plutôt à le rapprocher d'un Triton, même si celle-ci n'existe que chez le mâle ), ce qui en ferait alors un Batracien. Cette version n'est qu'au 1/6 ème de la taille prêtée à Godzilla, mais elle n'en demeure pas moins impressionnante. On peut lire des extraits d'interviews de Patrick TATOPOULOS sur ce site : www.allocine.fr/communaute/forum D'autres créateurs de monstres paraissent quant à eux avoir simplement abandonné leur domaine de prédilection, refusant vraisemblablement de compromettre l'intégrité de leur art avec l'imagerie virtuelle, et se résignant à se cantonner à des maquillages plus ordinaires, comme Kevin YAGHER ( THE HIDDEN ), Chris WALAS ( GREMLINS, LA MOUCHE ) et Rob BOTTIN ( HURLEMENTS, THE THING, TOTAL RECALL ). Ce dernier vient également de son côté de supprimer son site, qui se trouvait sur l'hébergeur Myspace. J'avais eu la satisfaction de faire parti de la petite centaine de passionnés habilités à s'y connecter; celui-ci comportait quelques photographies le montrant avec ses créations les plus connues - ainsi que des commentaires d'admirateurs - dont le mien qui avait été validé, honneur vite écourté.. Rob BOTTIN avait eu l'opportunité de rencontrer très jeune, grâce à une camarade de collège, le maquilleur Rick BAKER ( LE LOUP-GAROU DE LONDRES, GORILLES DANS LA BRUME, MEN IN BLACK ) - lui-même élève du célèbre Dick SMITH, la référence d'Hollywood en matière de maquillage - qu'il avait impressionné par une esquisse du comédien grimé Lon CHANEY, et celui-ci l'avait alors pris comme assistant. Il avait ainsi pris part à la création des costumes d'extraterrestres du bar de LA GUERRE DES ETOILES ainsi qu'à celui du Gorille géant du remake de KING KONG, incarné par BAKER lui-même. Il avait ensuite travaillé sur quelques petites productions de Roger CORMAN, comme PIRANHAS de Joe DANTE et LES MONSTRES DE LA MER avec ses mutants agressant les estivantes. Admirateur d'HALLOWEEN de John CARPENTER, il parvint à l'approcher grâce à son directeur de la photo Dean CUNDEY ( qui avait travaillé avec Greg CANNOM sur TERREUR EXTRATERRESTRE, avant d'oeuvrer sur la trilogie RETOUR VERS LE FUTUR ) et, demandant si son nouveau film, THE FOG, comportait un personnage aussi effrayant que le célèbre tueur masqué, se vit alors confier le rôle du chef des spectres, ainsi que la responsabilité des maquillages. Après l'accident dont a été victime le spécialiste d'effets spéciaux engagé originellement, John CARPENTER rappella Rob BOTTIN, qui, entre-temps, avait obtenu la consécration avec ses loups-garous d'HURLEMENTS, pour THE THING, pour lequel il conçut les incroyables transformations de la forme de vie extraterrestre ayant investi une station de recherche en Antarctique; il met tant d'ardeur à concevoir et superviser ses créations qu'il doit être hospitalisé suite au délabrement de sa santé pour cause de surmenage. Il n'avait effectivement pas ménagé sa peine puisqu'il avait aussi eu la déconvenue d'avaler des ufs pourris alors qu'il animait le monstre final de l'intérieur et qu'un tuyau s'était déplacé malencontreusement. Curieusement, Rob BOTTIN n'était pas totalement confiant dans le rendu des effets spéciaux élaborés pour le film, et souhaitait qu'ils demeurassent dans une relative obscurité. Compte tenu de la quasi complète absence de photos de tournage, on ne dira jamais assez à quel point les cinéphiles et les amateurs de créatures étranges sont redevables au directeur de la photographie Dean CUNDEY qui, contre la volonté de son ami, imposa des éclairages conséquents pour dévoiler et restituer avec précision le rendu de ses extraordinaires créations, sans quoi une part importante de son travail serait