Le regretté réalisateur Jean-Pierre Mocky s'est surtout taillé une réputation dans la comédie vitriolique au ton faussement naïf où il s'attaque à des institutions supposément intouchables. Une suggestion de Mathieu Lemée |
1933 - 2019
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À MORT L'ARBITRE aka Colère Sauvage - Jean-Pierre Mocky, 1984, 1h24 Eddy Mitchell s'apprête à arbitrer une partie de football et folâtre avec sa petite amie journaliste (Carole Laure) dans le vestiaire. Les partisans se saoulent et se préparent en scandant "Allez les jaunes !". Au cours de la partie, Mitchell rendra une décision qu'il considère comme juste mais qui ne plaît pas aux partisans acharnés et abrutis par l'alcool. Ceux-ci, menés par Michel Serrault, décideront de le retrouver et de le "punir" pour sa mauvaise décision. Mais ils ne s'arrêteront pas là. Voici la spéculation ahurissante d'une dégénération qui pourrait très bien s'être déjà déroulée. Jusqu'où la folie collective et l'esprit d'identification d'un partisan saoul peuvent-ils aller ? Mocky a scénarisé ici une autopsie des événements froide et analytique, aussi objective que surprenante, dépeignant avec un réalisme mordant une bande de fanatiques dirigée par un Michel Serrault complètement allumé. Le suspense nous captive du début à la fin, et la plupart des endroits où le film a été tourné, une fois la nuit tombée, prennent des couleurs menaçantes - je pense ici entre autres au complexe où habite Carole Laure et au chantier dans lequel se déroule la finale. La musique, qui fait très "années '80", ajoute à la tension dramatique, et le jeu des interprètes est sans failles. Mocky s'octroie même le rôle de l'inspecteur morose et blagueur, métaphore laissant supposer qu'il est seul maître à bord de cette folle entreprise. Captivant. Orloff |
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Les BALLETS ÉCARLATES - Jean-Pierre Mocky, France, 2005 Un jour, un journaliste paraît-il célèbre débarque dans le bureau de Jean-Pierre Mocky. Ce dernier, tout surpris, découvre cet homme en larme. Il s'empresse donc de lui demander pourquoi. Et là, le journaliste lui répond que pas plus tard qu'il y a deux semaines, il est sorti de sa voiture pour se rendre dans une banque. Pressé, il avait oublié la clé sur le contact, et sa fille sur la banquette arrière. Il n'avait pas fait 20 mètres que la voiture, et la fille, avaient disparues! La pauvre enfant fut retrouvée vivante, mais violée et bien évidemment traumatisée. C'est à partir de ce fait divers que Mocky décida de faire un film traitant de pédophilie et s'attaquant aux réseaux de pervers dégueulasses. Ce film, c'est LES BALLETS ÉCARLATES. Mocky aime mettre en avant le fait que le ministre de la culture a interdit ce film en raison de son caractère choquant. Suite à une plainte du réalisateur étalée dans un grand quotidien, le film est "relâché" mais le hic c'est que personne n'ose le projeter. Pour Mocky, les salauds ont tout de même réussi à interdire son film et il est pas content. Pour le spectateur doué d'un minimum de bon sens, il s'agit d'un triste fait: le film est si pourri que personne ne prendra le risque de le projeter. Et voila le film qui commence: un père divorcé et alcoolique "loue" son fils et sa fille à un réseau de pédophiles composé d'un candidat à la mairie locale, d'un juge d'instruction etc... Une belle brochette de canailles qui s'excite la nouille devant des mômes de moins de 10 ans au milieu d'un grand salon bourgeois. Mais le fils en question s'échappe et trouve refuge auprès d'une mère seule dont le fils disparut quelques années plus tôt. Ensemble, ils s'allieront à l'armurier local (Mocky himself) pour infiltrer le réseau et le détruire. L'intention de dénoncer les atrocités citées est bonne, la méthode l'est en revanche beaucoup moins. On assiste effaré à un carnaval d'acteurs plus ou moins amateurs récitant leurs lignes de manière souvent pathétique devant une caméra rarement inspirée. Et plus le film progresse, plus il s'enfonce dans le ridicule via des rôles secondaires caricaturaux interprétés de manière exagérées - voire pathétique. Le film sombre donc dans la parodie involontaire et le public - qui aura su rester poli une bonne heure au moins (la projection eut lieu en présence du maître) - se relâche et commence enfin à pouffer d'un rire franc devant les déboires d'une bande de criminels dégueulasses qui va rapidement se faire éliminer par une version de Rambo au féminin lors d'une scène mémorable qui n'aurait pas détonnée dans un épisode de Benny Hill. Alors faire rire avec un sujet aussi délicat que la pédophilie pourrait relever du talent, malheureusement, ici, la raison est tout autre. Kerozene |
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Les
COMPAGNONS DE LA MARGUERITE aka Order of the Daisy - Jean-Pierre
Mocky avec Claude Rich, Michel Serrault, Francis Blanche, Paola
Pitagora, Catherine Darcy, Roland Dubillard, Micha Bayard, Michel
