LA GAZETTE DU CLUB DES MONSTRES |
NUMÉRO 51
MATT HELM
Par Mathieu Lemée
The SILENCERS aka Matt Helm, Agent Très Spécial - Phil Karlson avec Dean Martin, Stella Stevens, Daliah Lavi, Victor Buono, Arthur O'Connell, Robert Webber, James Gregory, Nancy Kovack, Roger C. Carmel, Beverly Adams, Cyd Charisse, 1966, États-Unis, 102m Une organisation terroriste nommée "BIG O" veut provoquer une catastrophe nucléaire sur le sol des États-Unis en détournant un missile atomique pour le faire exploser sur une base secrète américaine. Leur chef, Tung-Tze, craint toutefois l'intervention d'un agent secret à la retraite, Matt Helm, pour contrecarrer son entreprise et il ordonne à ses hommes de main de le liquider. Après avoir échappé à un attentat, Matt Helm accepte bon gré mal gré de reprendre du service pour débrouiller l'affaire. Il parvient à entrer en possession d'un ruban magnétique qu'une chanteuse de cabaret, Sarita, était censé faire passer à l'ennemi. Une jolie demoiselle, Gail, est impliquée malgré elle dans l'aventure puisqu'elle est la seule à avoir entendu les dernières paroles de Sarita avant qu'elle ne meurt assassinée. Comme Matt Helm soupçonne Gail d'être à la solde de ses adversaires, elle n'a d'autre choix que de l'accompagner pour prouver son innocence. Capturés par les hommes de Tung-Tze, Matt Helm et Gail parviendront néanmoins ensemble à faire échouer ses plans en détruisant le repaire secret du "BIG O". Que ce soit en Italie, en France, en Allemagne ou dans d'autres pays du monde, les films d'espionnage illustrant les exploits d'un super agent secret se sont multipliés durant les années 60, tous bâtis sur le modèle à succès de James Bond. Tout comme 007, Matt Helm a vu le jour grâce à la plume d'un écrivain, en l'occurrence Donald Hamilton. Les scénaristes ont toutefois délaissé la dureté du personnage principal, pourtant clairement établie dans l'oeuvre originale, en misant plutôt sur la décontraction bien connue de son interprète au grand écran: l'acteur et chanteur Dean Martin. Le récit qui en découle prend donc des allures de pastiche, et la réalisation colorée souligne davantage encore les intentions des auteurs à vouloir parodier le genre. Sur ce plan, le film se veut assez réussi, malgré un humour qui manque de raffinement, et une insistance portée sur certains détails secondaires qui ralentissent quelque peu l'action. Ces quelques petites lacunes n'empêchent cependant pas "THE SILENCERS" d'être un divertissement léger qui se consomme comme un bon digestif après un délicieux repas. On retiendra d'ailleurs la beauté des actrices (Stella Stevens et Daliah Lavi entre autres), les gadgets à la fois amusants et absurdes, et la présence imposante de Victor Buono qui cabotine à merveille dans le rôle de Tung-Tze, incarnant ainsi un méchant asiatique le moins asiatique qui soit avec ses yeux bleus et son embonpoint. Quant à Dean Martin, son jeu tout en aisance ne lui coûte à l'évidence aucun effort.
MURDERER'S ROW aka Bien Joué Matt Helm - Henry Levin avec Dean Martin, Ann-Margret, Karl Malden, Camilla Sparv, James Gregory, Beverly Adams, Richard Eastman, Tom Reese, Duke Howard, Marcel Hillaire, 1966, États Unis, 105m L'organisation terroriste nommée "BIG O" a réussi à enlever le docteur Norman Solaris, un savant qui a mis au point une arme pouvant émettre de puissants rayons solaires. En attendant que Solaris puisse construire une arme solaire pouvant anéantir de grandes villes et permettre ainsi au "BIG O" la domination du monde, l'organisation fait assassiner plusieurs agents américains du "ICE" grâce aux indications d'un homme infiltré parmi les services secrets. Le plus célèbre agent du "ICE", Matt Helm, profite de l'occasion pour se faire passer pour mort afin d'avoir les coudées franches dans son enquête pour retrouver Solaris, et aussi démasquer la taupe qui travaille pour l'ennemi. Se faisant passer pour un gangster célèbre, Helm se rend sur la Côte d'Azur et entre en contact avec la fille de Solaris, Suzie. Les agissements de Helm attirent cependant l'attention d'un industriel, Julian Wall, qui est justement celui qui détient le docteur Solaris prisonnier pour le compte du "BIG O". Après plusieurs péripéties, Matt Helm, avec l'aide de Suzie, parvient à délivrer Solaris, à démasquer la taupe, et à contrer le projet de Julian Wall d'anéantir New-York. Au même titre que son homologue britannique James Bond, le super agent secret Matt Helm est de retour dans un nouveau film suite au succès de sa première aventure dans les salles obscures. Visiblement, les producteurs avaient déjà anticipé la réussite de "THE SILENCERS", puisqu'ils avaient déjà annoncé à l'avance à la fin de ce film leur intention de revenir à la charge dès l'année suivante. Dean Martin revient donc avec un plaisir non dissimulée, réincarner Matt Helm toujours avec le style décontractée et détendue qui lui est propre. Le budget de "MURDERER'S ROW" apparaît à l'évidence plus imposant que le premier épisode, mais l'approche parodique demeure la même puisqu'on y retrouve avec plaisir l'usage de gadgets étranges, la musique et les décors colorés, et le côté plaisantin et charmeur du héros. Toutefois, cet apport monétaire permet aux scénaristes d'aller un peu plus loin dans la recherche d'effets comiques farfelus, et certains se révèlent parfois originaux. La réalisation tire également profit de la situation en conférant à l'ensemble une ambiance aérée, propice à l'exploitation efficace de certains gags visuels savoureux. Quelques moments d'action interviennent au bon moment pour empêcher l'intrigue de s'essouffler, et à cet égard, une séquence de poursuite en aéroglisseurs est à signaler. Cela ne dépasse pas le niveau d'un produit commercial techniquement bien rodé, mais on en ressort diverti quand même. L'interprétation maniérée et fatiguante d'Ann-Margaret se veut le seul point vraiment négatif du film.