demeurée réellement dans l'ombre. Son recours aux procédés les plus divers, avant que le maquilleur Stan Winston ne développe ses animatroniques, comme ses Dinosaures robotisés grandeur nature de la trilogie JURASSIC PARK, lui vaut d'ailleurs l'animosité de ses collègues plus conventionnels, qui le contraindront à réaliser devant examinateur la pose d'un faux-nez pour être autorisé à toujours se prévaloir du statut de maquilleur et à pouvoir concourir dans cette catégorie pour les Oscars ! Viendront par la suite, entre autres, l' inquiétante sorcière visqueuse et le Diable aux cornes dignes du Minotaure de LEGEND - même si bien d'autres créatures du scénario ne survivent pas aux restrictions budgétaires, puis les transformations de Jack NICHOLSON dans LES SORCIERES D'EASTWICK, dont la dernière rappelle celle de Norris dans THE THING, le costume de ROBOCOP - ainsi que l'éprouvante liquéfaction d'un voyou - et les maquillages très spéciaux de TOTAL RECALL, dont l'impressionnant Kuato, jumeau atrophié fixé sur le corps de l'acteur Marshall BELL ( Rob BOTTIN a toujours été fasciné par les malformations, en lesquelles il avait initialement cherché l'inspiration pour les manifestations de THE THING, et dont témoigne aussi la série de têtes déformées aperçues lors d'une séquence comique de L'AVENTURE INTERIEURE, à travers la modification de la physionomie du personnage de Jack Putter*, les états transitoires étant visiblement inspirés de visages partiellement dédoublés issus de la tératologie - cette séquence, bien qu' humoristique, illustre une nouvelle fois la supériorité des maquillages dans le rendu organique sur les transformations optiques réalisées par ordinateur ). Les Varans humanoïdes de LAS VEGAS PARANO représentent probablement sa dernière contribution notable au cinéma. Evincé par le réalisateur Stephan SOMMERS, qui le jugeait trop perfectionniste, d'UN CRI DANS L'OCEAN - en même tant que les autres maquilleurs de l'équipe comme Lyle CONWAY ( OZ UN MONDE EXTRAORDINAIRE, THE BLOB de Chuck RUSSELL ) - au profit de trucages infographiques, le grand - à tous les sens du terme, puisqu'il mesure 1 m 96 - Rob BOTTIN s'est fait depuis très discret, et la disparition de son portail sur Myspace, destiné aux agents des producteurs, est d'autant plus attristante ( à se demander si celui-ci n'a pas perdu tout espoir d'attirer à nouveau l'attention des studios, contrairement au vu que j'exprimais tantôt en évoquant la disparition du producteur français Christian FECHNER dans un article précédent ).
Les Loups-garous d'HURLEMENT conçus par Rob BOTTIN ne souffraient pas de la comparaison avec celui créé simultanément par son mentor Rick BAKER pour LE LOUP-GAROU DE LONDRES. Rob BOTTIN posant avec la tête de l'extraordinaire cadavre norvégien, la première manifestation des mutations de l'extraterrestre protéiforme de THE THING, s'affranchissant de son mimétisme avec sa victime humaine.
Photo très rare de la même créature en cours de finition, avant l'adjonction de la substance poisseuse qui lui confère une apparence très organique. La tête dédoublée et les quatre bras, rappelant certains types de monstres doubles ( jumeaux fusionnés ), sont la seule réminiscence des premières idées d'inspiration tératologique de Rob BOTTIN pour les mutations de THE THING.
Dans THE THING, la première confrontation entre les extraterrestres et les hommes est beaucoup moins majestueuse et grandiloquente que dans le final de RENCONTRES DU TROISIEME TYPE, avec un chien se changeant tout à coup en monstre effrayant; cette autre photographie très rare montre la créature prête pour le tournage, avec une partie des mécanismes qui l'animent.
