mise à jour le 17 août 2024

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The MACHINIST - Brad Anderson, scénario de Scott Kosar (tout le monde se fout de cette lopette), d'après le roman de Jean-Philippe Toussaint et les personnages créés par Bob Kane avec Christian Bale. Jennifer Jason Leigh. Michael Ironside. Un caméo de Guy Thibault et David Gallant, 2004, Espagne

Christian Bale est Trevor Reznick, à ne pas confondre pour un Argentin de la dernière guerre syndicale. Travaillant dur pour une corporation qui l'ignore, il décide de prendre sa destinée en main et court acheter quelques litres de détergent à vaisselle. Sans tenir compte des dangers qu'il risque, il s'emploie à nettoyer le plancher de sa salle de bain afin d'améliorer son hygiène dentaire. Fatigué, il s'endort. Il est chez sa pute. Un soir, la serveuse d'un café-aéroport lui sert une tarte à la citrouille. Malheureusement, Trevor souffre d'anorexie. Il est mince. Rachitique. Trevor est un monstre, issue des incantations maléfiques d'Howard P. Lovecraft (à ne pas confondre avec le farfadet-lutteur du même nom, celui qui publiait ici, anciennement, ses résumés de lecture érotique) et il ne se cache pas pour le crier sur tous les toits, y compris celui de son établissement. Pour se venger, Michael Ironside (on le reconnaîtra par le grain de son accent québécois, très apparenté à celui des Siouxsies & the Banshees) se débarrasse de son bras, accidentellement. Une commission est établie pour veiller à la sécurité des prolétaires au travail. Elliott Ness y siègera en tant que coordonateur-poète. Le film se culmine par une pirouette archi-narrative : La Fin du Monde est annoncée pour le lendemain et la Syrie est condamnée à envahir la Grèce, avec une frégate espagnole. Fin.

Ouf. Manufacturier de films de série B depuis une quarantaine d'années (sans vouloir bouder le plaisir communicatif du cinéphile-collectionneur, nous expliquerons difficilement qu'il soit né à l'aube de l'année 1964 et que sa première œuvre fut réalisée à bon terme en 1995) et créateur du célèbre Gordon Fleming (se référer à Session 9, œuvre troublante qui respire la poésie de Ginsberg), incarné par Peter Mullan, Brad Anderson passe maintenant du petit au grand écran (une nouvelle acquisition que je me suis permis, malgré l'état lamentable de mon budget d'artisan-impénétrable) avec The Machinist, chef-d'œuvre de la maturité. À la fois regard sur de tristes réalités sociales (schizophrénie provoquée par le manque de nutriments, pénurie de médecins dans la région du Midwest, etc.) et variation amusante sur l'illusion de la réalité, cette comédie d'horreur réussit à maintenir un équilibre parfait entre ses ambitions métaphysiques et récréatives. Plein de finesse et de sensibilité, le scénario de Scott Kosar fourmille de ripostes délectables et d'observations sociologiques cocasses sur la lutte entre le Bien et le Mal. Choisissant le ton de l'allégorie kabbalistique, Anderson évite tout misérabilisme, célébrant la classe et l'habileté quelque peu perverse de personnages barbouillés et ensorcelants. De plus, le film jouit d'une cadence appuyée et d'une photographie qui rend à merveille le caractère monumental du décor grisâtre et monotone de la salle de bain. L'extraordinaire distribution comporte plusieurs têtes d'affiche, mais c'est Christian Bale qui livre la plus remarquable des performances d'acteur des derniers mois dans le rôle du justicier Batman. Choucroute Melba

La MARIÉE SANGLANTE aka LA NOVIA ENSANGRENTADA - Vicente Aranda avec Maribel Martin, Simon Andreu, Alexandra Bastedo, 1972, Espagne, 92m

Susan est fraîchement mariée et dans sa belle robe blanche elle arrive au manoir de la famille de son mari. Elle semble en proie à d'horribles cauchemars, ou est-ce des fantasmes ? Ce n'est pas très clair du moment où sa réputation de vierge se transforme en libertine sans pudeur. Elle découvre que les tableaux des femmes de la famille sont cachés au sous-sol depuis qu'une certaine Carmilla a tuée son mari. Surprise, au détour d'une visite sur la plage, monsieur découvre dans des circonstances oniriques une certaine Mircala. Si le spectateur n'est pas né hier, il reconnait immédiatement Carmilla, Karnstein de son nom de jeune fille, légendaire héroïne d'un roman de Sheridan le Fanu.

Après un début qui roule sur des chapeaux de roues, le film va connaître un peu trop de temps morts. Il n'est pas non plus évident de réconcilier réalité, fantasme et situations surréalistes certes mémorables mais a posteriori difficilement justifiables. Certains ont interprété le scénario comme une dénonciation du fascisme et du machisme, je trouve l'interprétation suspecte. Si c'est le cas, je trouve que la nudité se justifie plus dans une démarche commerciale. D'ailleurs c'est bien pour ses deux actrices principale, Maribel Martin et Alexandra Bastedo, que l'on aura un bon souvenir du film et ses situations inédites, tel le destin final plus original que d'habitude dans les versions gothiques usuelles.

En versions française et espagnole avec sous titres. Contrairement à l'habitude c'est la version espagnole qui est plus courte, certaines scènes sont donc en version française. J'imagine que ce sont des passages érotiques, censurés en Espagne. Mario Giguère 

La MARCA del HOMBRE-LOBO aka Les VAMPIRES du Docteur DRACULA aka  - Enrique López Eguiluz avec Paul Naschy, Manuel Manzaneque, Dyanik Zurakowska, Aurora de Alba, 1968, Espagne, 90m

Un jeune couple se dissout rapidement sous nos yeux lorsqu'au détour d'un bal costumé arrive le comte Waldeman Daninsky, tout de rouge vêtu, se présentant comme le diable. La jolie blonde en tombe amoureux, mais au village, un drame fantastique se produit lorsqu'un gitan et son épouse sont attaqué par une bête. Voilà qui leur apprendra à ouvrir des tombes et à retirer une croix d'argent du poitrail d'un mort un peu trop bien conservé. Une battue s'organise parmi les villageois et voilà que Daninsky combat le loup garou et est mordu. Grand malheur. Seul espoir, retrouver dans les papiers du lycanthrope une correspondance avec quelqu'un qui pourrait le guérir. Manque de pot, c'est le "Docteur Dracula".

Mettons la chose au clair, le titre imaginé par les distributeurs français a peu de rapports avec le film, puisque le vampire n'est pas Dracula. Les américains, pas plus futés, l'ont retitré Frankenstein's Bloody Terror ! Vu il y a des années en vhs, la copie du dvd d'Artus Films est magnifiquement restaurée, splendides couleurs et sans coupures. A part quelques débuts ou chutes de scènes, il s'agit essentiellement de dialogues entre les parents des jeunes fiancés. L'histoire reste très classique et sent l'influence de la Universal, teinté d'un érotisme plus proche des productions Hammer Films. Le travail de photographie n'est pas sans rappeler les films fantastiques de Mario Bava, belle référence. Ceci dit le jeu de Naschy est souvent théâtral et tout le monde en fait des tonnes lors de scènes dramatiques, voir le vampire qui avance comme une ballerine en faisant aller sa cape comme un toréador. Naschy est en tout cas imprégné de son personnage et se donne au maximum, se donnant le rôle du beau gosse fou de la jolie blonde sur un simple coup d'oeil, féru d'histoire et des mythes de la région. C'était le début d'une longue suite de films ou Naschy allait interpréter Daninsky et il fait bon le découvrir ou le revoir dans de si belles conditions. Mario Giguère

Le MASSACRE DES MORTS VIVANTS aka Let Sleeping Corpses Lie aka Non si deve profanare il sonno dei morti aka The Living Dead at The Manchester Morgue aka Don't open the Window - Jorge Grau avec Ray Lovelock, Cristina Galbo, Arthur Kennedy, Aldo Massasso, 1974, Espagne, 89m

Ce film réalisé par un espagnol en Angleterre est vraiment plaisant. Une jeune femme abime la moto d'un brave gars, elle le conduit alors dans un village paumé où elle doit retrouver sa junky de frangine. Dans un champ, des types testent une machine qui émet des ondes pour tuer les petites bêtes, histoire de remplacer les pesticides. Seulement, les ondes ont des effets néfastes sur les morts... et les nourrissons ! La photo du film est vraiment belle, certain plans sont même fascinants, les acteurs sont pas mal, il y a au début une fille qui court nu en pleine ville, plan totalement gratuit et inutile, il y a les flics salopards, le chef de la police super con et détestable. Atmosphère sympathique, les zombies meurent par le feu, mais c'est un peu timide coté gore. Le DVD d'Anchor Bay est superbe. Kerozene

Voici un bon petit film sympa de morts-vivants, un peu précurseur, vu sa date de réalisation de la grande vague gore italienne de la fin des 70's. C'est un mélange de hammer et de giallo assez surprenant, où un appareil visant à supprimer les insectes nuisibles aux récoltes, va en fait provoquer le réveil des morts à 1 km aux alentours.

Les héros vont se retrouver confronter aux morts (et aux scènes habituelles de ce genre de films, attrapage de pieds, déchirage d'entrailles) et surtout à une police complètement conne et "anti-jeune", qui ne voudra jamais admettre l'inadmissible! Sauf... lors de la scène finale vengeresse.

Une certaine classe nonchalante dans ce film parsemé de quelques scènes ultra gore (rares mais sympas) qui ne font qu'agrémenter l'intérêt.

Un grand inconnu du film de morts-vivants fort sympathique. Franfran

George, un antiquaire hippie et assez poilu (Ray Lovelock, rien de moins), s'amène en vacances dans la campagne anglaise. Il y rencontre Edna (Christine Galbó), une jeune femme débrouillarde et rebelle. Par un concours de circonstances, les deux cheveux longs se trouvent faussement accusés de meurtres par un vieux policier (Arthur Kennedy) convaincu d'avoir affaires à un culte sataniste à la Manson. Ils en baveront un max avant de convaincre les autorités que toute l'affaire est causée par des morts récemment réanimés par... des expériences maudites, à base de radiations ultrasoniques, visant à faire fuir les pestes agraires (crédible, n'est-ce pas ?)... Tremblez lecteurs!

Classique précurseur du "Dawn of the Dead" par quelques années, cette production italo-hispanique demeure l'un des incontournables du genre grâce à plusieurs points distinctifs :

"Arthur Kennedy, star sur le déclin et poivrot de stature internationale, y allant d'un très mauvais accent irlandais où il ne manque que le " har har " piratesque;

"De bons effets de maquillage signés Giannetto de Rossi, futur maître d'œuvre de plusieurs films de Fulci (Zombi 2, La Maison près du Cimetière);

"Une bande sonore efficace : les inquiétants sifflements des zombis, l'utilisation du silence;

"Une direction photo soignée et intelligente: contraste entre l'urbain (pollué, aliénant, grisonnant, Manchester quoi) et la campagne (belle mais glacée, morte). Étrangement, l'horreur est une conséquence de la technologie, mais se manifeste sur la même axe que celui de la Nature (froid, désolation).

Le script, décent mais sans trop de surprises, est un renversement du lieu commun des films de science-fiction et d'horreur des années 50 comme Invasion of the Body Snatchers (prototype du film de morts-vivants). Cette fois, le héros est le gaugauchard hippy qui s'attaque à la vieille garde de droite au lieu de l'envahisseur rouge.

Le scénario est signé par deux collaborateurs de Bava : Sandro Continenza (Hercules at the Center of the Earth et le Inglorious Bastards d'Enzo Castellari) et Marcello Coscia (Black Sunday).

Finalement, une pellicule à voir si l'on est fan fini des zombis spaghetti. 

Le Comte O et la Comtesse ©

George Meaning (Ray Lovelock) part pour la fin de semaine à moto vers sa nouvelle maison de campagne, Malheureusement, Edna Simmonds (Christina Galbo), fatiguée et nerveuse, recule sur son bolide. Incapable de repartir, George s'invite à conduire l'auto de Christina jusqu'à sa destination, mais pas avant d'avoir passé chez la soeur de Christina, aux prises avec des problèmes de consommation de drogue. Ce faisant ils traversent une partie de la campagne et croisent une machine singulière censée permettre d'éliminer les insectes nuisible en s'attaquant à leur système nerveux, les poussant à s'entretuer. Manque de bol, l'appareil réveille aussi les morts qui deviennent affamés de chair humaine, ainsi que les poupons d'un hôpital de la région. Pire, la police locale soupçonne George d'être responsable des morts qui s'accumulent. Allez vous reposer à la campagne, qu'ils disaient...

Avec une commande pour refaire ni plus ni moins un remake de Night of the Living Dead de George Romero, mais en couleurs, Jorge Grau, plus porté sur la critique politique, concocte un film d'horreur écologique. Là ou Romero laissait planer le doute sur les origines des morts-vivants, Grau invente donc une pseudo technologie dont abuse un compagnie qui risque de s'en tirer comme si de rien n'était. La police et les autorités, représentés par l'inspecteur fasciste interprété par un Arthur Kennedy détestable, n'ont rien de reluisant, ses accusations contre Georges sont essentiellement basées sur son apparence de jeune hippie. Edna n'est pas prise au sérieux car carrément hystérique, comme la plupart des personnages. Évidemment l'intérêt se porte sur les morts vivants, des zombies crades à souhait qui multiplient les scènes de gore qui anticipent les excès mémorable du Dawn of the Dead sorti quatre ans plus tard. Un film qui est toujours efficace des années plus tard, ce qui est somme toute rare dans le genre. Chapeau.

