LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES

NUMÉRO 126

LES DOSSIERS WARREN

Tour d'horizon des films basés sur les Dossiers Warren. Le regretté couple de parapsychologues qui ont passé le plus clair de leur vie à étudier des cas étranges qui confondent les sceptiques. Par ordre chronologique de production.

The DEMON MURDER CASE - William Hale avec Charles Fields, Liane Langland. Joyce Van Patten, Kevin Bacon, 1983, États Unis,  97m, TV

En commençant à nettoyer un vaste demeure qu'ils ont loué, la famille Glatzel ne croit pas trop le petit David, 11 ans, qui refuse d'aider sous prétexte qu'un sombre monsieur le harcèle. Rapidement, David commence à donner des signes de dérangement sévères, changeant de voix, devenant agressif, annonçant la mort de toute la famille. Sa grande soeur sort avec Arne Cheyenne Jackson, qui aide autant qu'il le peut la famille à s'occuper 24 heures sur 24 du jeune. La mère décide de faire appel à Ed et Lorraine Warren, lui est démonologiste et elle voit les présences maléfiques. Ils feront appel à l'église pour effectuer un exorcisme qui n'est pas une réussite. Exaspéré, Arne décide de demander aux démons de laisser David tranquille et de le posséder en échange. Les choses semblent se calmer, mais Arne tue le patron de sa copine dans un accès de colère. Son avocat veut plaider la possession démoniaque.

Quatre ans après la sortie du film Amityville, la télévision allait s'emparer de ce cas Warren, l'histoire du premier procès américain ou l'avocat de la défense tenta, en vain, de faire passer son client pour possédé par un démon au moment de commettre un meurtre. On a pas trop enjolivé l'histoire. Au demeurant, les sceptiques ont bien des raisons de ne pas croire au scénario: personne sauf le jeune de 11 ans, n'a vu le sombre démon évoqué et Arne semble fou de jalousie lorsqu'il commet l'irréparable. Aucune preuve matérielle, malgré qu'Ed Warren affirme avoir les enregistrements des exorcismes et il est question de lévitation, non documentée. Le choix des acteurs est fort curieux. Le jeune enfant n'est pas très crédible, tout comme Eddie Albert des Arpents Verts risque de faire sourire en prêtre, Andy Griffith est plutôt vieux pour jouer Ed Warren. Cependant Liane Langland est carrément une rousse incendiaire qui perce l'écran et Kevin Bacon, trop peu utilisé, est bon dans ce rôle de copain maladroit au caractère bouillant. Ca reste un téléfilm moyen, qui a dû faire tout de même son petit effet à l'époque. Évidemment on ne peut que souligner le modus operandi des Warren, s'impliquant peu longtemps, ne partageant pas leurs preuves, cherchant rapidement à publier un livre et à monter un projet de film, laissant planer les soupçons sur leurs démarches. Mario Giguère

The HAUNTED - Robert Mandel avec Sally Kirkland, Jeffrey DeMunn, Louise Latham, 1991, États Unis, 100m, TV

La famille Smurl déménage dans un duplex avec les grands-parents. Rapidement ils sont étonnés par des phénomènes de poltergeist. Les choses empirent quand ils voient une manifestation, une présence qui annonce un déchaînement à venir. Curieusement, à chaque fois qu'ils invitent quelqu'un pour leur montrer ce qui ne va pas, il ne se passe rien. Pourtant, la mère est harcelée, le père est agressé par une femme qui se transforme en homme, même lorsqu'ils partent en camping, une véritable tornade à l'intérieur de la maison ameute les voisins. L'église catholique ayant de la difficulté à les aider, ils font appel au couple d'enquêteurs paranormaux, Ed et Lorraine Warren. Lorraine va apercevoir trois fantômes et un démon libidineux. De guerre lasse, il alertent les médias et sont littéralement envahis par les journalistes. Les prières calment les phénomènes, mais il faudra des années avant qu'ils ne retrouvent la paix, malgré un déménagement.