Lonsdale, René-Jean Chauffard, 1966, France/Italie, 90m Cette comédie est sans doute l'une des plus originales dans la carrière de Jean-Pierre Mocky. Partant sur le thème assez corrosif de l'échangisme, tout en passant en cours de route sur celui, non moins subversif, de la satire féroce des institutions civiles en France, ce vaudeville divertissant fera rire plus d'un spectateur. Pour une fois, les situations saugrenues qui sont légions dans le cinéma de Mocky, trouvent ici un ton de fantaisie approprié, sans nuire à la personnalité de l'auteur, ni diminuer la désinvolture de son propos, servi en passant par une conclusion roublarde. L'ensemble se présente comme une ronde échevelée remplie de gags inventifs souvent burlesques, soutenue par une mise en scène au rythme alerte qui emporte le spectateur malgré lui du début à la fin. Le tout est tellement bien monté et fignolé pour ne laisser aucun temps mort que l'on se demande comment se fait-il que Mocky n'ait pas eu cette même rigueur tout au long de sa carrière? Chose certaine, cette comédie française se situe parmi les meilleures du genre, et elle sait tirer parti au demeurant du talent de ses interprètes qui sont tous en grande forme. Vraiment drôle! Mathieu Lemée |
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Un DRÔLE DE PAROISSIEN aka Deo Gratias - Jean-Pierre Mocky avec Bourvil, Francis Blanche, Jean Poiret, Jean Yonnel, Jean Tissier, Véronique Nordey, Bernard Lavalette, Marcel Pérès, 1963, France, 92m Depuis plusieurs générations, une vieille tradition veut que les membres de la famille Lachesnaye ne travaillent jamais. Georges, actuellement le dernier de cette famille, vit cependant dans une mauvaise situation financière et se voit menacé d'être expulsé de son appartement. Alors qu'il va à l'église, la "providence" le mène vers l'endroit où se trouve le tronc et il constate les ressources financières que ce tronc pourrait lui procurer. Georges se met alors en devoir de piller tous les troncs d'église qu'il peut trouver dans Paris et il peaufine même de mieux en mieux sa technique pour y parvenir. Rapidement devenu une sorte de Robin des Bois des lieux de culte, Georges a réussi à remonter le niveau de vie économique de sa famille, mais ses exploits attirent l'attention de la police et l'inspecteur Bridoux se voit chargé d'y mettre un terme. Georges est toutefois et rusé et il bénéficie même de l'aide d'un complice pour échapper aux policiers lancés à ses trousses alors qu'il tente en guise de réparation de déposer un chèque substantiel dans le tronc d'église où il a commis son premier vol. Au début de sa carrière dans les années 60, le réalisateur Jean-Pierre Mocky s'est surtout taillé une réputation dans la comédie vitriolique au ton faussement naïf où il s'attaquait à des institutions supposément intouchables. Pour ce film, qui marqua la première des nombreuses collaborations de Mocky avec l'acteur Bourvil, l'auteur va à fond de train dans une charge anti-clérical, audacieuse pour l'époque, fondée sur un humour farouchement iconoclaste pour discréditer l'Église catholique en France. Ayant acquis de l'expérience et de l'assurance à la mise en scène après quelques films durant cette période, Mocky a réussi à se montrer alerte dans la réalisation de cette comédie où la forme et le fond s'avèrent plus équilibrés. L'ensemble est savoureux et contient plusieurs gags rigolos qui se moquent sans vergogne de la vieille moralité religieuse. Il faut dire que le personnage principal, incarné avec finesse par Bourvil, ne manque pas d'être insolite et il agit avec une telle innocence sublime que le spectateur n'a aucun mal à tomber sous son charme, ce qui l'amène à approuver sans détour ses actions en tant que pilleur de troncs. La vedette est en plus, bien secondé au niveau comique par des interprétations remarquables de Francis Blanche et Jean Poiret. Une autre comédie française divertissante à mettre sur votre menu. Mathieu Lemée |
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La GRANDE FROUSSE aka La Cité de l'indicible peur aka The Big Scare - Jean-Pierre Mocky avec Bourvil, Jean-Louis Barrault, Francis Blanche, Victor Francen, Jean Poiret, Raymond Rouleau, Jacques Dufilho, René-Louis Lafforgue, Véronique Nordey, Roger Legris, Fred Pasquali, Marcel Pérès, Joé Davray, 1964 (ressortie en 1972), France, 87m Policier candide et débonnaire, l'inspecteur Simon Triquet arrête un beau jour bien malgré lui un dangereux faussaire, Mickey le Bénédictin qui est condamné à la guillotine. Mais le dangereux criminel parvient à s'évader et Triquet se lance à ses trousses, tout comme un collègue, l'inspecteur Virgus. Les deux policiers suivent des pistes différentes et c'est ainsi que Triquet aboutit dans le petit village de Barges en Auvergne où la population se comporte de façon étrange. Triquet en vient à apprendre qu'un monstre légendaire du Moyen-Âge hante le village et tue quelques personnes, ce qui pousse les autres habitants à se terrer chez