L'Édition Artus offre un superbe transfert en version originale avec sous-titres français optionnels ou la version française. En bonus - Le sommeil des morts, par David Didelot, cinquante minutes bien informatives, un diaporama d'affiches et de photos et les bandes-annonces de la collection Ciné de Terror. Mario Giguère

MATADOR - Pedro Almodóvar avec Assumpta Serna, Antonio Banderas, Nacho Martínez, Eva Cobo et Carmen Maura, 1986, Espagne

Diego, un ancien matador, se masturbe en regardant Blood & Black Lace de Mario Bava et Bloody Moon de Jess Franco. Mais pourquoi donc ? Tout simplement parce que le matador n'exerçant plus son métier de "mettre à mort les taureaux dans la dignité" trouve maintenant réconfort en regardant des films d'horreurs, de demander à sa copine de faire la morte lorsqu'il la baise et à enseigner son ancien métier à des jeunes hommes. L'un de ceux là, Angel, à des difficultés à se faire des copines en raison d'une éducation trop religieuse. Après avoir demander conseil à Diego, Angel décide de montrer à Diego qu'il n'est pas homosexuel. Alors, lors de la soirée, il viole sa voisine (qui sans savoir est la fiancée de Diego). Le lendemain, il se livre à la police, mais l'agressée ne porte pas plainte. Angel confesse ensuite 4 meurtres et une avocate, qui semble trouver la violence et la mort sexy, le défend, puisqu'elle le croit innocent.

Ce film d'un jeune Pedro Almodóvar est comme vous pouvez le constater très éclaté et ressemble vraiment à un film de genre et encore plus à un film de Jess Franco. Premièrement en raison que les personnages débordent de sexualité, qu'il y a des meurtres, un brin de violence et en raison que le scénario est éclaté au possible et plus encore puisque Almodóvar recrée même une brève scène de Vampiros Lesbos (la danse du début avec Soledad Miranda, l'angle de la caméra est identique), quelques scènes de Blood & Black Lace (le défilement des mannequins dans le préparation et la mort dans la baignoire). Mais il s'agit aussi pleinement d'un film d'Almodóvar par le coté mélodrame, des chassés-croisés amoureux, par la présence de deux acteurs fétiches (Antonio Banderas et Carmen Maura), etc. Le film est vraiment à regarder pour ceux qui ne l'ont pas vu et encore plus si vous aimez le cinéma marginal de Jess Franco. Le film ressemble tellement à du Franco, c'est dément. La seule et presque différence est qu'Almodóvar a vraiment pris son temps pour le tourner et qu'il a soigné sa mise en scène. Ce film est un indispensable ! Black Knight

MEURTRES A ROME aka LE CRIME DE LA VIA CONDOTTI aka SPECIAL KILLERS aka LA RAGAZZA DI VIA CONDOTTI aka LA CHICA DE VIA CONDOTTI - German Lorente avec Frederick Stafford, Claude Jade, Femi Benussi, Patty Shepard, Alberto de Mendoza, Michel Constantin, Simon Andreu, 1974, Espagne/France/Italie, 1h37 (ou 1 h 25 selon les versions)

Le détective Sandro Mattei (Frederick Stafford) trouve un soir sa femme Simone (Patty Shepard) etranglée. Au pied du lit il remarque une photo représentant un homme sur une moto et, en arrière plan, une femme. Il pense que cette photo a quelque chose à voir avec l'assassinat et la porte chez Tiffany (Claude Jade), une jeune amie qui possède un laboratoire photo, afin qu'elle l'agrandisse. Il découvre que la femme est une dénommée Laura (Femi Benussi), vaguement connue de Tiffany. Sandro et Tiffany la retrouvent une nuit dans une boîte de nuit à la mode, en train de danser avec Russo (Alberto de Mendoza), avocat bien connu de la bonne société, dont elle est la fiancée. L'enquête peut commencer...

Polar ou giallo ? Giallo teinté de polar ou polar teinté de giallo ? Ce film, réalisé par l'Espagnol German Lorente, hésite longtemps entre ces deux genres alors en vogue. Du giallo on retrouve une scène de meurtre sadique, un univers mondain et un acteur habitué du genre, Alberto de Mendoza, spécialiste des rôles de notable hypocrite et mielleux (c'est encore le cas ici). Sans oublier la référence, fréquente dans ce sous-genre, à BLOW UP d'Antonioni. Du polar, MEURTRES A ROME a son côté "enquête à la Simenon" (ou à la Scerbanenco), diverses scènes d'action et de poursuite automobile ainsi que quelques trognes savoureuses (dont Giuseppe Castellano, qui sera de presque tous les Lenzi de ces années de plomb). On apprécie la beauté de Femi Benussi davantage que l'originalité du scénario (encore une affaire de prostitution dans la "haute" romaine). La réalisation ne brille pas non plus par son punch. Quant à Michel Constantin, il constamment l'air de se demander ce qu'il fait là-dedans. Au total, on ne s'ennuie pas, mais on n'est pas vraiment captivé. Pas déshonorant, mais pas de quoi courir après... Stelvio

MEURTRES AU SOLEIL aka UN VERANO PARA MATAR aka SUMMERTIME KILLER aka RICATTO ALLA MALA aka VENGEANCE AU MEURTRE - Antonio Isasi avec Christopher Mitchum, Olivia Hussey, Karl Malden, Claudine Auger, Raf Vallone, 1971, Espagne-Italie-France, 1h37

Un jeune garçon voit son père se faire assassiner. Une vingtaine d'années plus tard, devenu un homme, Raymond Castor (Christopher Mitchum) est fin prêt pour se venger implacablement. Pendant ce temps là, le milieu tente de le supprimer et un flic (Karl Malden) se lance aux trousses du jeune homme...

Dieu que ce "pitch" est peu original ! La vengeance est un plat qui se mange froid, et ce genre de cuisine était fort apprécié dans les années soixante-dix. Artisan consciencieux, l'espagnol Antonio Isasi n'a oublié aucun des ingrédients-clés de ce sous-genre éminemment "tarantinesque". On a droit à notre quota de "flashes-backs" récurrents, de scènes sentimentales (il importe de comprendre la blessure morale du héros) et de flinguages à l'arme à feu. Le héros se déplace à motocyclette, ce qui génère quelques poursuites spectaculaires. On peut aussi saluer le soin apporté à la photographie et la bonne utilisation des décors naturels, une Espagne estivale et balnéaire pas si banale dans ce genre de produit. L'interprétation est de qualité suffisante pour éviter tout ennui. Le film accuse un gros "coup de mou" entre la 45ème et la 75ème minute : on se console alors en admirant les courbes époustouflantes et le sourire piquant d'Olivia Hussey, starlette argentine aux apparitions sporadiques. Chris Mitchum (fils de Robert) s'en tire pas mal lui aussi : peut-être parce qu'il joue un fils obsédé par une image passée du père ? Bon, j'arrête là avec la psychanalyse... pour vous dire que ce "revenge-movie" peut se laisser regarder à condition de ne pas attendre un chef-d'oeuvre tout en tension et en subtilité. Un dernier mot sur la bande-son de Luis Enriquez Bacalov, agréable cocktail de chansons "soft-rock" et de breakbeats funky (l'un desquels figure sur la légendaire compilation "Beretta 70" publiée par le bienfaiteur label allemand Crippled Dick Hot Wax). Stelvio

MONSTER DOG aka Leviatán - Claudio Fragasso avec Alice Cooper, Victoria Vera, 1984, Espagne/États Unis/Puerto Rico 

Vince est une vedette rock qui part avec son équipe tourner un vidéoclip dans sa demeure natale, qu'il a quitté il y a 20 ans. Ils seront stoppés momentanément par la police locale qui les avertis qu'une meute de chiens tueurs rodent dans la région. Malgré les plats de sandwichs préparés pour les accueillir, il n'y a personne dans la grande maison. Vince va expliquer l'accueil très froid de la population par la maladie particulière de son père, tué parce qu'on le croyait lycanthrope: loup-garou ! Mais justement, des paysans débarquent et réclament la mort de Vince, qui aurait hérité de la malédiction du paternel.

Claudio Fragasso est un réalisateur qui a commis plusieurs films mauvais qui peuvent s'avérer très drôles. Il a collaboré aux films de Bruno Mattei: RATS aka LES MUTANTS DE LA DEUXIÈME HUMANITÉ ou ZOMBIE 3. Mais Fragasso n'est jamais parvenu à se détacher de produits d'exploitation tournés rapidement et sans ambition. Les scènes typiques du genre s'enfilent maladroitement, jusqu'à une séance de transformation qui tente péniblement d'imiter THE HOWLING. Alice Cooper, post synchronisé comme tout le monde par une équipe bas de gamme, a une certaine présence, mais il faut un JOHN CARPENTER pour le mettre en valeur. Ici il est mal fringué et a l'air beaucoup plus à l'aise dans le clip d'ouverture que durant tout le reste du film. Victoria Vera est photogénique dans le rôle de sa copine, mais peine perdue, on la filme n'importe comment.

Pour qui sait dans quoi il s'embarque, il reste une certaine saveur, début des années 80 avec musique et photographie d'époque qui peut procurer un certain plaisir coupable. Sinon passez votre tour. Mario Giguère

La MUERTE LLAMA A LAS DIEZ aka HOT LIPS OF THE KILLER aka THE KILLER WORE GLOVES aka SATAN'S LAST SUPPER aka LE CALDE LABBRA DEL CARNEFICE - Juan Bosch avec Gillian Hills, Angel Del Pozo, Silvia Solar, Orchidea De Santis, Bruno Corazzari, Carlos Otero, Manuel Gas, Espagne/Italie, 1973, 1h21

Une jeune Londonienne (Gilian Hills), dont le compagnon est parti faire la guerre au Vietnam, décide de louer une partie de son appartement. Le premier occupant est retrouvé peu après, défenestré. Dès lors, un mystérieux tueur s'acharne sur la jeune femme...

Rare exemple de giallo espagnol, ce film rarement vu constitue plutôt une bonne surprise. Surprise de voir Gilian Hills en vedette d'un long-métrage. Née au Caire en 1944, la jeune Anglaise à la bouche pulpeuse joue quelques petits rôles dans des films d'adolescents anglais (dont BEAT GIRL, resté célèbre pour sa bande-son de John Barry), puis s'illustre comme chanteuse "yé-yé" au début des années soixante. Plusieurs de ses 45 tours deviennent des succès (le très nunuche "Zou Bisou Bisou", ou " Cha cha stop" en duo avec... Jean Yanne !) dans les années 1960-65. Surprise aussi de voir qu'un obscur cinéaste espagnol s'adapte assez bien à un genre pourtant typiquement italien... LA MUERTE LLAMA A LA DIEZ ne fait certes pas preuve d'une grande originalité côté scénario (encore une histoire d'héritage), ni d'une mise en scène follement inventive (les meurtres à l'arme blanche ont déjà été vus ailleurs, et souvent en plus flippant). Mais cela reste un film très agréable qui ne suscite jamais l'ennui. Long de 81 petites minutes seulement, ce giallo très classique compte assez de péripéties pour nous tenir en haleine... jusqu'à une séquence finale qui décoiffe pas mal ! Et la musique de Marcello Giombini est tout à fait remarquable pour l'époque, les synthétiseurs Moog remplaçant les habituelles sections de cuivre pour rythmer les montées de tension. Stelvio

MURDER MANSION aka La Mansion de la Niebla aka La Maison de la Brume - Francisco Lara Polop & Pedro Lazaga avec Ida Galli, Analia Gadé, Lisa Leonardi, Yelena Samarina, George Rigaud, 1972, Espagne/Italie, 86m

Plusieurs personnes, roulant sur une route de campagne devenue dangereuse à cause d'un brouillard opaque, trouvent refuge dans une vieille maison près d'un cimetière. Si plusieurs sont reliés par une signature de contrats imminente et urgente, un motocycliste et la jolie brune qu'ils rencontrent ne les connaissent pas. il y a une femme dans cet endroit, seule, mystérieuse. Dans une atmosphère presque onirique, ces étrangers vont mourir les uns après les autres, de plus en plus rapidement.

Pendant longtemps, on peut se fait avoir par l'allure  de film gothique aux nombreux rebondissements. On va aboutir avec un pure giallo, proche de certains classiques comme Les Diaboliques d' Henri-Georges Clouzot. Mention spéciale à l'histoire de l'ancienne propriétaire, adepte de sorcellerie ou pire, de vampirisme, qui a laissé un décor bourré de toiles et d'artefacts macabres. La table est mise pour un scénario qui part certes dans plusieurs directions, mais qui ne nous ennuie jamais avec un ensemble d'acteurs et d'actrices en forme. Une belle découverte baignée dans une excellent musique de Marcello Giombini pour ce premier film du regretté Francisco Lara Polop, qui allait signer plusieurs thrillers à saveur érotique, Mario Giguère

  NAVAJEROS - Eloy de la Iglesia avec José Luis Manzano, Isela Vega, Verónica Castro, 1980, Espagne, 95m

El Jaro, quinze ans, essaie de profiter pleinement de la vie en faisant des vols, des larcins, touchant à la drogue et dormant chez une prostituée pas mal plus âgée que lui. Mais à cette époque en Espagne, c'est à seize ans  qu'on se retrouve en prison au lieu de centres jeunesses ou maisons de redressement d'ou il est facile de s'évader. Il veut tout réaliser avant l'âge fatidique.