Autre manifestation du monstre de THE THING en pleine transformation, sur ce plan général absent du film, saisissante image semblant résumer l'évolution de bas en haut, de l'Amibe protoplasmique à l'Homme en passant par l' invertébré. Méprisé presque unanimement à sa sortie, THE THING est à présent considéré comme le chef-d'oeuvre de John CARPENTER et son monstre demeurera comme la plus emblématique des créations de Rob BOTTIN. BOTTIN a "posé un lapin" à ses admirateurs en supprimant son site personnel sur internet. On préférera se souvenir d'un autre Lapin, celui que l'Oncle Walt interprété par Kevin McCARTHY tirait de son chapeau dans l'adaptation cinématographique de THE TWILIGHT ZONE ( LA QUATRIEME DIMENSION ), conçu parmi d'autres êtres grotesques inspirés du monde du dessin animé par le grand maquilleur.
Kuato, le mutant saisissant de réalisme de TOTAL RECALL; pour une fois, "le monstre" était moins destiné à susciter la répulsion que l'empathie. Rob BOTTIN avait imaginé le monstre marin de DEEP RISING ( UN CRI DANS L'OCEAN ) mais le metteur en scène a congédié le grand maquilleur qu'il jugeait trop perfectionniste, ne permettant pas à son équipe d'achever son travail sur l'animation des tentacules carnassiers - auparavant, les réalisateurs arrachaient aux producteurs des délais supplémentaires pour obtenir le meilleur d'un film, c'était une autre époque... ( un autre site francophone retrace avec un même enthousiasme la carrière de Rob BOTTIN à cette page: www.horreur.net/dossiers/robbottin/index.php ) Si les producteurs de cinéma n'éprouvent plus d'intérêt pour Rob BOTTIN, celui-ci manque en tout cas aux connaisseurs et aux admirateurs, qui ne peuvent que souhaiter qu'il réactive au moins son site. Il ne reste dorénavant, à la notable exception de Rick BAKER, élève de Dick SMITH et mentor de Rob BOTTIN, et du tandem Alec GILLIS et Tom WOODRUFF, anciens collaborateurs de Stan WINSTON, dont le travail est souvent réduit à la portion congrue dans le montage final ( cf. la Reine d'ALIENS VERSUS PREDATORS, supplantée par sa doublure numérique dans le final ) qu'un nombre restreint de créateurs de monstres "à l'ancienne" travaillant le plus souvent sur des films à petit budget ( "les séries B" ): John Carl BUECHLER, le créateur de monstres attitré du producteur Charles BAND ( mais ces films sont de plus en plus des parodies, même si on doit aussi à BUECHLER les Dinosaures très réussis de la série CARNOSAUR ), les anciens membres du groupe KNB, Greg NICOTERO et Howard BERGER, ainsi que Robert KURTZMANqui a quitté le trio, le maquilleur américain d'origine extrême-orientale Steve WANG ( MUTRONICS, HELLBOY ), ou encore Todd MASTERS, qui a collaboré à des productions comme NECRONOMICON et DOPPLEGANGER, ainsi qu'à des séries télévisées comme DARK SKIES et AU-DELA DU REEL. Steve JOHNSON, qui avait également contribué aux séries récentes de science-fiction après avoir oeuvré sur des films comme S.O.S. FANTOMES ou ABYSS, et qui avait renoncé au virtuel dont il s'était un temps voulu le promoteur à l'époque du remake de L'ILE DU DR MOREAU avec Marlon BRANDO réalisé par John FRANKENHEIMER, a décidé d'abandonné les effets spéciaux en raison de l'hégémonie du virtuel, et, comme Patrick TATOPOULOS et Rob BOTTIN, a fermé son site très récemment. Quelle hécatombe, et quelles pertes pour le cinéma et les amateurs du fantastique...