eux. Sans même le faire exprès, Triquet découvre crime sur crime et parvient à démasquer le véritable meurtrier tout en mettant à jour un énorme réseau de faussaires caché dans le village et l'identité du responsable de la prétendue existence du monstre. Pendant ce temps, Virgus retrouve et capture Mickey le Bénédictin. Avec l'aide de l'écrivain Raymond Queneau (non-crédité au générique), Jean-Pierre Mocky a adapté un roman culte célèbre de l'auteur Jean Ray. Mocky délaisse toutefois le climat d'épouvante du livre pour adopter un style farfelu rempli d'humour noir et parsemé de quelques passages angoissants. Le résultat fût un échec lors de sa sortie en 1964 surtout que le contexte (la mort de Jean Ray eut lieu au moment de la sortie du film) ne permettait pas au public d'admettre une adaptation humoristique d'une oeuvre d'un auteur reconnu parmi les grands écrivains du genre fantastique. Mocky prolongea donc son film de quelques minutes et le titra exactement comme le livre original pour une nouvelle sortie en 1972, qui fût cette fois couronnée de succès. Tel quel, le film réussit très bien à inclure des éléments comiques burlesques et grinçants dans une intrigue horrifique, le tout accompagné par une très bonne musique de Gérard Calvi. C'est que le récit présente avec verve toute une galerie de personnages aux attributs grotesques à la fois drôles et farouchement insolites. Ce choix stylistique de Mocky dans sa mise en scène s'explique par sa volonté de critiquer les personnes pouvant être aisément manipulables lorsque la peur s'insère en permanence dans leurs esprits, surtout à cause de vieilles superstitions. Les personnages représentent donc un microcosme social de l'impact de cette peur et ils sont par ailleurs magnifiquement interprétés par une distribution d'acteurs s'amusant ferme. Quant au monstre, lui aussi suscite chez le spectateur amateur du genre un agréable fou rire dès qu'il apparaît sur la pellicule, ce qui était de toute façon l'effet recherché par Mocky, j'en suis persuadé. Mathieu Lemée |
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La GRANDE LESSIVE! - Jean-Pierre Mocky avec Bourvil, Francis Blanche, Jean Tissier, Roland Dubillard, Michel Lonsdale, René-Jean Chauffard, Karin Balm, Alix Mahieux, Marcel Pérès, Jean Poiret, 1968, France, 95m Écoeuré et dégoûté de voir ses élèves s'endormir durant ses cours à cause des longues soirées que ceux-ci passent devant la télévision, le professeur de lettres Armand Saint-Just décide de saboter toutes les antennes télés des quartiers de Paris où habitent les enfants de sa classe. Avec l'aide d'un ami chimiste et inventeur, le docteur Loupiac, de Missenard, professeur d'éducation physique, et d'un dentiste embarqué malgré lui dans l'aventure, Saint-Just se promène sur les toits et il enduit les antennes télés d'une substance magnétique qui brouille les ondes hertziennes et la réception d'images. Les parents, indignés face à ces récents problèmes techniques survenus à leurs téléviseurs, se plaignent à l'O.T.V.F.. La direction de cet organisme fait alors appel à la police pour enquêter sur ces nombreux incidents. Elle découvre les responsables des sabotages et se lancent à leurs trousses dans une poursuite échevelée. Saint-Just s'avère cependant très rusé et l'on se demande si la police réussira à lui mettre la main au collet. Le réalisateur Jean-Pierre Mocky s'est à nouveau assuré la collaboration des comédiens Bourvil et Francis Blanche dans cette nouvelle comédie satirique; l'une de ses premières où il opte pour la couleur au lieu du noir et blanc. Après l'institution religieuse, c'est au tour de la télévision de subir les coups de griffes de celui qu'on surnomme le Ravachol du cinéma français. Le traitement du sujet ne fait pas dans la subtilité mais vu sous l'angle de la charge caricaturale bouffonne et boulevardière, ce film est d'une grande originalité savoureuse. Il faut dire que les gags sont forts drôles et que le rythme d'ensemble est maintenu grâce à une mise en scène solide où Mocky a délaissé son côté brouillon habituel. La séquence de la poursuite, qui est traitée comme sous-thème dans le film, est exploitée à plusieurs sauces et contient quelques surprises amusantes à la clé. On peut regarder le sujet du film (l'emprise abrutissante de la télévision sur les jeunes, les enfants et aussi les parents) comme étant une préoccupation de l'époque mais il suffit de remplacer la télévision par l'internet aujourd'hui pour constater que le film n'est pas forcément démodé, même dans certains de ses arguments. Tel quel, ce long-métrage devrait faire rire à coup sûr les spectateurs actuels qui le visionneront. Bourvil affiche encore une fois son grand talent comique dans le rôle du professeur bon enfant, à la fois sympathique et malin. Mathieu Lemée |
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L'IBIS
ROUGE - Jean-Pierre Mocky avec Michel Simon, Michel Serrault, Michel
Galabru, Jean Le Poulain, Evelyne Buyle, Karen Nielsen, Jean