Téléfilm inspiré du livre éponyme sorti en 1986. Les acteurs, Sally Kirkland, spécialement, en nomination pour les Golden Globe en 1992, dépeignent un famille simple et sans histoires, à part le stress coutumier d'un situation financière difficile. Si l'église catholique ne peut pas grand chose, c'est que les Smurls sont d'une autre branche religieuse. Les Warren, sont ici montrés tels qu'on les dépeint dans d'autres cas, ils arrivent, font leurs tests, Lorraine a des visions, le couple repart et les Smurls en sont quitte pour se débrouiller seuls. Malgré des passages de narration en voix off, on suit difficilement le passage du temps, sauf au début, alors que les enfants ont bien changé avec le passage des années. Après la visite des Warren, on note aussi que le père aura trouvé intéressant de participer à l'écriture d'un livre sur l'affaire, un passage non évoqué dans le scénario. La plupart des spécialistes et journalistes qui ont étudié l'affaire sont très sceptiques. L'absence de preuves formelles, Ed Warren ne partageant jamais ce qu'il dit posséder, et l'absence de témoins des poltergeist ou des attaques sur le père ou la mère, laissent songeurs. Le téléfilm est donc loin des films de la série Conjuration, plus sensationnels et bourrés d'effets chocs, qui n'hésitent pas à se servir du matériel de base très librement pour broder une fiction plus terrifiante. Mario Giguère

The CONJURING aka La Conjuration aka Les Dossiers Warren - James Wan avec Patrick Wilson, Vera Farmiga, Ron Livingston, Lily Taylor, 2013. États Unis, 112m

En 1971, la famille Perron s'installe dans une ferme ancestrale. Rapidement, des phénomènes étranges se produisent et Carolyn, la mère, découvre un espace vide derrière le mur d'un garde-robe: une descente vers un sous-sol condamnée. Les phénomènes de poltergeist et une présence qui semble s'acharner sur une des filles préoccupent assez les parents qui, paniqués et ne pouvant quitter l'endroit pour cause de manque de liquidités, vont faire appel à un couple reconnu pour leur expertise en la matière: les Warren. Ed et Lorraine Warren, d'abord sceptiques, vont rapidement s'installer à demeure, Lorraine ayant ressenti une présence maléfique. Le combat contre les esprits qui hantent la maison va s'accentuer.

Trois ans après Insidious, James Wan récidive dans le film de fantôme et de possession, y allant cette fois d'un récit inspiré d'un fait vécu. On est loin de l'histoire telle que racontée par l'ainée des filles Perron en entrevue et dans une trilogie de livres. On a d'une part augmenté la participation des Warren et on les donne comme gagnants au final, ce qui est loin ce qui s'est passé. Pour leur part, les Warren essayaient depuis vingt ans de monter un film à partir de leur version. Wan était en terrain connu. Entouré de plusieurs membres de l'équipe d'Insidious, acteurs, compositeur de la trame sonore et interprète de l'esprit malin, techniciens, il continue de rendre hommage aux classiques du genre avec une efficacité redoutable. Il en rajoute un peu trop dans le dernier tiers, la séquence des oiseaux n'apporte rien, mais on ne se plaindra pas devant un tel voyage extravagant dans le surnaturel. Patrick Wilson incarne un Ed Warren impeccable tandis que Vera Farmiga est tout simplement excellente en Lorraine Warren, forte mais fragilisée par les attaques répétées qu'elle subit au contact des forces du mal. Lily Taylor est Carolyn Perron, proche de son rôle dans The Haunting. Le jeunes acteurs qui interprètent les enfants ont tous été bien choisis. Comme ils sont les premiers à subir les assauts surnaturels, leur crédibilité à l'écran était d'autant plus importante. La trame sonore et le travail d'ambiance audio, toujours proche des sonorités de l'Exorciste, est encore rentre dedans. Wan, responsable de la naissance de Billy the Puppet dans Saw, a transformé Annabelle, de poupée au look inoffensif, en incarnation plus diabolique. Son cabinet allait se rouvrir, pour le plus grand plaisir des spectateurs. Mario Giguère