Encore une défection récente, celle de Steve JOHNSON, qui avait été engagé sur des films célèbres, même si sa carrière comporte davantage de collaborations à de petites productions. On peut voir un petit reportage sur le maquilleur sur You tube : http://www.youtube.com/watch?v=iinfne5T9r4&feature=related. La création d'un extraterrestre translucide, comme celà avait été initialement envisagé pour la créature d'ALIEN, pour le film THE ABYSS de James CAMERON fut sans doute le principal défi de la carrière de Steve JOHNSON. Un dessin de production des studios XFX de Steve JOHNSON pour la nouvelle version de la série AU-DELA DU REEL, L'AVENTURE CONTINUE ( THE NEW OUTER LIMITS ) - document issu de l'ancien site de Steve JOHNSON. Evidemment, on s'est limité ici aux artistes du cinéma ayant quelque notoriété dans leur domaine; il existe évidemment bien d'autres sculpteurs et maquilleurs talentueux uvrant sur les films, mais, ceux-là n'ayant jamais eu la responsabilité d'un projet, il est fort à craindre qu'ils aient peu de poids pour promouvoir leur travail, lorsque même des références comme le maquilleur Rob BOTTIN ou les animateurs Ray HARRYHAUSEN et Phil TIPPETT ne sont pas parvenus à défendre leurs vues face aux nouveaux maîtres d'Hollywood, les directeurs de marketing qui ont remplacé les producteurs traditionnels. Les petites productions, avec la baisse des coûts de l'infographie, sont à leur tour gagnées par l'imagerie virtuelle propagée initialement par Lucasfilm, comme le démontrent les films récents de réalisateurs comme Jim WYNORSKI ou Fred Olen RAY ( mieux inspiré jadis avec son plaisant téléfilm L'INVASION DES COCONS ), et le fameux producteur aux budgets étriqués, Roger CORMAN, est allé jusqu'à se féliciter de la somme modique qui avait suffit pour obtenir un grand nombre de plans du Reptile modifié génétiquement de DINOCROCODILE - sauf que le résultat tiré d'un mauvais jeu vidéo pourrait à peine inquiéter un enfant de cinq ans et prêterait plutôt à l'hilarité...
Rob BOTTIN conserve des admirateurs, qui ne peuvent que déplorer la disparition de son site. L'image à gauche est extraite de l'adaptation en bande dessinée que j'avais réalisée et proposée aux éditeurs pour le dixième anniversaire de THE THING, en l'occurrence la transformation d'une créature lors du test sanguin qui permet de démasquer les imposteurs, celle-ci perdant sa forme humaine qui n'est plus alors qu'une simple enveloppe dévoilant la nouvelle morphologie du monstre, à la manière du délitement de la chrysalide d'un Insecte. La concomitance de la fermeture du site de Patrick TATOPOULOS et du portail de Rob BOTTIN sonne tristement comme le glas des derniers géants des effets spéciaux, même si, comme on l'évoquait plus haut, quelques petites productions permettent encore de voir des plans réussis avec des créatures existant autrement que sous la simple forme d'un agencement de pixels.
Quelquefois, des petites productions sans prétention permettent encore d'apercevoir de "vraies" créature de cinéma. La télévision française a diffusé tout récemment SOUTERRAINS MORTELS ( CENTIPEDE ! ), téléfilm de Gregory GIERAS montrant des Chilopodes ( des Mille-pattes carnivores ) devenus gigantesques suite à leur contamination par des substances toxiques; quelques plans estimables dévoilent ces animaux menaçants, rendus tangibles grâce au travail du maquilleur et créateur d'effets spéciaux Greg SOLOMON ( photo ci-dessus ), qui a travaillé sur des films comme GREMLINS 2, DETECTIVE PHILIP LOVECRAFT, STARGATE ou encore LA MUTANTE 2. Je ne sais combien d'admirateurs rêveraient comme moi, s'ils en avaient les moyens, de produire un film utilisant tous ces grands noms dorénavant inemployés**. Mais comptez sur Creatures et imagination pour, aussi ténue que puisse être la portée de sa voix, continuer de défendre le travail et la mémoire de tous ces merveilleux créateurs. * dans le film DREAMSCAPE, les responsables des effets spéciaux ont pareillement conçu une série très complète de têtes pour donner l'impression de la continuité lors de la métamorphose onirique d'un homme en serpent. ** hélas, "Creatures et imagination-le-film" n'est pas pour demain, à moins de l'héritage d'un riche cousin inconnu comme chez LOVECRAFT !... Le blog de Jean-François Berreville creatures-imagination.blogspot.com |
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