Cherlian, François Bouchex, Jacques Fortunas, 1975, France, 82m À partir d'un roman de la Série Noire de l'auteur Fredric Brown, Jean-Pierre Mocky a su trouvé l'inspiration, en collaboration avec le scénariste André Ruellan, pour offrir à l'écran un nouvel échantillon de son humour grinçant empreint évidemment d'une noirceur certaine étant donné le côté sombre du sujet. Parodier de manière caricaturale les exploits d'un maniaque criminel tueur en série se veut un pari extrêmement audacieux et risqué. Mais Mocky et son co-auteur évitent presque tous les pièges en évitant de dépouiller de toute humanité les personnages, qui ont tous pourtant des traits grotesques accentués par le dialogue, les situations et la mise en scène. Celle-ci, en plus de critiquer avec verve le thème de la justice, rend habilement hommage aux films français d'avant-guerre, particulièrement ceux de Marcel Carné comme "HÔTEL DU NORD" et "DRÔLE DE DRAME". Les liens établis entre les protagonistes ont beau être arbitraires, l'ensemble est tellement pittoresque qu'il maintient un intérêt constant chez le spectateur à la recherche d'originalité et d'insolite. Ainsi, malgré quelques fautes de goût, cette comédie noire est à mettre au compte des réussites de Mocky. Malgré son âge, Michel Simon est tout simplement étonnant en vieux mythomane, alors que Serrault et Galabru ont un jeu tout aussi coloré. Mathieu Lemée |
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Un LINCEUL N'A PAS DE POCHES aka No Pockets in a Shroud - Jean-Pierre Mocky avec Jean-Pierre Mocky, Myriam Mézières, Francis Blanche, Jean Carmet, Michel Constantin, Michel Serrault, Michel Galabru, Daniel Gélin, Sylvia Kristel, Jess Hahn, Michel Lonsdale, Jean-Pierre Marielle, Christian Duvaleix, 1974, France, 125m Michel Dolannes est journaliste pour un grand quotidien. Furieux de voir ses articles continuellement censurés, il donne sa démission. Avec l'aide d'une jeune femme, Mira et d'un ami et collaborateur, Jo, il fonde son propre journal qu'il appelle "Le Cosmopolite" afin de pouvoir dire toute la vérité sans être mis au silence. Il obtient même de l'aide financière de quelques personnes et se trouve un imprimeur indépendant pour publier son nouveau journal à tirage hebdomadaire. Dolannes ne se gêne pas pour dénoncer plusieurs scandales divers et la corruption des politiciens, ce qui ne tarde pas à lui attirer des ennuis. Les ennemis de Dolannes font tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre fin à l'existence du "Cosmopolite". En revanche, un commissaire de police, Bude, apporte son aide alors qu'il s'intéresse discrètement à une affaire importante, qui pourrait éclabousser tous les partis politiques de la ville, et dont Dolannes fait enquête pour obtenir des preuves. Un typographe vient confirmer ce scandale à Dolannes et celui-ci le met à jour dans son journal. Cette publication scellera définitivement le sort de Dolannes, dont le journal n'aura existé que pendant trois semaines. Ce film représente certainement l'oeuvre la plus ambitieuse de Mocky alors qu'il a adapté à l'écran un roman-phare de la Série Noire. Comme d'habitude, le film, à sa sortie, a divisé tout le monde, critique et public. Certains ont crié au bâclage pamphlétaire, d'autres ont crié au génie. Après visionnement, le film ne laisse, en effet, personne indifférent mais il est difficile de le juger objectivement et subjectivement. Certes, en choisissant de dénoncer les compromissions de la presse écrite, Mocky s'est trouvé un sujet à la mesure de son caractère anarchique, surtout qu'il est toujours d'actualité aujourd'hui avec la concentration grandissante des empires médiatiques qui mettent en danger la liberté d'information. Bien que l'intention de l'auteur soit généreuse et juste, le propos n'est pas servi par certaines invraisemblances qui ponctuent continuellement le récit. La mise en scène est étourdissante et le rythme est volontiers hystérique mais la technique n'est pas entièrement soignée au niveau de l'image et du son. Mocky a eu visiblement un peu de mal à transposer le roman d'origine et n'a pas su éviter la caricature facile et grossière, comme s'il voulait prouver au public la justesse de son plaidoyer beaucoup plus qu'il n'est nécessaire de le faire. Malgré cette délectation pour l'autosatisfaction de la part de l'acteur-cinéaste, le film n'est pas un échec pour autant et contient bon nombre de scènes fortes, teintées parfois d'érotisme, où les boulets rouges, tirés par Mocky sur les gens du pouvoir, atteignent quand même la cible. Le thème musical est superbe et une magnifique équipe d'interprètes vient assister Mocky dans ce projet peu banal. Mathieu Lemée |