Scénario inspiré par la vie d'El Jaro, jeune adolescent on ne peut plus délinquant qui s'est fait un nom en Espagne à l'époque. Première rencontre du réalisateur avec José Luis Manzano, future vedette dans Colegas (1983), El Pico (1984) et El Pico 2 (!984). Navajeros est moins centré sur l'abus de drogue des jeunes espagnols, mais la violence monte en crescendo. On verra en autre un énorme rassemblement de jeunes venus punir un vendeur de drogue qui aura humilié Jaro. Le réalisateur continuera de raconter en films les dérives de la jeunesse espagnole perdue dans un maelstrom de liberté, de promiscuité et l'arrivée en masse de drogue en pleine pénurie d'emploi. Un cocktail dangereux. Il termine l'histoire en boucle avec l'espoir d'une nouvelle génération.  

Le Coffret digipack Blu Ray + DVD d'Artus Films offre en suppléments sur l'édition  d'Artus Films la présentation détaillée du film et de la carrière du réalisateur par Marcos Uzal, en plus de 47 minutes, et un court diaporama d'affiches et photos. Film offert en version originale Espagnole avec sous-titres français en option. Mario Giguère 

The NUN aka La Monja aka La Nonne - Luis De La Madrid, 2005, Espagne/Grande-Bretagne 

Après un banal danse party, une fragile blondinette assiste à la décapitation de sa mère par le fantôme d'une nonne faite d'eau. Suite à un indice x, Eva (la fragile teenager) prend l'avion direction Barcelone avec sa meilleure amie pour élucider ce crime dont l'origine serait le lieu d'études de sa mère.

Provenant d'Espagne et signé Fantasy Factory la 1ere scène promet de bons moments. La nonne, Cristina Piaget (Fausto 5.0, Alien Autopsy) en jette de la rédemption. On va s'éclater et revivre de la 'Nunsploitation'. Mais malheur, même si les ex-copines de classe de la décapitée offrent à tour de rôle des scènes gores: ça ne marche pas. Curieux. Ça devient de plus en plus mauvais. L'équipe d'enquêteurs composée d'ados aux rôles vides gâchent tout. Est-ce de l'humour voulu ou du manqué ? La confusion sévit jusqu'au 3/4 du film. Verdict: c'est du raté. Une vraie torture avec une simple idée d'histoire de Jaume Balagueró (Darkness, Fragile). Le 1er film d'un monteur de films de genre d'expérience dont il reste néanmoins de mignons petits effets spéciaux... à l'eau. Un début.

À offrir en cachette au beau-frère. Deadmonton

L’ORPHELINAT aka El orfanato - Juan Antonio Bayona avec Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Príncep, Mabel Rivera, 2007, Espagne/Mexique, 105m

Laura emménage avec son mari Carlos et son jeune fils Simon dans l’orphelinat ou elle a passé sa jeunesse, dans le but de le transformer en maison de pension pour enfants handicapés. Malheureusement, le jour de l’inauguration de l’endroit, son fils disparait. Seuls indices, les amis imaginaires qu’il avait. Les mois passent et l'enfant n’est toujours pas retrouvé. Laura est obsédée et veut à tout prix le retrouver, Carlos le croit mort et une séance de spiritisme se termine mal.

Un scénario astucieux avec des acteurs superbes dans une mise en scène ou images et son sont maîtrisés, ca fait du bien. Si la trame de fond reste classique, l’intersection du monde réel et de l‘au-delà est fascinante. On ne sait trop sur quel pied danser, quelle piste suivre pour comprendre le mystère qui se révèlera petit à petit. Les scènes coupées en bonus sont intéressantes à regarder car si on coupe celle-ci parce qu’elle brisait le rythme, raison souvent citée, d’autres par contre donnaient trop d’indices au spectateur et c’est cet équilibre qui est admirable. Les actrices sont superbes et je retiens la séance de régression avec Géraldine Chaplin, trop rarement vue, qui glace le dos. Dans la lignée du Labyrinthe de Pan, un film qui nous entraîne dans un voyage dans un monde fabuleux. À voir. Mario Giguère


Peter Cushing

PANIQUE AU CASINO aka BLACK JACK aka BRIGADE SPECIALE aka ASALTO AL CASINO - Max H. Boulois, 1980, Espagne/Angleterre

Sir Thomas, gentleman cambrioleur monte le coup parfait contre un casino de Santander (Pays basque espagnol) en utilisant, à son insu, "Dynamite Duke", un chanteur d'afro-rock devant donner un concert dans le bâtiment. L'action est compliquée par la folie meurtrière d'une bande internationale qui fait irruption sur les lieux au même moment. Coincés par les hommes du commissaire Angel, les gangsters tentent pendant sept heures de négocier la vie de quinze otages.

On touche là à la crème de la crème du polar bis européen ! Touche à tout intrigant, Max Henri Boulois a utilisé tout son entregent pour réunir un casting très digne (et peut-être pressé par le fisc ?) : Peter Cushing (Sir Thomas), Hugo Stiglitz (le commissaire Angel), Claudine Auger (l'attachée de presse complètement mégalo du chanteur) et Boulois lui-même en "Dynamite Duke". "On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même" : telle semble d'ailleurs être la devise du fantasque auteur. Non content de mettre en scène son scénario, ce dernier assure également la bande originale à coups de boîtes à rythme antédiluviennes (mais dans le genre jazz-funk "cheesy" j'ai déjà entendu pire) et la production du film. La première demi-heure du film surprend agréablement. L'action se met en place efficacement, les personnages aussi. Ca part un peu en sucette par la suite, le scénario a quelques béances durant lesquelles les acteurs "meublent" comme ils peuvent. Quant à la scène du concert, elle permet de voir Boulois à son plus cabotin en James Brown de sous-préfecture. Comme l'intrigue a pas mal traîné en route, la résolution parait un peu "forcée". Qu'elle fasse de "Kid Dynamite" le grand gagnant de l'affaire ne surprendra personne ! Aux dernières nouvelles, Boulois (le vrai) se serait reconverti en essayiste, observateur de la politique française et internationale. Il aurait même écrit en 2002 un essai sur Massoud, le chef de la résistance afghane tué par les Talibans. Mais ceci est une autre histoire ! Stelvio

PARANORMAL XPERIENCE 3D - Sergi Vizcaino avec Amaia Salamanca, Maxi Iglesias, Lucho Fernández, 2011, Espagne, 86m

Des étudiants en médecine essaient de s'exempter d'un examen final d'un de leur professeurs en participant volontairement à une expérience sur le mental. Il leur propose par la suite, s'ils veulent vraiment avoir la note de passage, d'aller faire enquête dans un village, Susurro (Soupirs), jadis prospère grâce à une mine, déserté depuis qu'un médecin fou s'est mis à torturer et tuer les habitants. Ils l'ont enfermé dans la mine et laissé pour mort depuis des années, mais la rumeur court qu'il y est toujours, en esprit. Alors l'idée est d'aller chercher des traces de phénomènes paranormaux et de revenir avec des preuves ou de classer l'affaire. Pour avoir un moyen de transport, les cinq étudiants vont amener avec eux la soeur d'une des femmes.

De un - c'est vraiment bien fait avec une ambiance formidable et de bons acteurs, la touche espagnole, c'est des producteurs de L'Orphelinat, se fait sentir. De deux- le scénario est un mélange de sous-genres que l'on n'a pas l'habitude d'entremêler, phénomènes paranormaux, horreur psychologique, possession, torture flick et slasher. De trois- ca emprunte des twists à des films trop connus. J'ai donc une attitude partagée sur le résultat, par surcroît, le voir en 2D n'empêche pas de deviner quand la 3D est utilisée, séance de spiritisme avec programme d'ordinateur, doigts coupés qui se balancent devant la caméra, on voit le genre. Alors pour de bonnes scènes, de bons acteurs et un drame familial qu'on ne voit pas trop venir, oui, ça vaut le détour, mais ça ne fera probablement pas l'unanimité. Mario Giguère

El PICO - Eloy de la Iglesia avec Jose Luis Manzano, José Manuel Cervino, Luis Iriondo, Enrique San Francisco, Andrea Albani, 1983, Espagne, 109m

Bilbao, 1980, Paco et Urko sont respectivement les fils d'un commandant de la Guardia et d'un député socialiste bien en vue. Ces pères ne se doutent pas que les deux copains sont maintenant accros à l'héroïne. Les confrontations successives seront autant de chocs. Paco s'enfuit avec un pistolet de son père. Ensemble les deux progéniteurs, cachant aussi longtemps qu'ils le peuvent la vérité à leurs proches, vont partir à leur recherche. Les visites dans le monde interlope, la délinquance rampante, la prostitution, la corruption et la violence vont les estomaquer.

Eloy de La Iglesia n'hésite jamais à montrer l'enfer de la consommation d'héroïne, de manière très explicite. Il en profite aussi pour faire découvrir les dessous de la politique et des forces de l'ordre, corrompues. Mais ce qui me surprend et m'étonne, c'est d'apprendre par les bonus que le réalisateur consommait lui aussi, était accro à l'héroïne dont il nous montre pourtant les conséquences terrible. Seul personnage qui échappe à ses effets néfastes, Betty (la regrettée Andrea Albani), qui travaille dans un salon de massage, se prostitue et se pique mais qui ne semble jamais en manque, jamais affectée trop gravement non plus par son travail. Les deux garçons se tiennent avec elle, consomment avec et jouissent avec. Comme dans le film précédant Coleguas, les mères de famille ou les grand-mères  ici tombent des nues après avoir crues que leurs petits souffraient d'une mauvaise grippe. Si on insiste sur le chômage incroyable qui les empêche de se trouver un emploi, on n'insiste pas trop sur le climat social post franquiste ou une certaine liberté soudaine ne se transforme pas en bonheur, loin de là. Un passage en prison ne va pas convaincre Paco de changer ses habitudes de vie. Son père, lui, se rend compte que l'argent et les avocats font des miracles qui n'en sont pas vraiment. C'est tout un monde à découvrir et pendant ce  temps, dans le supplément, on nous explique que les vedettes du cinéma Quinqui devenaient des vedettes tout court pour la jeunesse du pays. A découvrir.

Offert dans le coffret de trois films: Le Cinéma Quinqui, Blu Ray + DVD chez Artus Films. En supplément: Du sang dans les rues : le phénomène Quinqui (Blood in the Streets: The Quinqui Film Phenomenon) de Don Adams et Kier-La Janisse. Excellent tour d'horizon du cinéma Quinqui et mise en contexte politico sociale. On ajoute la bande annonce. Offert en version originale avec sous-titres français. Interdit aux moins de 16 ans. Mario Giguère

El PICO 2 - Eloy de la Iglesia avec Jose Luis Manzano, José Manuel Cervino, Fernando Guillén,  Andrea Albani, Jaume Valls, Pirri, 1984, Espagne, 120m

Paco et son père de la garde civile, Evaristo, déménagent à Madrid pour éviter le scandale. D'autant plus que précédemment, Evaristo a été sauvé in extremis d'un attentat. Son père cherche a innocenter hors de tout doute Paco des accusation du meurtre d'un dealer, qui font de lui aussi un personnage hautement indésirable dans les milieux de la drogue. Un retour en prison pour Paco sera encore plus difficile et risque de lui coûter la vie. Une évasion orchestrée par un co-détenu est une réussite et peut-être un piège. En fuite avec Betty et le co-détenu, poursuivi par toutes les polices et Evaristo, rien ne sera facile, on s'en doute.

Eloy de la Iglesia va encore plus loin et l'ambiance est encore plus lourde. Les enjeux judiciaires et politiques sont encore plus clairs et eux aussi dangereux. La vague de cinéma Quinqui allait bientôt finir, on parle de 1977 à 1987 approximativement, et je me demande comment on aurait été plus cruel. La plupart des comédiens vedette eurent une vie courte, plombée par les drogues. En Italie on aura connu les années de plomb et le cinéma nihiliste d'une époque sombre. Les américains auront eu le film The Warriors de Walter Hill en 1979. Les bandes de jeunes délinquants eurent leurs heures de gloire, si on peut en parler ainsi. Eloy de la Iglesia prendra plusieurs années avant d'être apprécié par les critiques de cinéma, pas par la jeunesse espagnole qui a remplit les salles à l'époque. Le coffret du cinéma Quinqui présenté par Artus Films participe à l'appréciation d'un réalisateur émérite.

Offert dans le coffret de trois films: Le Cinéma Quinqui, Blu Ray + DVD chez Artus Films. En supplément: Le cinéma selon Eloy de la Iglesia par Maxime Breysse et Laureano Montero, Fascinant. Dans le coffret, on retrouve aussi un magnifique livret de 96 pages signé David Didelot " Cine Quinqui : les loups sont dans la rue ", supplément incontournable. Mario Giguère

PLATILLOS VOLANTES aka Flying saucers - Óscar Aibar, 2003, Espagne 

Basé sur une histoire vraie. Barcelone, 1972. On débute par la découverte de deux corps décapités sur une voie de chemin de fer. Retour en arrière. Le film nous raconte l'histoire extraordinaire de deux mordus d'ufologie, le jeune Juan et le bourru Jose. Travaillant au sein de la même entreprise, ils se rencontrent grâce au courrier que Juan reçoit des témoins oculaires de passages de soucoupes volantes. Mais Jose reçoit des instructions d'un extraterrestre et ils feront tout en leur pouvoir pour réunir en secret les dirigeants mondiaux pour l'arrivée des êtres de l'espace. Ce faisant, sous le régime de Franco, ils seront suivis à la trace par la police qui les soupçonne de comploter avec les communistes.

