LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 119
LA RAGE DU DÉMON
La RAGE DU DÉMON aka Fury of the Demon - Fabien Delage avec Alexandre Aja, Dave Alexander, Jean-Jacques Bernard, Christophe Gans, Christophe Lemaire, Pauline Méliès, Jean-Pierre Putters, Philippe Rouyer, 2016, France, 60m Le film français le plus rare et controversé de l'histoire du cinéma des premiers temps : un court-métrage fascinant, perdu et dangereux qui provoquerait de violentes réactions chez ceux qui le visionnent. Qualifié d'ésotérique, le film aurait été réalisé par Georges Méliès en 1897. Le film est aujourd'hui perdu, il n'existe aucune copie. Une enquête captivante qui nous emmène sur les traces d'émeutes violentes ayant eu lieu tout au long des XIXème et XXème siècles, provoquées par un film rare, fascinant et dangereux : La Rage Du Démon, attribué au cinéaste Georges Méliès. A travers des entretiens avec des journalistes, cinéastes, historiens, experts et psychologues, ce nouveau long métrage documentaire lève le voile sur le film le plus inquiétant de l'histoire du cinéma. L'art du documenteur a cela de captivant qu'il réussit à petite ou grande échelle, à persuader ou semer le doute sur sa véracité chez les spectateurs anodins. Averti à l'avance, on pourra soit déprécier ou apprécier d'autant plus la magie du cinéma, celle de nous embarquer dans des histoire somme toutes toujours fictives. C'est avec un plaisir évident et devant une production de qualité que l'on aborde La Rage du Démon. Rappelant certains pseudo documentaires sur le paranormal et l'ufologie, on aborde les faits proposés avec une multitude de témoignages, ma foi, fort bien amenés. D'accorder la paternité du court-métrage dans un premier temps à Georges Méliès permet d'apporter une dose importante de vraies informations, nécessaires à ce genre de propos, tel un politicien qui tentera de nous faire croire à l'impossible en mélangeant faits et mensonges. D'autre part, il existe des films qui ont provoqué des formes d'hystérie et des spectateurs qui sont malheureusement décédés dans des salles offrant du cinéma fantastique. C'est rare et c'était surtout à une époque d'avant la vhs et le dvd qui permettent aujourd'hui de vérifier la véracité des allégations, qui enlèvent de facto une partie de la magie du cinéma. Que l'on pense aux improbables versions longues alléguées de The Exorcist ou à la fin imaginée par les spectateur du film Rosemary's Baby. SI pour The Exorcist, il s'avère que l'hystérie a été vécue uniquement au début des représentations à New York, nombreux ont été ceux qui juraient avoir vu la version de quatre heures ou le bébé de Rosemary. Ici on parle essentiellement de trois représentations de La Rage du Démon, une fois par siècle, et toujours la copie disparait de manière mystérieuse et inexpliquée. SItuer la dernière représentation en 2012 force un peu le scepticisme du spectateur, certain qu'il aurait dü en entendre parler. Mais si... Le seul petit bémol, et je ne saurais dire s'il est voulu, comme un clin d'oeil au cinéphile, est l'origine du court métrage qui devrait sa paternité à un élève de Méliès, adepte de spiritisme. En effet, plusieurs documents photographiques d'époque semblent visiblement trafiqués, ayant recours à un contemporain, inséré dans des photos d'un autre siècle. Mais c'est suffisamment bien fait pour berner qui veut bien y croire ou voir ce qu'il veut bien voir. Alors je pense aussi à toutes ces émissions télé sur les chasseurs de fantômes ou passionnés d'ufologie, qui vont traquer des témoignages qui seront surtout véridiques aux yeux des croyants. Évidemment, j'ai pensé à quelques occasions à Cigarette Burns, un excellent épisode de la série Masters of Horror réalisé par John Carpenter, ou il est question d'un film maudit, présenté une fois en Europe, qui a créé l'hystérie collective et qu'un collectionneur recherche. Par la multiplicité de ses témoignages, la qualité de ces interventions, de sa réalisation et par le choix judicieux de ne pas montrer ni images ni découverte du court-métrage, La Rage du Démon réussit son tour de magie et nous fait rêver. Avouons-le, une partie du plaisir de l'amateur de cinéma fantastique n'est-elle pas d'espérer trouver enfin le film de trouille par excellence, celui dont on ne se remet jamais ? Mario Giguère
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