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La MACHINE À DÉCOUDRE - Jean-Pierre Mocky avec Jean-Pierre Mocky, Patricia Barzyk, Peter Semler, Françoise Michaud, Sophie Moyse, 1986, France, 88m L'ophtalmologue Ralph Enger a sombré dans la démence après avoir assisté aux horreurs de la guerre et perdu la femme qu'il aimait. Dans sa folie, il se dit docteur et se donne pour objectif de construire un hôpital pour les enfants victimes de la guerre en Afrique. Il rencontre un chômeur, Stef Muller qui lui sauve la vie alors qu'il traversait la rue. Enger le suit par reconnaissance jusque dans un café où Muller veut vendre un Mauser de sa collection d'armes. Enger intervient, prend l'arme et tue le patron du café ainsi que les témoins et policiers qui ont voulu s'en mêler. Enger s'enfuit avec Muller comme otage et se réfugie chez Liliane, une chanteuse qu'il a rencontrée. Toujours dans son délire, Enger parvient à prendre rendez-vous avec un mécène potentiel pour construire son hôpital. La police ne le lâche cependant pas et après quelques poursuites où Enger a laissé sa route jonchée de cadavres, il disparaît définitivement dans un wagonnet d'une usine de minerais. Adaptation d'un roman de la "Série Noire" de Gil Brewer, auteur qui a séjourné en hôpital psychiatrique, "La machine à découdre" se situe dans la continuité de l'oeuvre anarchiste et viscérale de Jean-Pierre Mocky. Il assume lui-même une grande partie de la responsabilité de ce film en cumulant plusieurs fonctions: réalisateur, scénariste, dialoguiste et acteur principal. D'une violence frénétique (pratiquement la moitié du casting se fait descendre), le film ne fait pas dans la dentelle ni dans la subtilité et dénonce à tout rompre l'hypocrisie de la société moderne, qui traite la guerre comme un fait divers et les campagnes humanitaires comme camouflage d'un appauvrissement généralisé. Crépusculaire à souhait, le rythme du film n'en est pas moins bien mené grâce à des cadrages soignés. La mise en scène de Mocky est moins bâclée que d'habitude et va à l'essentiel sans digressions inutiles, malgré le manque de profondeur de l'ensemble. À défaut de subtilité, l'interprétation est vigoureuse. Notons que ce film n'est disponible qu'en Europe et s'avère pour le moment introuvable au Québec. Mathieu Lemée |
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NOIR COMME LE SOUVENIR - Jean-Pierre Mocky, France Le cinéaste gauchiste Jean-Pierre Mocky est assez connu en France. Réalisateur de plus de 50 films depuis les années 50, il a bâti une uvre iconoclaste, inclassable, bizarre et anarchique : à l'image de son créateur... De ce lot, peu de films de Mocky sont parvenus au Québec en VHS/DVD. NOIR COMME LE SOUVENIR est une exception, quoi que diffusée très discrètement. La présence au générique de Jane Birkin y est peut-être pour quelque chose. Quoi qu'il en soit, ce long-métrage assez ordinaire est loin d'être le plus représentatif des " Mocky ". Il s'agit d'un film policier qui se veut énigmatique : 17 ans après le meurtre d'une petite fille, d'étranges événements ont lieu, reliés à ce crime jamais résolu. Et de nouveaux cadavres s'entassent. NOIR COMME LE SOUVENIR est desservi par un scénario qui devient de moins en moins crédible au fil du visionnement. Ce manque de cohérence culmine lors d'une finale véritablement grotesque. L'identité de l'assassin laisse en effet de nombreux événements inexpliqués. On pourrait croire que Mocky se moque du genre, mais il n'en est clairement rien, vu le sérieux avec lequel tout se déroule, et le ton assez conventionnel du film. La présence au générique d'André Ruellan (scénariste et romancier efficace) est d'autant plus étonnante... Côté interprétation, on est au moins relativement bien servi par des acteurs d'expérience, comme Sabine Azéma qui, pour être relativement connue en France, n'éveille aucun souvenir chez le spectateur nord-américain moyen. Les fans de cinéma " bis " reconnaîtront Christophe Bier (acteur chez Norbert Moutier, assistant de Mocky, impliqué dans le fanzinat) en gardien d'école. Chacune de ses apparitions est assez drôle. L'excentricité de Mocky se manifeste assez peu dans NOIR COMME LE SOUVENIR. Quelques scènes furtives, surtout au début, rappellent l'aspect marginal du bonhomme : grands angulaires, clown farceur et enfants-rats qui dansent lors d'un spectacle de début d'année scolaire. Pour le reste, on découvre une réalisation très classique et des personnages peu charismatiques (peintre alcoolique, mère troublée, homme jaloux de l'ex de son épouse, etc.) Si NOIR COMME LE SOUVENIR se laisse regarder, il est clair qu'au final, il ne laissera aucune impression durable. On peut lui préférer le Mocky plus truculent des SAISONS DU PLAISIR, pour ne nommer qu'un autre film également disponible au Québec. Howard Vernon |