Il faut le faire, réaliser un " feel good movie" à partir de l'histoire véridique de deux mordus de soucoupes qui finissent la tête tranchée. L'humour est toujours au rendez-vous dans cette chronique douce amère du destin tordu de gens déconnectés d'une réalité qu'ils ne peuvent digérer. Juan doit satisfaire les désirs sexuels de la grosse femme de son patron pendant que sa fiancée refuse ses avances. José ne communique plus tellement avec sa femme, mais pratique l'écriture automatique et essaie de purifier son corps pour le grand jour. Les situations sont tordantes et en même temps on éprouve de la sympathie pour ces personnages véridiques en marge d'une société banale. Ca devient carrément surréaliste quand la police les enferment pour se rendre compte que ce ne sont que des "clowns" pacifiques. Le final vire dans le drame qui se transforme à la dernière minute en ode à la joie totalement jouissif ! Chapeau ! Mario Giguère

RAPE aka DESNUDA INQUIETUD - Miguel Iglesias, 1976, Espagne

Pour enquêter sur l'étrange décès de leur ami rouquin bien portant, deux parisiens se rendent dans un patelin des Pyrénées espagnoles où il aurait passé quelques temps avant de passer l'arme à gauche. Très vite, les deux enquêteurs en herbe tombent sur la piste de Maria, une jeune femme soupçonnée de sorcellerie par une bande de péquenots alcooliques qui aurait fui le village aux côtés de son vieux père moustachu. Peu adeptes des superstitions de comptoir, nos braves français retrouvent la trace de la jeune femme dont les charmes n'échappent alors à personne: l'indécente arbore de plongeants décolletés, se baigne nue dans une rivière hivernale, et bat des paupières sur ses grands yeux de biche comme dans un cartoon des années quarante. Mais un soir de beuverie, son père perd la boule et tente assez misérablement d'en vider deux autres en foirant le viol de sa progéniture. Sous les cris de la pauvre victime, les fenêtres volent en éclats et les meubles se meuvent tout seuls... Mais alors? Ne serait-elle pas la réincarnation de la princesse aztèque Moctezuma dont le peuple en peau de bêtes fut jadis pourfendu par les sanguinaires conquistadors?

Drôle d'histoire que celle de "Desnuda inquietud", un titre certainement plus sage que l'anglo-saxon "Rape" qui pue le racolage de bas étage. On retiendra quelques amusants éléments, tels la description rétrograde d'une campagne ibérique primitive bercée d'élans xénophobes anti français, l'érotisme timide-mais-pas-trop permettant de savourer la plastique de Nadiuska (actrice bavaroise qui fut la maman de Conan dans le film de John Milius), et surtout les flashback ringards revenant sur la vie antérieure de Maria en princesse aztèque fashion tournés dans la cambrousse madrilène. Miguel Iglesias, auparavant réalisateur du rigolo "Dans les griffes du loup-garou" avec Paul Naschy, ne livre pas quelques chose d'inoubliable, mais ça a au moins le mérite d'être amusant. Kerozene

RAZZIA aka THE BARCELONA KILL aka LA REDADA - José Antonio de la Loma, 1971

De passage à Barcelone, un journaliste américain (John Austin) est témoin du meurtre d'une jeune femme. Accompagné de sa petite amie (Linda Hayden), il va mener l'enquête et découvrir une grosse affaire...

Extrêmement scénarisée, cette histoire un peu laborieuse a du mal à susciter l'intérêt. La beauté de l'actrice principale ainsi que le cadre de l'action (les collines et le port de Barcelone) sauvent en partie la mise. En revanche, la musique de Stelvio Cipriani est très en deçà de sa production de l'époque. Les trop rares scènes d'action sont de bonne facture. Au cours de l'une d'entre elles, un homme se fait fracasser le crâne contre les murs de son appartement sordide, avant d'être balancé dans la cage d'escalier. A noter encore une jolie poursuite en bagnole qui s'achève par l'explosion d'une station service (comment ça c'est comme dans BULLITT ? , ainsi que le spectaculaire assaut d'un village de pêcheurs. Pas terrible terrible mais pas nul non plus... Stelvio

[REC] - Paco Plaza et Jaume Balagueró avec Manuela Velasco, Javier Botet et Martha Carbonell. 2007, Espagne

Une équipe télé fait un reportage sur la vie des plombiers dans une caserne. L'alarme sonne et l'équipe quitte la caserne pour suivre les pompiers sur le lieu du drame. À leur arriver, une femme âgée est folle furieuse et tachée de sang au milieu de son appartement. Elle s'avance et elle mord un pompier jusqu'au sang. Ca ne sera que le début du drame.

À la manière de CLOVERFIELD, BLAIR WITCH PROJECT et CANNIBAL HOLOCAUST, etc. [Rec] est un "film reportage avec la vision de la caméra". Le film fonctionne comme un train fantôme avec peurs, frissons et effets chocs. L'interprétation est convaincante et la réalisation de ce petit budget est sans fautes. Mais par contre, il n'y a rien ici de bien nouveau et d'exceptionnel, mais ça divertit moindrement si le spectateur est peu exigeant.

Je m'attendais à vraiment plus, suite à l'engouement des gens autours de moi et par le "hype" d'Internet pour la chose, et je dois admettre que le film m'a déçu dans la mesure où c'est une redite de ce que nous avions déjà vu. Pour conclure, un film vite vu et vite oublié. Il est à noter que QUARANTINE, le remake U.S de [Rec] s'en vient cet automne. Black Knight

Premièrement ça débute sans fioriture, contrairement à toute la campagne publicitaire pour le remake américain, on ne fera pas semblant de nous présenter un quelconque truc basé sur des faits vécus. Secundo, on ne prend pas trop de temps à entrer dans le vif du sujet, contrairement à l'interminable prologue de Cloverfield qui s'éternise sur presque vingt minutes. Tertio, on ne lésine pas sur les surprises et les effets réussits. On s'attend bien à ce qu'il se passe quelque chose et tout l'art du film de frousse réside dans la capacité de nous surprendre pour autant que l'on se prête à l'exercice. Oui, on revient à la fatalité qui m'avait frappé dans le cinéma italien zombiesque, d'ailleurs on se demande ce qui peut bien se passer après la fin de l'enregistrement. Car il y a de la place pour une suite, on ne répond pas à toutes les questions. D'ailleurs l'explication des origines de toute cette catastrophe me semble originale, au-delà des considérations du genre: "je préfère ne pas tout savoir" japonais ou "faut qu'on m'explique tout" américain, il y a tout un non dit qui demeure plus qu'intriguant. Ajoutons qu'à mon avis, les acteurs sont bien choisit, que la journaliste qui énerve au début est drôlement efficace plus on avance et j'ai passé, aie-je besoin de l'ajouter, un sacré bon moment. Vive l'Espagne ! Mario Giguère

[REC] 2 - Jaume Balagueró & Paco Plaza avec Manuela Velasco, Ferran Terraza, Pablo Rosso, 2009, Espagne, 85m

Dans les minutes qui suivent le premier film, une équipe d'intervention et un médecin se préparent à entrer dans l'immeuble ou les soldats et les premiers pompiers répondants ne donnent plus signe de vie. Rapidement, il est apparent qu'il ne s'agit pas d'un virus qui se propage dans l'air, mais comme la rage, au contact du sang ou de la bave. Il devient aussi apparent que ce médecin qui les accompagnent et qui est le seul à pouvoir les en faire sortir grâce à un appareil de reconnaissance de la voix leur cache la vérité. Une vérité troublante, pendant que les victimes s'accumulent à la suite d'attaques soudaines et d'une sauvagerie extrême.

Tout était dans les dernières minutes du premier film ou l'on nous laissait voir clairement que l'origine de l'infection qui frappe les locataires de l'immeuble avait rapport avec une sombre histoire de possession. Si la suite peut surprendre, elle est tout à fait logique et d'autant plus efficace. Car au point de vue de la mise en scène, elle est toujours aussi réussie, certains plans nous frappent avec une férocité surprenante. Il y a une curieuse insertion dans le film du point de vue de trois ados qui choisissent de suivre un résident et un pompier qui réussissent à entrer dans l'immeuble par les égouts. Méchante erreur qui aura des conséquences terribles pour tous ceux impliqués, ce qui est presque jouissif au regard des ados écervelés qui s'en tireraient mieux dans un film plus conventionnel. D'ailleurs il règne un nihilisme dans le scénario qui rappelle certains films de zombis italiens qui n'avaient aucune pitié pour ses personnages auxquels on s'accroche en vain.

Bref, il est difficile d'imaginer ou les réalisateurs pourraient amener une suite, mais celle-ci est une réussite. Mario Giguère

REC 3 GENESIS - Paco Plaza avec Leticia Dolera, Luiso Berdejo, 2012, Espagne, 80m

Jour de mariage somptueux pour Koldo et Clara. Parmi les invités, tonton Victor, qui a été mordu durant la journée par un chien que l'on croyait mort. Alors que la journée avance et que la dance bat son plein, Victor n'est plus vraiment lui-même et les mariés sont séparés pendant que l'infection se propage et que multiplication des infectés prend des proportions dantesque.

Le tout se passe durant la même nuit que les deux premiers films. Pour des raisons que j'ignore, les deux réalisateurs de la saga se sont partagés deux suites, Jaume Balaguero fera un quatrième film qui s'annonce totalement sérieux et apocalyptique. Ici, Paco Plaza y va surprenamment avec quasiment un hommage aux films des années 80, avec une distanciation et un humour noir décapant. On pense au Demons de Lamberto Bava, à Dellamorte Dellamore pour l'histoire d'amour en territoire miné ou à Brain Dead de Peter Jackson voire un Evil Dead pour la mariée qui s'accroche è sa scie à chaîne pour dégommer les démons. Démons qui seraient tous l'incarnation de la même "personne" à en croire les reflets dans les miroirs, une nouveauté dans la mythologie de la série. Alors pour ma part j'ai follement apprécié le tout mais j'imagine facilement que les puristes ont pu dénoncer la dérive vers cet humour particulier, jusqu'ici totalement absent des deux premiers opus. Ce petit bout de femme est au final une vraie guerrière ! La trame sonore prend aussi une place qu'on ne lui connaissait pas, multipliant les succès et chansons d'amour, contexte oblige. Pour ceux qui n'aiment pas le tournage caméra vidéo live, on la laisse tomber rapidement pour revenir à une mise en scène conventionnelle. Côté gore on est bien servit. Vivement la suite dont la bande annonce est fort prometteuse ! Mario Giguère

[REC]  4 APOCALYPSE - Jaume Balagueró avec Manuela Velasco, Paco Manzanedo, Héctor Colomé, Ismael Fritschi, 2014, Espagne, 95m

Ca débute après la fin du deuxième film et une équipe de soldats va poser des bombes pour faire exploser l'édifice et ainsi contenir l'épidémie démente. Ils entendent et portent secours à Angela, la journaliste, toujours vivante. Angela et ses deux sauveteurs se réveillent sur ce qui s'avère un bateau. Au travers de soldats pas trop sympathiques à leur cause, Ils sont soumis à des tests pour savoir s'ils sont infectés et rencontreront la seule survivante du mariage de Barcelone, vu dans Rec 3. Les scientifiques à bord tentent de trouver un vaccin au terrible virus, mais leur patient zéro , malgré toutes leur précautions, s'échappe. Tout deviens chaotique et Angela cherche des appuis pour s'en sauver, le médecin en chef menaçant, selon le protocole établi, de faire sauter la bateau s'ils ne parviennent pas à produire l'antidote.

SI le mot Apocalypse est un peu galvaudé, tout le film se passe pratiquement sur ce bateau, l'ambiance est réellement apocalyptique. Jaume Balagueró excelle dans le suspense et l'horreur, le rythme est trépidant et les menaces constantes. Pas grand temps pour se reposer et Angela semble détenir un secret qu'on ne comprends pas dans un premier temps. Les acteurs sont encore une fois excellents dans leur rôles, mentions spéciales au docteur en chef avec sa mine patibulaire ainsi que le second du capitaine, héros bien malgré lui. Si on connait bien le modus operandi du film de zombie, on pense aussi, plus le film avance, à un certain Alien de Ridley Scot. En dire plus pourrait vous gâcher votre surprise, mais l'atmosphère d'anxiété permanente en font une autre réussite pour le réalisateur. Recommandé. Mario Giguère

La RESIDENCIA aka La Résidence aks The House that Screamed - Narciso Ibáñez Serrador avec Lilli Palmer, Cristina Galbó, John Moulder-Brown, Maribel Martin, Mary Maude, 1969, Espagne, 112m

Je ne sais pas ce qu'il se passe avec ce film, mais tout le monde essai de se le procurer!? Mais qu'est-ce qu'il a ce film? Pourtant rien de spécial bordel!

C'est l'histoire d'une fille qui se retrouve dans un pensionnat (de jeunes filles bien sur) où se déroulent des meurtres sordides. Le but du jeu est, comme d'habitude, de deviner qui c'est le déglingo du coin qui zigouille, peu c'est vrai, mais qui zigouille quand même.

Une histoire de type slasher, avec quelques tics "prison de femme" mais une extrême pudeur malgré tout. Les filles se douchent en chemises de nuit!! Non mais vous vous rendez compte un peu!!