ANNABELLE - John R. Leonetti avec Ward Horton, Annabelle Wallis, Alfre Woodward, 2014, États Unis, 99m

John Form a trouvé le cadeau parfait pour son épouse Mia, elle qui collectionne les poupées et qui attend son premier enfant: une poupée de collection qu'elle recherchait depuis longtemps. Dans leur maison, le couple est attaqué par les membres d'une secte satanique. Sans qu'ils s'en rendent compte, une goutte de sang est versée sur la poupée. Ils déménagent et un docteur a fortement suggéré à Mia de garder le lit et de se reposer, mais des phénomènes paranormaux s'accumulent dans l'appartement. Par surcroit, Annabelle change de position et de place sans qu'on la touche. Une blessure sur un bras est identique à un signe ésotérique marqué au sang sur un mur de leur maison lors de l'attaque. Mia, bouquinant pour tenter de trouver des réponses à ses questions, rencontre Evelyn, qui l'amènera à comprendre bien des choses. Annabelle ne lâche pas prise, surtout pas après la visite d'un prêtre.     

Aucune prétention cette fois-ci, l'histoire d'Annabelle racontée dans ce film est complètement fictive. Comme le succès a été au rendez-vous, cette approche a peut-être libéré James Wan qui s'est permit d'inventer à son tour dans The Conjuring 2. Leonetti n'est pas James Wan. Les acteurs n'ont rien du charisme et de l'empathie que nous inspirait les acteur choisis par Wan. Gary Dauberman au scénario allait se reprendre de belle manière avec la reprise de IT, mais ici il offre un tempo bien lent et peu de véritables tension. La poupée en titre bouge et c'est pas mal tout. C'est à se demander si l'apparence de la véritable, gardée par le couple Warren, au look innocent d'une Raggedy Ann, n'aurait pas été un meilleur choix. De quoi s'ennuyer de James Wan. J'ai carrément trouvé le film long. Je n'ai fait qu'un seul saut, dans une scène carrément pigée au film de Mario Bava: Shock. On me souffle à l'oreille que la suite, Annabelle Création, est meilleure. Mario Giguère

The CONJURING 2 aka La Conjuration 2: Le Cas Enfield - James Wan avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Madison Wolfe, Frances O'Connor, Madison Welfe, Lauren Esposito, 2016, États Unis, 134m

On débute avec les enquêteurs paranormaux Ed et Lorraine Warren appelés à étudier le cas Amityville après coup, avec d'autres spécialistes. Surprise, Lorraine aperçoit à la dernière minute un esprit malveillant qui a prit l'apparence d'une nonne diabolique.

L'année suivante ils débarquent à Londres et se rendent à Enfield, ou, depuis plusieurs mois, une maison est l'objet d'un cas de poltgergeist très médiatisé. les deux jeunes filles de la famille Hodgson, Janet et Margaret, sont particulièrement affectées. Janet se réveille en pleine nuit, harcelé par une présence invisible et elle change parfois de voix. Le coupable serait un certain Billy, locataire mort dans l'appartement, qui refuse de laisser vivre en paix la famille. Les Warren persévèrent jusqu'au jour fatal ou ils ont la preuve que Janet a simulé. Alors qu'ils s'apprêtent à partir, Ed se rend compte que l'affaire est plus réelle qu'il n'y parait et ils rebroussent chemin. Ils arrivent en plein drame surnaturel et Lorraine ne veut pas qu'Ed s'en mél car elle a vu sa mort en prémonition. Ed tente malgré tout de sauver Janet, en grave danger.