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Le ROI DES BRICOLEURS - Jean-Pierre Mocky avec Michel Serrault, Sim, Pierre Bolo, Paulette Frantz, Jacques Legras, Dominique Zardi, Michel Francini, Robert Nogaret, Roger Delcros, Jean-Claude Rémoleux, Anice Clément, 1977, France, 80m, 68m nouveau montage Albert Goumic est un commerçant qui, avec sa femme et son beau-frère Malju, désire vendre au prix le plus fort une maison de campagne délabrée dont il a hérité, à un ministre qui espère bien guérir ses boutons par des bains de boue et par une cure. Tous trois s'adressent donc à un entrepreneur, Bordin, pour effectuer la réfection de la bâtisse afin de la transformer en maison thermale. Mais après deux mois de concert, car Bordin et son équipe de travailleurs sont mélomanes, les travaux n'ont pas avancé d'un pouce. En fait, l'entrepreneur espère bien dévaluer la valeur de la propriété afin de la racheter à vil prix. Après scandales, menaces, insultes et coups divers, Goumic et Malju décident de chercher ailleurs d'autres ouvriers, hélas sans succès; Bordin décourageant ses confrères au nom de la sacro-sainte entraide professionnelle. Malju parvient quand même à trouver des "jaunes", lesquels provoquent sur le chantier des catastrophes en série, pour ensuite engager des travailleurs au "noir". Mais l'entrepreneur marron riposte par des manoeuvres dilatoires qui ne plaisent pas à tout le monde, et il s'en retrouve ignominieusement trahi par les siens. Les travaux s'organisent et progressent enfin, mais devant l'impatience de leur puissant client, Goumic et Malju organisent une mise en scène qui lui fait croire au bon état de la bâtisse. Peu méfiant, le ministre est dupé et signe le contrat d'achat. Sentant qu'il a perdu la partie, Bordin tente de mettre le feu à la propriété. Cet expédient se retourne cependant contre lui. Après quelques polars au ton anarchique et violent, le réalisateur Jean-Pierre Mocky est revenu à ses anciennes amours: la comédie grinçante. Curieusement, le titre de ce film pourrait s'appliquer comme qualificatif pour décrire en partie sa manière artisanale de faire des films en marge du système. On a d'ailleurs l'impression, pour faire un autre rapprochement, que ce ROI DES BRICOLEURS a été produit et monté "de bric et de broc" avec bien peu de moyens. Mocky y donne cependant libre cours à son goût du grotesque démesuré en dépeignant avec plus d'insistance que de verve les mésaventures d'une poignée d'hurluberlus aux attributs physiques bizarres et aux comportements grossièrement maladroits. Ses tentatives de satiriser le milieu de la construction avec ses magouilles financières et politiques, par opposition au système D des petits travailleurs manuels, n'atteignent pas toujours le degré de haut-niveau voulu sur le plan de l'humour absurde, tant dans les situations visuelles que dans les dialogues. De tout cela, il ne reste plus qu'une bonne grosse farce burlesque, cocasse et parfois vulgaire d'une inconstante efficacité, où la caricature bouffonne est souvent surlignée à gros traits. Ceci étant dit, les amateurs de curiosités cinématographiques et d'étrangetés filmiques devraient se délecter à la vue de cette pellicule dont l'originalité est plus dispersée qu'aboutie. Considérant la nouvelle version remaniée au montage que Mocky a ressorti récemment, LE ROI DES BRICOLEURS semble avoir été un point d'orgue dans la carrière du réalisateur après une série d'oeuvres plus ambitieuses. Son acteur de prédilection, Michel Serrault, y est cependant savoureux et déchainé en entrepreneur nerveux et méchant. Avec sa trogne de chien battu et la générosité proverbiale de son personnage, Sim y semble toutefois moins à sa place. Mathieu Lemée |
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SNOBS!
- Jean-Pierre Mocky avec Francis Blanche, Elina Labourdette,
Véronique Nordey, Gérard Hoffmann, Jacques Dufilho,
Roger Legris, Jean Galland, Claude Mansard, Michel Lonsdale, Noël
Rocquevert, Pierre Dac, Jean Tissier, 1962, France/Italie, 90m Comment réussir dans la vie en étant ce que l'on n'est pas et en n'étant pas ce que l'on est?: voilà le point de départ de cette comédie burlesque de Jean-Pierre Mocky qui dépeint le snobisme sous plusieurs formes avec un humour grinçant. Bien qu'il ne s'agisse que de son troisième film en carrière, Mocky a bénéficié d'une imposante distribution pour atteindre les prétentions comiques de son sujet. Le résultat ne déçoit pas, quoique Mocky ait tendance à surcharger ses effets burlesques, ce qui alourdit parfois le ton satirique du récit. La mise en scène se veut d'ailleurs plutôt brouillonne et le montage quelque peu malhabile n'aide pas à améliorer la réalisation technique. Pourtant, avec ses nombreux personnages tous aussi particuliers les uns que les autres, le film présente une formidable galerie de portraits humoristiques et c'est en cela que la critique du snobisme fonctionne, en plus de faire rire les spectateurs constamment. Mocky profite d'ailleurs de l'occasion pour s'attaquer aux valeurs françaises traditionnelles, valeurs auxquelles il s'est attaqué de nouveau dans la plupart de ses films suivants. Un long-métrage qui marqua donc une progression dans la carrière de Mocky malgré ses imperfections, et où les nombreux acteurs, particulièrement Francis Blanche, font montre d'un métier sûr dans le genre. Mathieu Lemée |