Bon, à part ça, il est vrai que l'histoire permet un certain suspense, mais bon... vraiment pas de quoi fouetter un chat! Franfran

En France, au 19ème siècle, un homme accompagne sa nièce qui va se retrouver dans une résidence pour ramener dans le bon chemin de jeunes femmes délinquantes. Dans son cas c'est uniquement parce qu'elle est quasi orpheline. Rapidement, il est évident que l'endroit est mené d'une main de fer dans un gant rude et que quelques préférées accompagnent Madame Fourneau dans des séances punitives discrètes aux allures de sado masochisme. Il se trouve aussi que des filles disparaissent sans laisser de trace depuis un certain temps. Il faut aussi mentionner que le fils de la patronne est hébergé quasi clandestinement dans la résidence.

Je connaissait le réalisateur pour son deuxième et dernier film pour le grand écran, le très apprécié Les Révoltés de l'An 2000. Il a surtout oeuvré pour la télévision, comme scénariste et réalisateur. Avec une brochette d'actrices impeccables, visant le marché international, Serrador additionne les perversions dans une atmosphère alors proche des succès de la firme Hammer. Dans un décor quasi unique, l'atmosphère semble propice à tous les abus, mais l'ensemble reste prude, époque oblige, les demoiselles prennent leur douche avec une jaquette. J'ai vu l'édition de la collection Movie Macabre, donc présentée et commentée par l'animatrice Elvira. En principe le film ne se prête pas vraiment aux blagues salées de la pulpeuse dame, elle trouve tout de même le moyen de nous faire sourire et de détendre l'atmosphère. Quelques personnes voient une parenté avec Suspiria de Dario Argento, ça ne m'est pas venu à l'idée en le regardant. Un très bon film, chaudement recommandé. Mario Giguère

REST IN PIECES aka Descanse en Piezas - José Ramòn Larraz, 1987, États Unis / Espagne, 1h30

Un petit couple se rend dans une ville perdue au fond des USA pour l'ouverture du testament d'une riche tante, qui laisse à sa nièce tout ce qu'elle possède. Après son incinération, on apprend qu'elle leur lègue entre autres 8 millions de dollars, qui sont dissimulés quelque part dans son manoir, mais aussi les résidences attenantes, qui sont occupées par un étrange groupe d'amis qui, visiblement, n'ont jamais payé de logement à feu la vieille. En essayant de démêler tout ça, le couple fera bien des découvertes, allant du lugubre au macabre en passant par l'improbable.

Larraz signe ici un film étrange, tiraillé entre ses origines - et une lenteur - espagnoles et les exigences des thrillers produits aux USA : rythme, téton et musique cheap. On retrouve son sens du cadrage inquiétant et le thème de la vie éternelle qu'il semble affectionner (que ce soit grâce au vampirisme ou à autre chose) mais sinon, on cherche sa touche en vain.

Il n'y a pas vraiment d'explication rationnelle qui vient excuser le non-sens du scénario, et c'est une lacune majeure du film; on ne connaît pas les limites - ni les motivations d'ailleurs - de la "menace" qui plane sur le couple, qui n'est finalement pas très sympathique : la blonde n'a aucune couleur psychologique, et son mari semble intéressé uniquement par le fric de l'héritage. J'étais d'ailleurs à la fois surpris et déçu qu'il refuse les avances sexuelles de la bonne, qui est plutôt sexy, et qui suite à ce refus décide tout bonnement de ne jamais se dévêtir. On a donc droit à Lorin Jean Vail en slip à quelques reprises, mais cette image n'est pas très convaincante.

Scott Thompson Baker, le mari baigné de conflits, est apparu la même année dans OPEN HOUSE de Jag Mundhra, et est par la suite devenu un meuble dans l'édifiante série GENERAL HOSPITAL. On note la présence au générique de Jack Taylor, qui personnifie un aveugle, ses magnifiques yeux constamment dissimulés par ses verres fumés. Dommage, un peu comme tout le film, d'ailleurs. Orloff

Les REVOLTES DE L'AN 2000 aka Los ninos - Narciso Ibanez SERRADOR. 1976

Le film débute par un pré générique composé de commentaires réels, souvent insoutenables, pour justement nous prévenir que les véritables victimes des guerres, des famines, de toutes les misères du monde, sont toujours les enfants.

Une bonne morale que le réalisateur espagnol essaye de nous faire passer...

Dans une île perdue, des enfants ont éliminés, voir massacrés toute présence adulte.

Ces fameux gamins tuent apparemment pour jouer, mais en fin de compte le temps de la revanche a sonné, histoire que les adultes payent de leur vie leurs fautes.

C'est ce que va découvrir un couple anglais en vacances en Espagne et qui débarque sur cette fameuse île maudite.

ATTENTION DONC AUX ENFANTS ASSASSINS !!!

Ce film est grandiose, prenant, sans trop de scènes sanglantes il faut bien l'avouer, mais franchement pas nécessaire.

Il y a tout de même des séquences mémorables, dont une que j'aime tout particulièrement, celle ou nos charmants bambins détournent la fameuse coutume locale, un pot de bonbons suspendu à un arbre qu'il faut briser à coups de bâton, sauf que là le pot est remplacé par un vieillard pendu par les pieds, sur lequel les garnements s'acharnent à coups de serpette.

Que dire aussi de cette terrible (terrible pour notre héros) fin, qui me fait penser un peu à celle mythique de LA NUIT DES MORTS VIVANTS, du grand, pas par la taille mais par le talent, G.A ROMERO.

Tout simplement un régal, j'ai jubilé !!!!

Un film a voir absolument, voilà ce que j'en pense...

CONCLUSION :

Après on nous dit "mariez vous et faites des gosses !!!"

Héhéhé ... Badboy 6893

ROJO SANGRE aka Blood Red - Christian Molina, 2004, Espagne, 1h30

Pablo Thevenet (Paul Naschy) est un acteur d'un certain âge qui lutte pour obtenir des petits contrats et qu'on a visiblement relégué aux oubliettes sans lui en faire part. Personne ne le connaît dans les castings où il se rend, et on lui dit qu'il se prend pour Brando. Il en a un peu marre mais son agent ne semble pas très chaud à l'idée de le sortir de la merde. Il lui propose toutefois un contrat de "statue vivante" à l'entrée d'un club, contrat pour lequel senòr Thevenet doit se déguiser en Gilles de Rais, Yvan le Terrible, Raspoutine, et j'en passe. Un riche producteur de films lui proposera aussi un contrat un peu véreux, mais la situation financière de Pablo est tellement critique qu'il acceptera tout de même. Serait-il en train de s'enfoncer dans une situation qui pourrait lui coûter cher ?

Le départ de ce synopsis vous semble familier ? Il l'est. Sur un scénario largement autobiographique écrit par Naschy lui-même, Christian Molina (rien à voir avec Jacinto, malgré la coïncidence troublante) nous torche un film "nouvelle vague espagnole" assez efficace malgré son propos à dormir debout. On y retrouve avec bonheur toute l'irrévérence et l'égocentrisme de Naschy, et le délectable vieillard y met la gomme !

Tous les personnages qui gravitent autour de l'univers du club pour lequel Thevenet travaille semblent avoir été choisis en raison de leur allure et de leur gueule; Miguel Del Arco, le patron de la boîte, a une drôle de tronche un peu diabolique, tandis que son assistante, interprétée par la transsexuelle Bibì Andersen - qui fut découverte dans CHANGE OF SEX de Vincente Arranda, en '77, et qui fit par la suite partie de la distribution d'un nombre assez élevé de films d'Almodovar - éveille tout autant les soupçons de l'audience.

La réalisation, bien que saturée d'effets spéciaux, est superbe et posée, nous offrant les transitions les plus spectaculaires et inventives que j'aie vu depuis fort longtemps. Christian Molina en est à sa première réalisation, après avoir travaillé comme assistant sur quelques joyaux comme AIRBAG en '97, et il ne serait pas superflu de surveiller ce qu'il aura à nous offrir comme prochaine oeuvre... Orloff

ROMASANTA - Paco Plaza avec Elsa Pataky, Julian Sands, 2004, Espagne 

Espagne, 1853. Des corps mutilés sont retrouvés en grand nombre et la police s'efforce de trouver le coupable tout en cachant la vérité au peuple. Un scientifique venu à l'aide de l'inspecteur confirme l'impensable: les victimes ont été dévorées par un homme.

Basée sur une histoire vraie, Manuel (Julian Sands) se croit/est un lycanthrope, un homme qui se transforme en loup-garou à la pleine lune grâce à une pommade faite entre autre avec du gras de jeunes enfants. Dans un final trop rapide, le procès de Manuel débouche sur la non-culpabilité de l'homme, pour cause de maladie mentale, un curieux verdict amené par l'intervention de la Reine. Le film prend des libertés avec l'histoire, nous montrant l'acolyte de Manuel, un homme dont aucune trace n'a été retrouvée à l'époque.

Dans l'esprit d'un classique de la Hammer, le film est d'une sobriété efficace, on pense au jeu vacant d'hystérisme de Sands, sombre et menaçant, chargé d'érotisme. La scène de transformation est la meilleure que j'ai vu depuis des années, efficace et originale. La photographie est superbe. Il fait bon replonger le temps du film dans une époque somme toute pas si lointaine ou la magie et le surnaturel faisaient partie du quotidien. On pense au Pacte des Loups, un autre film qui approche un fait véridique avec succès. À voir. Mario Giguère

ROTTWEILER - Brian Yuzna avec William Miller, 2004, Espagne, 94m

2018, sud de l'Espagne. Un camp à ciel ouvert destiné à récupérer les malchanceux de l'immigration a été érigé en plein désert. L'absence apparente de murs d'enceintes est compensée par le no man's land alentour, des gardes armés et de solides molosses aux mâchoires d'acier. Apparemment ce dispositif dissuasif n'effraye nullement deux prisonniers menottés l'un l'autre par le poignet, qui décident de foutre le camp de cet enfer. Lancé à leur trousse un Rottweiler ne tardera pas à les rattraper et à s'en choper un qu'il boulottera tout cru. Dante, le deuxième fuyard parvient quand à lui à s'enfuir avec à l'extrémité de sa main encore menotté, le bout de bras de son compagnon d'infortune (ça peut paraître horrible, mais en fait, cela prête à sourire dans le film !). La course poursuite qui s'engage alors entre le fuyard et la bête ne fait que commencer. Elle sera parsemée de sang chaud, de nombreux cadavres et de poil de chien...

Le personnage de Dante étant très proche de celui d'un benêt amnésique, le scénario se construit autour de flash-backs volontairement incomplets, et nous sera dévoilé qu'avec parcimonie. Ainsi, entre chaque scène d'action, nous aurons donc le droit à notre bout de puzzle sensé piquer notre intérêt, intérêt surtout rattaché il faut bien le dire, à l'apparition du toutou baveux aux yeux bleus fluorescents à qui on a collé sur la tronche des décalcomanies de type cicatrices profondes ! Car se chien aux crocs métalliques, qui résiste à tous les assauts est en fait un véritable terminator version canine... et Dante va le comprendre à ses dépens.

Yuzna dans sa mise en scène volontairement simpliste, presque barbare, semble bien insister sur le caractère personnel de cette traque. ROTTWEILER reste, sans mauvais jeu de mot un film bâtard, oscillant constamment entre un produit tout public et un vrai bis offrant quelques scènes d'attaques d'une violence rare. Bref, ce qu'on pourrait appeler une série Bzzzz (entre la série B et la série Z donc !). Malgré la linéarité de l'ensemble, Yuzna parvient à insuffler un rythme d'ensemble qui permettra d'avaler cette pâté sans trop grimacer. Marc Evil

SECOND NAME aka El Segundo nombre- Francisco Plaza, 2002, Espagne 

Après le suicide de son père, Daniella (Erica Prior) veut connaître la raison qui l'a poussé à commettre son geste. Elle ne tardera pas à découvrir que toute sa vie a été basée sur des mensonges et que son père et tout son entourage font partie d'un ordre religieux ou infanticide fait partie du quotidien.

Mêlant conspirations religieuses, recherche existentielle et référence à Polanski (Rosemary's Baby principalement), Plaza nous sert comme premier long-métrage à la photo sublime, un film certes maladroit mais efficace.

Les références religieuses sont souvent tirées par les cheveux et plusieurs scènes auraient dû être coupées du montage. Je pense ici à la présence complètement inutile du policier (sa participation n'aide ni à l'enquête de Daniella, ni à l'avancement du scénario) ainsi qu'aux scènes se déroulant à l'asile qui aurait bénéficiés d'un remontage (j'suis put capable de voir des fous, joués par des acteurs normaux, qui applaudissent pour rien tout en bavant sur eux-même en faisant de petits cris! Pitié!). Il y a aussi les dialogues qui frôlent souvent le cliché grotesque et la performance souvent douteuse de plusieurs comédiens (seule Erica Prior montre un réel talent).

Mais le film n'est pas mauvais en soi. L'atmosphère mélancolique très bien rendue ainsi que le "suspense" qui se glisse doucement capte notre attention et rend le visionnement très agréable en plus d'aider à oublier les éléments qui n'aurait jamais dû survivre au ciseau du monteur.

Ce que nous conservons à la fin du générique c'est ce sentiment d'impuissance de l'héroïne face aux événements qui se bousculent ainsi que l'atmosphère qui s'en dégage.

