Réalisé
à loccasion de ses venues lors de la
Rétrospective qui lui consacra la Cinémathèque
française en 2001 et lors de la sortie de LAND OF THE DEAD en 2005.
Seront
également disponibles (été 2010) sur FILMO TV :
Season of the
witch; La nuit des morts vivants; La nuit des fous vivants; Martin;
Land of the dead & Diary of the dead
Consacré
dieu vivant dun certain type de revenants par toute une
génération de cinéphiles dès son premier
long-métrage, LA NUIT DES MORTS VIVANTS, en 1968, George
A.Romero, as de la conjugaison fantastique et horrifique, qui
nempêche pas quelques fulgurances poétiques,
parfois même mélancoliques, ne cessera dès lors
de creuser les mêmes sujets obsédants : la part sombre
et paranoïaque de lAmérique et un vieux rêve
qui marche encore... le changement, inéluctable, la
révolution, incarné par ses mutants doutre-tombe.
Demblée, les français sont sensibles au sous-texte
de ce film miroir dune époque qui reflétait tous
les possibles, à commencer par celui dun monde meilleur,
contrairement aux compatriotes de Romero initialement. Cest le
début dune trilogie poursuivie avec un film-borne,
ZOMBIE (1978, co-écrit avec Dario Argento, qui fut
précédé dune angoissante esquisse, LA NUIT
DES FOUS VIVANTS/THE CRAZIES dont le remake, produit par Romero,
vient de sortir en salles), clôturée en 1985 avec
LE JOUR DES MORTS VIVANTS.
En 2004, Romero
réanime ses créatures avec LAND OF THE DEAD, le
territoire des morts, - où, dans un futur proche
réaliste, il enterre définitivement la croyance de la
protection par les eaux - avec Dennis Hopper et Asia Argento (il
revient alors sur le 11 septembre qui laissa les gens «
abasourdis »... clamant le retour de « John Wayne
»...). Vingt ans après, le personnage de Big Daddy
reprend celui de Bub (le zombie du Jour des morts vivants
presque doué de parole, capable dimitation), cherchant
à initier cette fois ses semblables. « Je
préfère développer mes zombies de manière
sociologique, mais on ne les verra jamais courir »...
Surgit DIARY OF
THE DEAD, chronique des morts-vivants en 2007, auquel « fait
suite » SURVIVAL OF THE DEAD (Gérardmer 2010) qui na
pas encore eu les honneurs dune sortie française.
Lensemble
des épisodes de la saga (le seul endroit dans sa filmographie
où Romero a utilisé le gore, « cette alarme qui te
dit : réveille-toi ! ») - à chaque fois
réinventés formellement - dessine une saisissante
parabole politique dune Amérique peuplée
daméricains qui « simaginent tous quils
sont des types biens, mais pas curieux de savoir ce que les autres
peuvent avoir dans leur tête », et, plus
globalement, le touffus canevas des peurs profondes qui hantent
lOccident tout entier (leur contagion comme terreau de celle de
la violence, désabusée), des prises de conscience
collectives et des manifestations dun profond désir de
bouleverser la donne.
Ce sont des
films de leur temps, comme le signal dune résurrection
permanente dun cinéaste farouchement
indépendant, un long discours métaphorique, «
des instantanés pour exprimer des sentiments ». «
Je ne prêche rien mais jaime lidée que
chacun soit comme une chronique des années 60, 70, 80...
». Celle des années 90, prévue sur le thème
« se cacher les yeux » (la paupérisation des classes
moyennes, le sida, les sdf...) naura pas lieu et sera
définitivement enterrée par les événements
du 11 septembre.
Quil ait
abordé dans son cinéma les thèmes des vampires
(le génial MARTIN) ou de la sorcellerie (SEASON OF THE WITCH),
lunivers de la BD, avec CREEPSHOW, les dérives de la
science avec INCIDENT DE PARCOURS, le conte fantastique (DEUX YEUX
MALEFIQUES daprès Edgar Poe à quatre mains avec
Dario Argento) ou encore linvisibilité avec BRUISER,
quil ait eu sa traversée du désert, subi les
assauts des censeurs, le conteur en chef des zombies a bel et
bien déjà écrit un chapitre du cinéma
américain, persistant avec éclat à nous surprendre.
A suivre,
SOLITARY ISLE, daprès Kôji Suzuki, et, son vieux
rêve à lui, DIAMOND DEAD... à propos dun
groupe de rock de morts-vivants... Son Phantom of paradise ?