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SOLO - Jean-Pierre Mocky avec Jean-Pierre Mocky, Denis Le Guillou, Anne Deleuze, Henri Poirier, Eric Burnelli, Alain Foures, Sylvie Bréal, 1969, France, 90m Vincent Cabral est un violoniste doublé à l'occasion d'un voleur et trafiquant de bijoux. Il revient en France en débarquant au Havre et apprend que son frère Virgile, à qui il paye ses études universitaires, est mêlé à un attentat terroriste contre des participants à une orgie. Vincent se lance à la recherche de son frère qui a été dénoncé secrètement à la police et pour le rejoindre, entre en contact avec les membres du groupuscule terroriste qui est composé de jeunes justiciers décidés à exterminer les gens les plus abjects de la société. Pris dans l'engrenage révolutionnaire du groupe après avoir été témoin de l'exécution du dénonciateur, il est mêlé bien malgré lui à l'attentat que prépare son frère Virgile: un plasticage d'un grand restaurant où sont réunis d'importants hommes d'affaires. Voulant au départ empêcher l'attentat, Vincent en vient à l'aider à l'accomplir, ce qui nécessite l'intervention de la police qui croit à tort qu'il est le chef des révolutionnaires. Vincent tente alors de fuir avec son frère malgré les barrages. C'est avec ce film que Mocky amorça un nouveau cycle après ses nombreuses comédies vitrioliques: celui des films noirs violents au ton pessimiste et au style pamphlétaire où il peut cracher son venin provocateur et anarchiste envers le système politique, judiciaire et économique dominés par des gens sans scrupules qui n'ont d'autre objectif que d'assumer leur pouvoir sur la masse. Pour ce premier essai, les contours du récit ont des arêtes plutôt rugueuses mais la force d'impact de l'ensemble est indéniable grâce à l'audace du propos. Mocky renvoie habilement dos à dos la bourgeoisie véreuse et les révolutionnaires romantiques pour imposer sa vision critique de la société française. Le ton d'indignation apparaît simpliste mais honnête par son désabusement et la mise en scène abonde dans le même langage. La musique de Georges Moustaki est fort intéressante et l'interprétation bénéficie d'une bonne performance de jeunes acteurs inconnus réunis autour d'un Mocky solide en gentleman-cambrioleur désillusionné. Un film dur où se manifeste une certaine laideur chez l'être humain, élément récurrent dans l'oeuvre entière de Mocky. Mathieu Lemée |
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Le TÉMOIN aka The Witness aka Il Testimone - Jean-Pierre Mocky avec Alberto Sordi, Philippe Noiret, Roland Dubillard, Gisèle Preville, Paul Crauchet, Madeleine Colin, Sandra Dobrigna, Gérard Hoffmann, Jean-Claude Remoleux, Dominique Zardi, 1978, France/Italie, 87m Un riche industriel, Robert Maurisson, propose à un vieil ami italien, Antonio Berti, un artiste spécialisé en art religieux, de restaurer les toiles liturgiques de la cathédrale de Reims. En s'étant retrouvé, les deux amis ont repris ensemble des activités communes comme la chasse, la pêche, les soirées légères et la bonne chère. C'est alors qu'une jeune fille, Cathy Massys, qui faisait partie de la chorale que dirige Maurisson et qui servait de modèle à Antonio, est retrouvée morte assassinée et violée dans un canal. Antonio croit avoir aperçu son ami Robert près du lieu du crime le soir du meurtre mais celui-ci nie sa présence et Antonio ment aux policiers pour le protéger. Conséquence de ce mensonge; un jardinier est arrêté qui sera toutefois relâché plus tard faute de preuves. Bien que bénéficiant d'un alibi inattaquable, Robert confesse à Antonio avoir commis le crime sur un coup de folie. Mais comme Antonio ne possède pas un alibi aussi solide que son ami le soir du crime, c'est lui qui est arrêté et condamné à mort après que Robert Maurisson fût tué par erreur par le père de la victime. Puisque les films actuels de Mocky sont plutôt nuls, autant alors revenir en arrière et examiner les oeuvres passées du controversé réalisateur. "LE TÉMOIN" se veut sans doute l'un des rares films de Mocky à posséder une grande rigueur narrative, élément qu'il a tendance à négliger habituellement. Cette rigueur permet à l'auteur de critiquer avec une grande verve défaitiste une certaine bourgeoisie tout en livrant un sincère plaidoyer contre la peine de mort (incluant les erreurs judiciaires) et les injustices sociales sans pour autant renoncer à son goût pour le scabreux et le grotesque dans l'esthétique et la caractérisation des personnages. Le récit se suit avec un intérêt constant tout en comportant bon nombre de variations pour relancer le film à point nommé. Mocky a su aussi trouver dans la ville de Reims un décor approprié au sujet rempli d'images pittoresques. Soulignons que la conclusion pessimiste originale fût changée dans la version italienne pour ne pas trop égratigner l'image de l'acteur Sordi en Italie et parce que la peine de mort n'existait déjà plus dans ce pays. Un imposant film policier où les griffes de Mocky continuent de laisser leurs empreintes. Les deux vedettes Sordi et Noiret livrent une performance de grande classe et pleine d'aisance. À voir! Mathieu Lemée |