Pas parfait mais un bon divertissement fait avec honnêteté. Mathieu Prudent

Site Officiel : elsegundonombre.com

 

La SECTE SANS NOM aka LOS SIN NOMBRE aka THE NAMELESS - Jaume Balagueró, 1999, Espagne

Le corps mutilé d'une jeune fille est retrouvé et seul son handicape (une de ses jambes est plus courte que l'autre) permet de l'identifier. Cinq ans plus tard, la mère de la victime, depuis séparée de son époux, reçoit un coup de fil de la part d'une fille apeurée qui affirme être sa fille ! Dès lors, elle fera tout pour découvrir la vérité avec l'aide d'un flic veuf et désabusé. Ils mettront alors à jour une mystérieuse secte vouant un culte au mal absolu.

Jaume Balagueró signe ici un premier film efficace dont la mise en scène s'avère assez soignée. Il parvient sans problème à capter l'attention de son audience grâce à une atmosphère par moment gentiment frissonnante et grâce à des effets de montage très "vidéo clip" censés accentuer l'aspect glauque et malsain de son film. Il distille également quelques images horrifiques bien senties, comme le corps de la fille au début ou encore de rapides extraits de snuff movie. La fin du film risque par contre d'en laisser plus d'un sur sa faim. En ce qui me concerne, je l'ai trouvée quelque peu prévisible mais pas désagréable pour autant. Kerozene

The SOUND OF HORROR aka El Sonido de la Muerte - Jose Antonio Nieves Conde avec James Philbrook, Arturo Fernandez, Soledad Miranda, Ingrid Pitt, Lola Gaos, 1966, Espagne, 91m

Un groupe de chercheurs de trésors, les deux femmes et le chauffeur qui les accompagnent, explorent une série de grottes en Grèce. Ils ouvrent leur chemin à la dynamite et arrivent devant une momie ancienne. Ils trouvent un oeuf d'une créature inconnue, mais le spectateur a bien vu qu'il s'y trouvait aussi un autre oeuf, qui va craquer et laisser sortir une créature qui va presque instantanément devenir invisible. Calliope, qui les accueille dans une maison non loin, n'aime pas qu'ils dérangent un endroit qualifié de maudit par les villageois environnants. Ils sont rejoint par deux vieux amis qui ont enfin la deuxième partie de la carte au trésor déjà aux mains de l'équipe. Tout ce beau monde est attaqué et menacé par le dinosaure invisible.  

Ce n'est certainement pas le titre qui m'a attiré vers ce petit film espagnol, mais bien évidemment la présence de Soledad Miranda, future égérie de Jesus Franco, et Ingrid Pitt, future star de la Hammer. Elle sont bien jeunes et cantonnées dans des rôles de faire valoir, d'intérêt romantique ou de cuisinière. C'est une autre époque, comme on dit, loin des rôle de vamp à venir. Le héros sont donc des hommes d'âge mur tout ce qu'il y a de plus classiques. Lola Gaos est Calliope, le personnage le plus intéressant, celle qui connait la malédiction, mais non cette créature et qui n'hésite pas à aller chercher de l'eau en pleine nuit, alors que la maison est fermée et que tout le monde dort. Mauvaise idée. Le son de la terreur, ce cri qui mélange une sonorité aigue et des borborygmes humains, est bien fait. Les quelques empreintes de la bête ou un court passage ou on la voit en transparence ou en ombre dans la fumée sont furtifs, mais probablement nécessaires vu le budget qui semble mince et le look un peu banal de dinosaure. Sinon c'est pas mal pour l'époque, rien d'exceptionnel, mais pas désagréable. On préfèrera Caltiki, Monstre Immortel de Mario Bava sorti en 1959. Mario Giguère 

STAR KNIGHT aka El Caballero del dragón - Fernando Colomo, 1985     

Au moyen âge, dans le château d'un vieux baron, travail un alchimiste (Klaus Kinski) qui invoque une sorte d'entité divine. Surgit alors un vaisseau spatial piloté par un homme vêtu d'une combinaison "gigerienne". La population paniquée hurle au dragon pendant que la fille du baron tombe amoureuse de l'humanoïde de l'espace au grand dame d'un Harvey Keitel qui ne rêve que de devenir chevalier et d'épouser la belle et pour se faire, part à la chasse au "dragon".

Le mélange film historique - science-fiction matiné de comédie (car il y en a, voir les apparitions du chevalier vert gardant un misérable pont) ne prend pas une seconde et le résultat est des plus déconcertant. Kinski ici dans un rôle alimentaire est égal à lui-même dans un rôle d'une inhabituelle sobriété et Keitel est bien ridicule dans son armure, de plus, le doublage français n'arrange absolument rien. Kerozene

SUPERARGO CONTRE DIABOLIKUS aka Superargo contro Diabolikus aka Superargo, el hombre enmascarado aka Supersonic Man - Nick Nostro avec Ken Wood, Loredana Nusciak, Gérard Tichy, Monica Randall, Italie/Espagne, 1966, 84m

 Superargo est un lutteur remarquable qui tue par accident son adversaire, Le Tigre, lors d'un combat. Le Tigre était son meilleur ami et l'homme masqué est effondré. Un de ses amis, le colonel Kinsky, lui propose de mettre sa force prodigieuse au service de la justice en travaillant pour Scotland Yard. Pour convaincre ses propres collègues du bien fondé de l'idée de lui confier cette tâche, Kinsky fait subir une batterie de tests qui démontre son endurance et sa force hors du commun. Voilà notre héros masqué, au grand plaisir de sa copine, qui retrouve le goût de vivre et qui part incognito vers le repère de Diabolikus, un mégalomane qui fait chanter le monde. Grâce à sa découverte qui lui permet de transformer tout métal en or, il menace de faire s'écrouler l'économie mondiale. Heureusement, Superargo s'en mêle.

J'ai souvent pensé à Santo et le Trésor de Moctezuma, un Santo dans un récit James Bondien mais ou il est en duo avec un bellâtre qui joue à se prendre pour Sean Connery. Mais ici SuperArgo est seul pour s'occuper de tout et il jouit d'une force presque hors du commun et est donc plus proche d'un Batman avec les gadgets qui lui sont confiés. Les femmes complices des deux hommes plus grands que nature sont des beautés remarquables et la copine de mégalomane, la belle Loredana Nusciak, est particulièrement craquante et méchante, les coiffeurs et costumiers ayant fait un travail remarquable avec l'actrice. Le film est mené sur un rythme endiablé et Gerard Tichy joue un Diabolikus hyper sérieux qui frappe l'imaginaire. On ne niera pas que l'influence de la série James Bond et particulièrement de Goldfinger est omniprésente, mais c'est bien fait, avec un héros au gabarit et à la souplesse remarquable. C'est visuellement excitant, tant au niveau des costumes que des décors et on passe un très bon moment dans cette adaptation de fumetti qui connaîtra une suite deux ans plus tard.

En bonus sur l'édition d'Artus Films : Superargo, l'homme d'acier - entretien avec Ferruccio Castronuovo, assistant réalisateur; L'invincible Superargo par Curd Ridel; un diaporama d'affiches et photos et les bandes-annonces de la collection Ciné Fumetti. Offert en version française et Italienne avec sous-titres. Mario Giguère

SWEET HOME - Rafa Martínez, 2015, Espagne / Pologne

"En Espagne, 85% des expulsions de logements se déroulent normalement. 13% se déroulent dans la violence. 2% se déroulent autrement." Ainsi débute ce film qui laisse dès lors entrevoir une histoire relativement prévisible, et c'est exactement celle-ci qui va s'étaler à l'écran. Alicia, une jolie blonde au service d'une boîte qui travaille dans je ne sais trop quoi, évalue la salubrité d'un immeuble dont le dernier locataire est un vieillard sosie d'Alejandro Jodorowski qui lui explique que les propriétaires sont prêts à tout pour l'expulser afin de rénover l'immeuble et d'en tirer tout plein de petits appartements qui leur apporteront beaucoup d'argent. Il se trouve que ce jour-là est aussi l'anniversaire du petit ami américain d'Alicia. Pour marquer le coup, celle-ci l'invite dans un appartement vide de ce même immeuble pour une soirée romantique éclairée à la chandelle. Une soirée qui est aussi celle où un trio de criminels débarque pour débarrasser la bâtisse de son dernier locataire, faisant du couple une paire de témoins gênants. S'en suit un jeu du chat et la souris dans un décor d'appartements délabrés illuminés de clairs obscurs permettant quelques images esthétiquement plaisantes. Celles-ci sont éclaboussées de scènes de brutalité souvent efficaces et parfois très sanglantes, mais salopées par une mise en scène sans réel panache qui plongent le film dans un thriller finalement trop routinier pour réellement intéresser. Cette production Filmax n'est certainement pas celle qui fera oublier le "Dream Home" de Ho-Cheung Pang (2010) dont la problématique sociale de base s'avère similaire, mais dont l'approche et le traitement étaient autrement plus efficaces et radicales. Kerozene


Jean Seberg

TERREUR AVEUGLE aka La CORRUPCION DE CHRIS MILLER aka The CORRUPTION OF CHRIS MILLER aka SISTERS OF CORRUPTION aka BEHIND THE SHUTTERS aka L'ALTRA CASA AI MARGINI DEL BOSCO - Juan Antonio Bardem avec Jean Seberg, Marisol, Barry Stokes, Perla Cristal, Gérard Tichy, Espagne, 1973, 1h30

Ruth Miller (Jean Seberg), styliste de mode solitaire et aigrie, passe des vacances en Espagne avec sa belle-fille Chris (Marisol, ex-enfant star de la chanson espagnole). Un hippie (Barry Stokes) s'introduit dans la grande maison. Les deux femmes l'accueillent, et se servent de lui (autant qu'il se sert d'elles) pour tromper leur ennui et exciter leurs désirs. Pendant ce temps-là, des meurtres sadiques, commis à la serpe ou au couteau, se produisent dans la région...

Encore un film rarissime, encore un giallo espagnol ! Quelle surprise, en outre, de retrouver derrière la caméra Juan Antonio Bardem, plus connu pour ses longs métrages "mainstream" (MORT D'UN CYCLISTE, classique du cinéma espagnol des années cinquante), et producteur de Luis Bunuel. Cinéaste respecté mais aussi très surveillé par la censure franquiste, Bardem (qui est le grand oncle de l'acteur Javier Bardem) devait régulièrement accepter des "commandes" pour continuer à mener ses projets plus personnels. Ce TERREUR AVEUGLE en fait partie. Il s'agit d'un authentique giallo, avec un tueur masqué portant houppelande et gants de cuir. Les scènes de meurtre sont bien amenées et forts sanglantes, valorisées par une partition bien lancinante de Waldo de Los Rios. La majorité du film voit les trois protagonistes principaux, le "bizarre love triangle" (les 2 Miller et le hippie, tous trois assez bien interprétés) s'épier, s'"allumer", s'engueuler et se fuir. Un peu longuettes, ces séquences permettent néanmoins d'apprécier tout le métier du vieux routier Bardem : jolis mouvements de caméra, multiplication de plans hitchcockiens (la blondeur de Jean Seberg et bien utilisée), bon sens du cadre. Le final marque une escalade, aussi brutale qu'inattendue, dans la bestialité et le macabre. A voir... si vous arrivez à le trouver ! Stelvio

THEY'RE WATCHING aka Nos Miran - Norberto Lòpez Amado, 2002, Espagne, 1h44

Juan (Carmelo Gòmez, L'ÉCUREUIL ROUGE) est un flic espagnol à qui on confie la réouverture de l'enquête sur un nommé Barreiros, disparu sans laisser de traces il y a déjà trois ans. Il découvre, dans le cadre de ses investigations, une immense filière qui documente abondamment tous les cas de disparitions ayant eu lieu en Espagne depuis les années '70. Cette filière fut constituée par l'inspecteur originalement chargé de couvrir la disparition de Barreiros, Medina, depuis lors devenu complètement fou et interné. Tout le monde autour de Juan lui conseille d'abandonner son enquête, prétextant qu'il y a des choses "qu'il vaut mieux de ne jamais savoir".

En Espagne, la "nouvelle vague" d'horreur occulte s'essouffle, mais NOS MIRAN ne semble pas touché par ce manque d'inspiration. Il y a dans ce film une sensibilité et une retenue toutes latines, qui évoque l'atmosphère d'inéluctable de REVENGE OF THE DEAD, de Pupi Avati... Le personnage interprété par Carmelo Gòmez sombre peu à peu dans une malédiction inévitable, rongé par ses nombreux conflits intérieurs, désireux de protéger à tout prix sa famille des "ombres qui guettent". Il y a beaucoup de choses qu'on ne nous explique jamais, peut-être pour préserver un certain climat d'étrangeté, mais cette absence d'éclaircissements serait plutôt agaçante.

La sobriété de la mise en scène et les effets spéciaux nuancés, servis avec parcimonie, évitent la surdose d'effets trop lourds. La musique - ici entité à part entière - en met par endroits un peu trop, mais est généralement superbe. Francisco Algora, un vieux routier espagnol, personnifie un confrère policier de Juan avec des mimiques et des sourcils qui rappellent étrangement au spectateur vigilant la dégaine de Tòmas Milian ! Orloff

TIERRA DEL FUEGO aka Terra del fuoco - Miguel Littin, 2000, Espagne/Italie/Chili 

Triste !!! mais Ornella Muti semble très bien se défendre dans cette MARDE ESPAGNOLE-ITALIENNE-CHILIENNE,etc...

A vrai dire sa présence est forte et solide mais pas besoin de parler Espagnol pour se permettre de ronfler et de baisser les gardes ! Cette chiotterie ferait envier les pauvres de ne pas pouvoir visiter l'Europe tellement c'est ennuyant et inintéressant comme sujet et traitement.