Et la nonne réapparait. Le studio n'ayant pas les droit sur l'histoire d'Amityville, le scénario ne fait qu'évoquer rapidement l'affaire, introduisant sur la suggestion de Wan, cette religieuse démoniaque. Ce n'est qu'une concession de plus dans ce deuxième effort qui valorise à outrance des enquêteurs qui n'étaient que passé faire un tour une journée pour voir le potentiel mercantile du film qu'ils pourraient en tirer. On est loin des Warren qui passent des jours avec la famille, Ed qui répare tuyauterie et portes et pousse la chansonnette d'Elvis dans un moment relaxe avant une autre attaque. De toutes façons le cas n'est pas prit au sérieux par la majorité des enquêteurs, les filles ayant avoué, prise sur le fait, que quelques manifestations étaient arrangées.

Ce qui m'amène à faire la parenthèse avec le faux reportage en direct de la BBC: Ghostwatch, datant de 1992, qui s'inspirait lui aussi de l'affaire, qui bluffa une partie de la population. Au point ou ça prendra des années après sa diffusion première avant de pouvoir le voir et juger du choc. La BBC est généralement plus subtile dans son approche qui est néanmoins terriblement efficace.

James Wan y va donc dans un fait vécu extrêmement modifié pour convenir à son cahier de charges. Il compte encore sur un casting sans reproches, une musique et une ambiance sonore parfaite, des moment chocs bien dispersés vraiment efficaces. C'est un peu long, mais sans temps mort, pour justement pouvoir introduire un démon légendaire décrit bien autrement au 16ème siècle, le dénommé Valak. Oui, quand je regarde ce genre de films, je me renseigne sur les origines de ces idées qui semblent farfelues au demeurant. Wan réussit encore son pari et la veuve Warren doit être bien contente d'être si belle et bonne dans cette version et d'empocher ses royautés. Mario Giguère

The NUN aka La Religieuse - Corin Hardy avec Demián Bichir, Taissa Farmiga, Jonas Bloquet, 2018, États Unis, 96m

En 1952, à la suite du suicide d'une nonne dans un couvent décrépit en Roumanie, le Vatican envoie un prêtre aguerri et une novice pour enquêter. Avec l'aide d'un livreur de vivres qui a découvert le corps de la défunte, ils entrent dans la bâtisse immense, en partie détruite par des bombardements durant la seconde guerre mondiale. Si l'endroit semble vide, ils aperçoivent et rencontrent finalement des religieuses peu enclines à parler. Les éléments paranormaux, les visions et les atteintes à leur vies se multiplient. Mais une étrange clé et la découverte de manuscrits anciens les lancent sur des piste sur les origines de l'étrange et menaçante Religieuse.

Si les acteurs sont très bons et la direction artistique superbe, il faut bien avouer que pour l'amateur chevronné, il y a surtout une longue série de tentatives, parfois réussies, de nous faire faire des sauts. Parce que plus le temps passe, plus il est évident que la majorité du temps, il s'agit d'illusions et on en viens à la conclusion que tout les personnage devraient s'en sortir avec quelques égratignures. Ce qui descend le niveau de suspense, confine à une curiosité qui ne sera pas totalement assouvie. Car au final, on en apprend pas beaucoup sur la Religieuse, on connaissait déjà ses origines de base, on la voit dans un contexte différent et comme dans la franchise Insidious, on boucle la boucle en épilogue. Il y a aussi de l'inconsistance dans les pouvoirs de la démone, la scène du cercueil sort de nulle part et le reste est plus conventionnel. J'ai bien aimé Taissa Farmiga dans le rôle de Soeur Irene. Jeune soeur de l'actrice Vera Farmiga qui interprète Lorraine Warren dans la Conjuration, elle dégage la fragilité et la force du personnage et la rend intéressante. Demián Bichir est le prêtre et a un rôle très conventionnel, ce n'est pas ici qu'il impressionne, mais il est correct. On met donc le paquet sur les effets classiques de peur et le réalisateur Corin Hardy, à qui on doit The Hallow, ne retrouve pas l'efficacité de James Wan. On ne boudera pas son plaisir, mais ce sera vite oublié en ce qui me concerne. Mario Giguère

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