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Y A-T-IL UN FRANÇAIS DANS LA SALLE ? aka Is There a Frenchman in the House ? - Jean-Pierre Mocky, 1982, France, 1h46 Frédéric Dard, romancier monumental, n'aura donné au cinéma français que de très rares adaptations de son oeuvre rocambolesque, réputée très difficile à adapter. Outre les premiers efforts co-signés avec Robert Hossain et les San Antonio de Joël Séria, deux de ses "romans estivaux" toutefois toujours rédigés sous le pseudo "San Antonio", mais ne mettant pas en vedette le célèbre inspecteur, ont été portés à l'écran. Il y a LA VIEILLE QUI MARCHAIT DANS LA MER, puis il y a celui-là, délire pur de Mocky, qui est chose surprenante fort fidèle ! Peut-être la participation de Dard au scénario a-t-elle quelque chose à voir avec ce fait, mais l'esprit provocateur de Mocky a lui aussi une part de responsabilité dans cette "bonne entente" et cette unité de ton ! Beaucoup de gens connaissent sans doute l'histoire d'Horace Tumelat, ce superbe politicien (interprété par Victor Lanoux, qui était aussi le Horace de CANICULE, adaptation de Vautrin par Boisset) ayant plusieurs squelettes dans son placard. Outre sa secrétaire qu'il baise à tout rompre, un maître chanteur qu'il a emmuré 15 ans auparavant et qu'il continue de nourrir en captivité, comme dans un zoo, il n'a pas peur d'assumer sa masculinité en pétant au lit, et en prenant un air sûr de lui un peu ridicule dès qu'il est "en société". Il tombera amoureux d'une gamine même pas majeure, et aura un policier savoureusement tordu sur le dos, en plus d'un photographe nonchalant interprété par le non moins nonchalant Jacques Dutronc. Superbe adaptation que voici, avec toute la truculence des dialogues gardée intacte grâce à des interprètes de qualité et une direction magistrale. Les événements sont relativement fidèles au déroulement romanesque, et les "personnages" gardent leur couleur. Lanoux est imposant, lui qui a déjà tourné plusieurs fois pour Boisset, dans THIEVES AFTER DARK de Sam Fuller, et plus récemment dans le délirant LES DÉMONS DE JÉSUS de Bernie Bonvoisin... Dutronc... c'est Dutronc, il joue son propre personnage, superbe et insouciant, un peu comme une version "jeune" de l'homme mûr qu'il personnifie dans EMBRASSEZ QUI VOUS VOUDREZ... On retrouve aussi Jacqueline Maillan, vieille routière active depuis '54 qui est par la suite devenue une fidèle de Mocky, dans le rôle de la veuve martyrisée qui n'en rate pas une. Michel Galabru y est aussi, avec sa gueule extraordinaire, lui qui était de la distribution de NE PRENDS PAS LES POULETS POUR DES PIGEONS, une comédie paillarde signée... Jean Rollin ! Son rôle de père prolo est loin de celui qu'il tenait dans SUBWAY, de Besson, en '85, ou encore de celui qu'il tenait dans LE TÉLÉPHONE SONNE TOUJOURS DEUX FOIS, comédie loufoque mettant en vedette deux tiers de ce qui allait devenir les Inconnus... Il fut un temps pillier de la série des Gendarme aux côtés de Louis de Funès, apparut aussi dans le mythique AH! SI MON MOINE VOULAIT, film de Claude Pierson tourné au Québec avec Gilles Latulippe... Sans le savoir, il allait à nouveau être connecté à Frédéric Dard, car il est Achille dans la nouvelle adaptation cinématographique signée Frédéric Auburtin !! Parmi les autres têtes connues et moins connues, il y a Dominique Lavanant, la secrétaire obsédée, qui fut la Christiane des BRONZÉS de Leconte, qui joua pour Séria autant dans la comédie LES GALETTES DE PONT-AVEN que dans l'étrange MARIE-POUPÉE, qui apparut dans SOIGNE TA DROITE de Godard en '87, et qui allait rejouer chez Mocky en '87 dans AGENT TROUBLE et en '92 dans VILLE À VENDRE. Inutile de présenter Andréa Ferréol, la maman de Noëlle Réglisson, amoureuse mineure d'Horace Tumelat, qui eut une carrière touffue chez Boisset, Campanile, Truffaut, Schlöndorff, Séria, et plus célèbrement dans LA GRANDE BOUFFE de Ferreri. Jean-François Stévénin, complètement allumé dans la peau de l'inspecteur de police qui outrepasse largement ses fonctions et qui fait preuve d'une certaine déviance sexuelle, a lui aussi fait quelques apparitions chez Truffaut, et n'a pas fait exception à la tendance générale voulant qu'il ré-apparaisse dans un Mocky ultérieur : NOIR COMME LE SOUVENIR, en '95, le comptait parmi ses rangs. Reste Marion Peterson, la Noëlle autour de qui tourne le film, élément déclencheur de la fureur de Tumelat, symbole San-Antonien de l'innocence salie, qui ne fit pas long feu après ce qui fut son premier film, avec notablement une présence fugitive dans LES EXPLOITS D'UN JEUNE DON JUAN. Ce film est donc à recommander autant aux fans de Mocky qu'à ceux de Dard, avec un encouragement supplémentaire aux curieux en tous genres et au reste de la populace, ce qui commence à faire beaucoup. Orloff |
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