Gais, femmes ainsi que n'importe quels humains avec des oreilles fonctionnelles devraient sérieusement s'en abstenir et les autres se doivent d'être carrément des FANATIQUES DÉVOUÉS D'ORNELLA MUTI pour être en mesure de recevoir cette torture inhumaine qui nous est imposée lors de ces interminables 108 minutes d'enfer !! J'hésite encore a dire FANATIQUE DÉVOUÉS ou bien CAS PATHÉTIQUES FROLANT LA DÉMENCE !!

COMPTE FINAL :    

Ornella : 10

Esp/ital/chi : 0   Baron Blood

TORRENTE aka Torrente, el brazo tonto de la ley - Santiago Segura, 1998, Espagne 

José Luis Torrente (Santiago Segura) avale verre de boisson après verre de boisson derrière la cravate et arrête: il est minuit: faut aller travailler ! Il est flic et débute sa ronde... laissant des voyous vandaliser et brutaliser en riant jusqu'à ce qu'il voit un noir dans une ruelle, arrghhhh ! Le salop mange une raclée, mais il semblait juste en train de rentrer ses achats dans le coffre de la voiture... Il ramène son père à la maison, le pauvre handicapé qui quémande des sous... et Torente lorgne la cousine du vendeur de poisson, qui répond à ses avances, on ne comprend pas trop pourquoi, d'ailleurs ! Il est vraiment sordide Torente, affreux sale et méchant et il entraîne une bande de jeunes dans des aventures dangereuses pas possibles, dévoilant par hasard un trafic de drogue qui passe par le restaurant chinois du coin !

Segura compose un rôle de crapule sympathique, pas du premier coup, mais tellement déconnecté qu'il en devient surréaliste. Humour noir au menu, donc, avec une galerie de personnages crapuleux et de naïfs qui feront les frais du drôle de bonhomme. Pas de rémission pour Torrente ! Mario Giguère

TORRENTE 2 : MISSION IN MARBELLA - Santiago Segura, 2001, Espagne, 1h39 

Torrente est de retour, plus belliqueux que jamais. Un majestueux générique, clin d'oeil au kitsch sixties des ouvertures de James Bond, situe le personnage pour ceux qui ne sont pas familier avec la créature diabolique de Santiago Segura : un gros alcoolo, misogyne et mauvais joueur, qui n'est intéressé que par son confort personnel.

Après la disgrâce du premier épisode, il a été expulsé des forces policières de Madrid et est en exil à Marbella, où il flambe des sommes formidables au casino et dans les clubs, allant sans cesse d'un endroit à l'autre avec des poupées sous chaque bras. Un malencontreux tour de roulette lui fera perdre tout ce qu'il a, et il se verra forcé d'ouvrir une agence / école de détectives privés, assisté de son fidèle second, attardé et revendeur de drogues (Gabino Diego). Les deux idiots se verront malgré eux impliqués dans une guerre intestine entre un riche désaxé, qui fait chanter le maire de Marbella en menaçant de lancer deux missiles sur la ville, et l'oncle de Torrente, propriétaire de nightclub et magouilleur par excellence.

Segura possède cette touche magique, un don inné pour créer des situations hilarantes d'humour noir, et il récidive ici avec un succès tel qu'on ressort du visionnement avec l'impression que cette séquelle surpasse l'oeuvre originale ! Ce qui est plutôt rare... Les personnages sont règle générale fort savoureux, et l'humour vole très bas : misogynie, haine raciale, il y a même toute une sous-intrigue autour du second de Torrente, un débile léger, et ses amis attardés !

Les péripéties filent à toute allure et le rythme ne se relâche pas une seconde, et on se prend à espérer que Segura nous gratifiera d'un troisième volet dans un avenir rapproché, car le filon Torrente en est un qui gagnerait à être davantage exploité; quand on tient un personnage aussi fabuleux, un tel outil de critique sociale, on ne le laisse pas disparaître après deux films : il mérite au bas mot une octologie !!

Torrente est le Elvis Gratton des espagnols, à la différence que ses aventures sont réussies et subtiles, majestueusement photographiées et dialoguées ! Un must ! Orloff

TO THE LIMIT aka Al Lìmite aka La Ùltima Lecciòn - Eduardo Campoy, 1997, Espagne, 1h30

Au son tonitruant de RADAR LOVE, un majestueux plan séquence nous révèle deux êtres qui, du haut d'un balcon, devant un commerce déserté, se débattent. Ce n'est certainement pas l'amour qu'ils s'apprêtent à faire, car l'homme porte des gants et la fille a l'air tout sauf excitée. L'homme, avant de la tuer, appelle la ligne ouverte d'une émission de radio à sensation animée par Elena (Béatrice Dalle, toujours aussi pulpeuse) et informe son public qu'un assassinat est en cours. Le lendemain, en constatant qu'un corps mutilé a bel et bien été retrouvé par la police, la traque au tueur commence.

Voilà un thriller espagnol qui a au moins une originalité : on nous révèle dès le départ l'identité du tueur, et bien qu'il commette ses crimes gants en main, on est loin du giallo. L'intrigue se concentre surtout sur le jeu risqué qu'il joue avec les autorités, augmentant lui-même de jour en jour les risques de se faire prendre. Le vilain, interprété par Juanjo Puicorbé (AIRBAG, et interprète de Pepe Carvalho dans la série du même nom), a une sale tête et profite de ses connaissances des tueurs en série pour se foutre de la gueule de la police.

Elle a fière allure, cette police. Ça donne envie de déménager à Madrid ! Bud Spencer interprète ici un commissaire ventru, rôle dramatique dans lequel il ne détonne pas, ne résistant cependant guère à l'impulsion de quelques tics qui l'ont popularisé - il se passe la main dans le visage de découragement, se pince l'arrête du nez lorsque son personnage doit paraître confus ou fatigué... Il n'a pas vraiment changé depuis la belle époque des claques en vrac, et sa stature est toujours aussi imposante, quelques cheveux gris en plus.

Maria, la magistrate s'occupant de l'enquête, prend vie grâce à Lydia Bosch, blonde affolante au visage à la fois autoritaire et sexy, qui a fait ses débuts au cinéma aux côtés d'Harvey Keitel et de Klaus Kinski dans STAR KNIGHT (1985) et poursuivi depuis une carrière pépère d'actrice télé. Mais la véritable bombe est ici Béatrice (THE BLACKOUT de Ferrara, À LA FOLIE), ses seins la précédant fièrement, ses lèvres incroyables annonçant chaque latinerie qu'elle prononce, pleine d'attitude et prête à tout pour faire avancer sa carrière.

Détail insignifiant pour certains, un juge que l'on aperçoit dans quelques scènes est interprété par Rafael Romero Marchent, un zigoto âgé et rondelet qui a débuté sa carrière comme acteur en '46 et qui est devenu, dès '65, un des plus importants et prolifiques réalisateurs de westerns espagnols, ayant réalisé entre autres SARTANA KILLS THEM ALL (1971) et SANTO VS. DR. DEATH (1973) !!

Pour compléter le portrait des références espagnoles obscures, Rosanna Yanni, véritable icone de la série B latine (SADISTEROTICA, KISS ME MONSTER), fait une apparition !

Le réalisateur, Eduardo Campoy, un producteur hyperactif, a entre autre travaillé sur le BULGARIAN LOVERS (2003) d'Eloy de la Iglesia ! Paradoxalement, sa carrière de réalisateur s'est arrêtée en '97, juste après Al Lìmite... Pas que le film soit mauvais, mais on a déjà vu tout cela auparavant, et s'il n'y avait pas tant de visages connus à l'écran, on l'oublierait très vite ! Pour les curieux.

P.S. - Le film n'est probablement jamais sorti ailleurs qu'en Espagne, car ma copie sous-titrée est une prise télé australienne, la station ayant elle-même assuré le sous-titrage ! Orloff

The VAMPIRES' NIGHT ORGY aka ORGY OF THE VAMPIRES aka GRAVE DESIRES aka LA ORGIA NOCTURNA DE LOS VAMPIROS - Leon Klimovsky, 1972, Espagne

Il y a de ces titres qui ont l'enviable pouvoir de séduire le bissophile grâce à l'utilisation de quelques mots clés. Prenons par exemple de cas de THE VAMPIRES' NIGHT ORGY. Tout de suite, l'inconscient du consommateur potentiel va se focaliser sur un mot particulier, à savoir le mot NIGHT. Je déconne, focalisons-nous tout de suite sur le mot ORGY. Ah, quel joli mot que voila, immédiatement une imagerie de volupté et de doucereuse harmonie commence à nous enivrer, des visions de corps nus enlacés se mélangent alors à des râles de plaisirs ravageurs, de longues chevelures de satin s'agitent au rythme d'une musique langoureuse... Puis, par association, nous ajoutons le second mot clé du titre, à savoir le mot VAMPIRES. Voila qui rajoute un peu de piment à ce qui aurait pu devenir une banale orgie sans relief, et aux frénétiques coups de reins viennent s'ajouter quelques séances de sucions mortelles laissant apparaître de fins filets de sang entre deux seins aux tétons proéminents. Histoire de ne pas faire les choses à moitié, on aide un peu le bisseux en fournissant avec ce superbe titre un visuel alléchant: une blonde vampire aux yeux cruels porte le corps inanimé d'un homme choqué et le buste d'une troublante brune au décolleté alléchant se tient aux côtés d'une pierre tombale. Comment résister ?

Tout heureux, et surtout très naïf, le pigeon se prépare à dévorer les 80 minutes de métrage annoncées, la bave aux lèvres. Cinémascope, les premières images présentent une procession funéraire. Le cercueil tombe soudainement au fond de la tombe et s'ouvre, laissant apparaître un corps en état de décomposition avancée et sur lequel rampent des centaines de larves répugnantes. Générique. Jusqu'ici, tout va bien. Un car s'arrête dans un petit village brumeux apparemment déserté. Pourtant, l'hôtel de celui-ci est propre et son bar est plein. Les occupants du car décident d'y passer la nuit. Le lendemain, ils rencontrent enfin la population de ce village qui s'avère être au service d'une belle et richissime comtesse. Nos visiteurs sont accueillis les bras ouverts, tout leur est offert. Mais la nourriture qui leur est servie n'est autre que de la chair humaine et chaque soir l'un ou plusieurs d'entre eux se font dévorer par le villageois. Car ceux-ci sont en réalité des vampires ! Dingue ! Seul un homme et une femme parviendront à prendre la fuite laissant derrière eux un village qui disparaîtra comme par enchantement.

Ben alors ? Elle est où mon orgie pleine de canines et des seins mordus ? Et qu'est ce que c'est que ce casting de vieux paysans catalans aux visages burinés tentant de ne pas trop sourire pour ne pas montrer qu'ils ont perdu la moitié de leurs dents ? Seule l'héroïne nous gratifiera l'espace d'un plan (un seul plan !!) d'une vision de sa poitrine dénudée - alors qu'elle se fait épier par ce coquin de héros. Même la comtesse jouera la carte de la chasteté en ne dévoilant rien de plus qu'une pauvre épaule pâlotte. Triste donc de se sentir trompé de la sorte. Surtout que le reste du film ne rattrape pas l'arnaque. Son rythme lent s'avère très rapidement soporifique et seule la musique tantôt jazzy, tantôt psychédélique, permet de ne pas sombrer dans le sommeil. Il est vrai que le film fut réalisé sous le régime du général Franco et que par conséquent, il était inutile d'espérer beaucoup de nudité, mais le cinéma d'horreur espagnol nous a pourtant offert quelques films joliment tordus à cette période, notamment parmi les aventures de Waldemar Daninsky, dont certains sont signés Klimovsky. Donc, un seul mot : remboursé ! Kerozene

VERONICA - Paco Plaza avec Sandra Escacena, Bruna Gonzalez, Claudia Placer, Ivan Chavero, Ana Torrent, 2017, Espagne, 105m

Depuis que son père est décédé, Veronica, 15 ans, s'occupe toute la journée de ses deux soeurs, Lucia et Irene ainsi que du petit Antonito pendant que sa mère travaille pour subvenir aux besoins de la famille. Avec deux amies, elle va manquer une éclipse solaire pour aller faire une séance de Ouija ou elle espère contacter son père mais qui se termine mal. Durant les jours qui suivent elle perçoit et voit des formes humaines, elle et les enfants sont attaqués et au coeur de phénomènes paranormaux violents. N'ayant personne qui l'écoute, elle se tourne vers une nonne aveugle qui semble comprendre ce qu'elle vit et qui lui explique comment mettre fin à son cauchemar. 