The AMBUSHERS aka Matt Helm traqué - Henry Levin avec Dean Martin, Senta Berger, Janice Rule, James Gregory, Albert Salmi, Kurt Kasznar, Beverly Adams, David Mauro, Roy Jenson, John Brascia, Linda Foster, 1967, États Unis, 102m Une soucoupe volante, mise au point par des scientifiques américains, disparaît peu de temps après sa mise en orbite. Son pilote, une femme nommée Sheila Sommers, est retrouvée en vie un peu plus tard dans une forêt mexicaine. Le service secret américain, mieux connu sous le nom de ICE, charge son meilleur agent, Matt Helm, de retrouver l'invention. Il se rend au Mexique en compagnie de Sheila, et découvre que d'autres agents sont à la recherche de la soucoupe volante, dont une ravissante espionne au service de l'organisation terroriste nommée BIG O. Helm apprend également que la soucoupe volante est cachée dans le repaire secret d'un dictateur exilé, Jose Ortega, qui a décidé de la vendre au plus offrant. Aidé de Sheila et de quelques gadgets, Helm réussit à récupérer la soucoupe et à éliminer ses adversaires. Pourquoi changer les ingrédients quand la recette fonctionne? Dans cette troisième aventure de l'agent secret américain Matt Helm, le spectateur ayant vu les deux précédentes peut tous les identifier: récit d'espionnage à saveur de pastiche, gadgets à gogo, jolies demoiselles dont les noms sont des jeux de mots à caractère sexuel, le tout présenté dans un emballage sans aucune prétention, si ce n'est dans l'optique d'un divertissement léger. Sans doute pour se moquer un peu du caractère macho du genre et tenter d'y apporter un peu de nouveauté, les auteurs ont imaginé que la soucoupe volante, qui sert d'enjeu dans l'intrigue, ne puisse être pilotée que par des femmes; les hommes succombant tous à des radiations mortels dès qu'ils pénètrent dans le vaisseau. Le tout est généreusement assaisonné d'invraisemblances rigolotes, et d'un humour fantaisiste parfois facile, où la liberté de moeurs du héros est parfois soulignée à outrance. La mise en scène insiste particulièrement sur des décors et une photographie aux couleurs vives, plus encore que dans les deux premiers épisodes, sans doute pour faire ressortir davantage les quelques éléments à caractère fantastique disséminés dans le scénario. Une trame sonore de qualité, au son typique des années 60 et signée Hugo Montenegro, est à nouveau à souligner. "THE AMBUSHERS" se laisse donc regarder, même si le film contient ici et là quelques chutes de rythme. Dean Martin joue toujours de façon aussi détendue, en plus de s'amuser ferme dans la peau de Matt Helm.
The WRECKING CREW aka Matt Helm règle ses comptes - Phil Karlson avec Dean Martin, Elke Sommer, Sharon Tate, Nancy Kwan, Nigel Green, Tina Louise, John Larch, 1969, États-Unis, 105m Le comte Contini et ses hommes de main ont réussi à s'emparer d'un chargement de lingots d'or d'une valeur de 1 milliard de dollars. L'intention du comte est de faire chuter l'économie des pays à qui l'or volé appartient. Les services secrets américains chargent donc Matt Helm de récupérer les lingots, et il est assisté dans sa mission par une jolie collègue britannique, Freya Carlson. Helm et Freya se rendent au Danemark, où Contini a son quartier général. Celui-ci tente d'éliminer à plusieurs reprises l'agent américain, souvent par le biais de ses ravissantes acolytes féminines. Helm échappe à tous les pièges et parvient, en compagnie de Freya, à empêcher le comte Contini de s'échapper avec l'or à bord de son train privé. Bien que vers la fin du film, un texte à l'écran annonce une cinquième aventure à venir de l'agent secret Matt Helm sur les écrans, "THE WRECKING CREW" fût bel et bien la dernière, suite au choc que l'assassinat de l'actrice Sharon Tate par Charlie Manson et sa "famille" a suscité chez Dean Martin et le reste de l'équipe. Il faut dire qu'à quelques exceptions près, ce quatrième avatar n'apporte rien de bien neuf, et le manque de variations dans l'emploi des ingrédients a fait que la sauce ne fût pas aussi prenante au goût du public. Ainsi, malgré une atmosphère de légèreté évidente, qui rend l'ensemble divertissant, on a fortement l'impression que l'intrigue sent le déjà-vu et que l'attirail habituel des gadgets, des bagarres et des jolies filles sent le réchauffé. Par bonheur, le jeu plein d'aisance des comédiens vient sauver la mise, en particulier celui de Nigel Green dans le rôle du méchant de service, tandis que Dean Martin conserve la même désinvolture nonchalante dans la peau du héros, malgré une certaine fatigue apparente. La très bonne musique d'Hugo Montenegro n'est pas à dédaigner non plus dans les aspects positifs du film. Quant à la réalisation, elle est visiblement rompue aux règles du genre en s'en tenant à des procédés éprouvés, et en respectant les usages techniques du produit de consommation bien emballé. "THE WRECKING CREW" laisse également le souvenir d'une très bonne performance au grand écran de l'actrice et ex-épouse du réalisateur Roman Polanski, Sharon Tate, avant son assassinat. Mathieu Lemée
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