Un film porté aux nues en Espagne pour une raison bien évidente. Il est basé sur une affaire policière, le cas Vallecas, le premier rapport de police dont la cause de la mort est inexplicable. Estefanía Gutiérrez Lázaro avait 19 ans et Paco Plaza s'est inspiré du cas très médiatisé, avec bien des différences avouées. Comme l'hystérie collective de la sortie de L'Exorciste était concentrée sur la ville de New York, les critiques 100% positives du film le plus effrayant de l'histoire du cinéma d'horreur sont concentrées en Espagne. Si on fait abstraction de sa réputation, que l'on oublie ses origines, il reste un film troublant qui, comme les meilleurs films du genre, semble plus raconter la descente aux enfers d'une adolescente aux prises avec une sévère psychose. Mais cette interprétation n'explique en rien le rapport de l'inspecteur et des deux policier arrivés sur place durant les derniers instant de vie de la jeune femme. C'est là que les croyances ou l'investissement de l'amateur, sa propension à s'immerger  dans le climat d'horreur proposé par la réalisation et les acteurs, peuvent faire la différence. Voir enfin sur l'écran ce qu'on a imaginé pendant 26 ans en Espagne, n'a aucune mesure avec l'appréciation d'un spectateur lambda plus excité par les effets spéciaux et les scènes chocs proposées par James Wan dans la Conjuration, au sujet similaire. J'apprécie les deux. Chapeaux aux jeunes acteurs, rarement vu un casting aussi jeune et judicieux. Paco Plaza, après avoir co-réalisé les deux premiers [REC] avait réalisé le troisième en solo, se tournant vers un style d'humour noir détonnant. Il est bon de le voir revenir sur le terrain horrifique. Mario Giguère

VIOLENCE A MANAOS aka SLAVES FROM PRISON CAMP MANAOS aka MANAOS - Alberto Vázquez Figueroa, 1978, Espagne/Italie/Mexique

Avec son titre qui sent la viande et l'exploitation crasse, sa jaquette (voire ses jaquettes, si l'on se réfère aux éditions internationales) qui laisse augurer une bonne dose de barbarisme mêlé à de l'érotisme gratuit et son casting de superstars du bis (Fabio Testi pour l'Italie, Jorge Rivero pour l'Espagne et Andrés García pour le Mexique), "Violence à Manaos" a de quoi faire saliver. Mais ce qu'on ne sait pas, c'est que Alberto Vázquez Figueroa n'est pas de cette trempe là. Lui, il est écrivain et le film est d'ailleurs l'adaptation d'un de ses bouquins. Mais avant ça, il était journaliste et correspondant de guerre. Il a arpenté le Sahara en long et en large (expérience de laquelle il tira son roman "Touareg" qui a d'ailleurs connu les joies du 7e art sous la direction d'Enzo Castellari) et a suivi bon nombre de révolutions en Amérique du sud. Si ces données sont connues avant de visionner "Violence à Manaos" (titre français racoleur du sobre "Manaos" originel), la chute est certainement moins brutale. Personnellement, je n'en savais rien. Et quelle ne fut donc pas ma surprise de tomber sur un film d'aventure à tendance sociale où des esclaves dirigés d'une main de fer par des riches exploitants de plantations de caoutchouc en pleine jungle amazonienne, se soulèvent en masse grâce à l'impulsion de deux rebelles gringos (Testi et Rivero, bien évidemment). Pourtant ça commence avec le gang bang d'une pauvre bourgeoise (Agostina Belli, "Holocauste 2000") jetée en pâture aux esclaves lobotomisés. A peine la rombière est-elle dénudée que la scène se coupe, et là on se dit qu'effectivement, il y a mensonge sur la marchandise. L'histoire n'est pas spécialement inintéressante pour autant, malheureusement tout cela est très pauvrement mis en image. On n'évite pas les plans se prélassant sur la faune locale, le déroulement de l'intrigue est bien prévisible et les acteurs jouent tous comme des manches. Et Fabio Testi a beau incarner un gringo en terre amazonienne depuis dix ans, il est aussi blanc qu'un cachet d'aspirine. Kerozene

VOODOO BLACK EXORCIST aka LA VENGEANCE DU ZOMBIE aka Vudú sangriento - Manuel Cano, 1973

Voila une merde espagnole que je ne recommande pas, parce que c'est mou et chiant, mais si vous aimez les grosses merdes, sautez dessus, z'allez pas le regretter. Il y a 1000 ans, un homme et une femme vivent dans les Caraïbes sont pris en flagrant délit d'adultère. Pas content, l'homme officiel de la femme se fâche et se fait tuer. Accidentellement, mais il en meurt quand même. La femme sera donc décapitée et l'homme momifié vivant dans un sarcophage. De nos jours (enfin, les 70's), un scientifique, propriétaire du sarcophage, se trouve sur un bateau avec sa maîtresse de secrétaire en direction des Caraïbes. Bien sur, le sarcophage est à bord, et comme une prophétie m'avait prévenu au début et que ça fait 1000 ans que la momie dort, je savais qu'elle allait se réveiller. Et c'est ce qu'elle fait, corne de bouc ! Elle reprend apparence humaine (donc se rafraîchi) en passant par une légère transformation. Et en plus elle tue un gars en lui coupant la tête. Et en hypnotise un autre. Ambiance sur le bateau. La momie est amoureuse de la secrétaire, blablabla, classique, déjà vu et mal foutu. Arrivée au port, elle se dévoile au professeur... que dire. Ca fini mal. Il y avait bien un ou deux trucs drôles, style: "Mais, vous utilisez  des mots modernes ?" "Vous savez, en 300 ans passés dans des musées, on apprend des choses" répond la  momie. Pas d'exorciste donc, et pas plus de zombie, mais une momie qui prend apparence humaine, avec quelques étapes intermédiaires tout de même. Surtout, la fin nous dévoile un visage peu frais.  Kerozene


Patty Shepard

The WITCHES MOUNTAIN aka El Monte de las brujas - Raúl Artigot avec Patty Shepard, John Gaffari alias Cihangir Gaffari, 1972, Espagne, 80m

Nouvellement séparé de sa femme adepte de vaudou et de magie noire, un photographe-journaliste (John Caffari) se voit confier un reportage ayant pour cadre un site où semble-t-il des sorcières pratiqueraient encore d'anciens  rites. Sur son chemin, il fait la rencontre d'une jeune fille (Patty Shepard) qui, n'ayant rien de mieux à faire, décide de l'accompagner. C'est au pied de la montagne des sorcières qu'ils vivront d'étranges expériences; dont le vol de leur camionnette par un inconnu, de soudaines pertes de conscience, des photographies mystérieuses et la rencontre d'une inquiétante vielle dame leur offrant l'hospitalité...

Raul Artigot, directeur photo avant tout, a voulu sans doute se faire plaisir. On reconnaît ici son travail par la note brumeuse de l'entreprise. Il n'y a pas grand-chose qui sépare ce film d'un opus de la série des "Blind dead", série sur laquelle il signa la photographie du troisième chapitre (Horror of the zombies). Si le film exploite bien les localités, routes vallonneuses et paysages vaporeux, il n'en demeure pas moins un produit sans grand intérêt perdant constamment sa cause à force de situations étirées et de bavardages inutiles. De bonnes idées nous sont pourtant parfois présentées: Photographies où figurent les sorcières alors qu'elles n'étaient pas présentes lors de la prise de vue, la randonnée somnambulique de Patty Shepard dans les bois etc.-  mais la sauce ne prend jamais, gâtée sans doute par la paresse flagrante de la réalisation. Toute cette mollesse finit donc par rendre l'ensemble confusant et ennuyeux. La trop rare et toujours magnifique Patty Shepard bonifie chaques plans, mais malheureusement, ne tient pas la caméra. Comte Porno

Une mère de famille tue sa fille par le feu, vraisemblablement parce que la petite a tué son chat... le conjoint, Mario (joli nom) ne veut plus la voir et demande à être affecté à n'importe quel boulot par son journal. Photographe de métier, il s'éprend pour une belle rencontrée par hasard et l'emmène sur les lieux de son reportage, une montagne nommée d'après les sorcière qui l'ont habitée. Les incident incongrus s'accumulent et Mario verra une procession mystérieuse qui n'apparaît pas sur ses photos, mais des villageois qu'il n'a pas vu s'y retrouvent.

Ils sont finalement plutôt rares les films qui abordent la sorcellerie en évitant les clichés du genre Blanche Neige. Si l'étrange début ne devient clair qu'après avoir vu tout le film en entier, une série d'éléments chocs relèvent autant de la légende et des récits ancestraux que de l'effet choc facile. Spécialement cette musique ou ce chant qu'il entend sans en découvrir la source. John Gaffari ressemble au Yeti, Géant d'un autre monde, ce qui ajoute un peu de ridicule à certaines scènes. Comme dans bien des films du genre, le récit n'a rien de joyeux et le destin des innocents n'est pas de tout repos, ce qui explique probablement en partie le petit nombre de productions dans ce créneau réduit. Mais on s'y perd à la fin et on ne peut pas parler de scénario limpide et facile à assimiler. Mal foutu ou incompris ? En tout cas voilà une curiosité qui vaut un détour pour les amateurs du genre. Mario Giguère

 

ZORRO LE VENGEUR aka LA VENGANZA DEL ZORRO aka Zorro the Avenger - Joaquin Luis Romero Marchent avec Frank Latimore, Howard Vernon, Maria Luz Galicia, Rafael Romero Marchent, Maria Silva, Paul Piaget, Angel Alvarez, José Marco Davo, Fernando Delgado, Antonio Molino Rojo, Fernando Sancho, Jesus Tordesillas, 1962, Espagne/Italie/France, 90m

ZORRO THE AVENGER is colorful period adventure set in old California which is occupied by Union soldiers under the command of a martinet officer (Howard Vernon) who is overseeing the territories transition into the US. Don Jose (Frank Latimore) is a local informer, a dandy who is also and expert swordsman and is in actuality Zorro, the protector of the native population who appears in black mask, cape and hat by night on his lightning fast horse.

After many last minute rescues, daring escapes and swordfights Zorro finally defeats the Colonel, also a fencing master, in a climactic duel. The well crafted film opens and closes with the image of Zorro on his magnificent horse silhouetted on a ridge. Conventional, briskly staged fun with Howard Vernon stealing the show with his pointed beard and villainous sneer. Latimore depicts Zorro as a trickster hero who uses humor and stealth to prevail. Jess Franco (also cowriter of Marchent's earlier "Coyote" films, which were also Zorro-style westerns) wrote the script with Marchent and Jose Mallorqui. Eurocine coproduced this shot in Spain adventure and it looks like it had a healthier budget than most of their cut-rate product.

Rereleased in 1975 with new footage featuring Monica Swinn and credited to "James Gardner" (Guy Gibert), according to OBSESSION: THE FILMS OF JESS FRANCO. This is out on a Platinium DVD, which is handsomely packaged, slightly letterboxed and seems to be taken from a decent, colorful print but some of these bargain basement discs have defects and are prone to freezing and skipping due to an obviously cheap DVD production and manufacturers defects. You may or may not get a playable one but the price is very low. Robert Monell

Au XIXième siècle, la Californie est devenue possession des États-Unis. Les Californiens, tous d'origine espagnole ou mexicaine, voient majoritairement très mal l'occupation de leur territoire par l'armée américaine de l'Union et la subordination à une nouvelle forme d'autorité. Seul un dandy, Don Jose de la Torre, semble bien s'entendre avec les Américains et particulièrement avec le colonel Clarence, le commandant de l'armée en place, ce qui suscite le mépris de ses compatriotes. Ceux-ci ignorent pourtant que Don Jose n'est nul autre que le héros masqué Zorro qui ose défendre les droits des Californiens face aux injustices des nouveaux occupants. Or, un Californien, Juan, qui s'est affiché ennemi des Yankees, est accusé injustement par ceux-ci de l'assassinat du père Francisco et du vol d'objets religieux de grande valeur. Zorro entre alors en action et retrouve les trois soldats américains qui ont tué le prêtre et fait accuser Juan. Après les avoir tué, Zorro-Don Jose renvoit les corps au colonel Clarence qu'il sait être le cerveau derrière ce complot contre Juan, espérant en tirer un profit personnel. Pour libérer Juan, Zorro enlève la fille du gouverneur et demande à faire un échange. Clarence fait cependant tuer Juan, ce qui déclenche une bataille entre les Californiens en colère et l'armée yankee. Zorro affronte alors Clarence, pourtant très habile escrimeur, dans un combat à l'épée définitif afin de lui faire payer ses crimes une fois pour toutes.

Spécialistes du western espagnol, les frères Marchent (celui qui est producteur joue d'ailleurs un rôle important comme acteur dans ce film) ont voulu à leur tour illustrer les aventures du célèbre héros californien Zorro. Contrairement aux nombreuses versions américaines où le personnage s'en prenait aux bourgeois et aux aristocrates de la même origine que lui, ce film-ci propose un point de vue purement anti-américain alors que le héros se bat contre l'armée nordiste conquérante. Cela donne droit à une intrigue (écrite avec la collaboration de Jesus Franco) un peu prévisible et franchement manichéenne mais qui se démarque tout de même en donnant justement le beau rôle aux Espagnols et aux Mexicains. Par ailleurs, les héros arbore un masque sous la forme d'un foulard sur la bouche et non pas du traditionnel "loup" autour de la tête au niveau des yeux, ce qui le rend moins reconnaissable pour ses adversaires tout en lui donnant un air de bandit de western américain classique. La grande qualité du film revient d'abord à son rythme d'ensemble; coups de feu, bagarres, cavalcades à cheval, grande bataille sur une plaine (de courte durée par soucis d'économie de budget) et surtout beaucoup de duels à l'épée dynamiques en plus d'être admirablement chorégraphiés contribuent collectivement à la réussite de ce divertissement rempli d'action trépidante. Tout le reste est donc accessoire; les auteurs ne se préoccupent pas d'approfondir ni les situations, ni les protagonistes, et ce, tant dans la mise en scène que dans le scénario. Habitué à jouer ce type de héros expert dans le maniement de la rapière, Frank Latimore n'a aucun mal à incarner avec charme et décontraction le fameux Zorro face à un Howard Vernon égal à lui-même dans un rôle de méchant. Mathieu Lemée

également en ligne la page de l'acteur espagnol PAUL NASCHY et du réalisateur Juan Piquer Simon

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Juan Piquer Simon

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